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Pour financer le service national : 1800 postes supprimés dans l’éducation

On s’y attendait bien un peu mais pas aussi rapidement. Comment financer le coût exorbitant (2 à 3 milliards d’euros par an) du SNU (service national universel) étant entendu que sa charge n’en serait pas assurée par le ministère des Armées ? La réponse est venue aujourd’hui par la bouche du ministre de l’EN : 1800 postes seront supprimés en 2019 dans le second degré et les services administratifs. Un tripatouillage budgétaire qui permet de faire payer par l’éducation, en renforçant sa dimension militaire, ce qui relève normalement de l’armée. Ces suppressions de postes dans les secteurs civils, alors même que tant d’autres besoins vitaux ne sont pas assurés (par exemple dans la santé, le logement, l’environnement) sont la traduction concrète du choix qui a été fait de privilégier la défense, en sanctuarisant des dépenses portées par la loi de programmation militaire à 300 milliards d’euros, des dépenses auxquelles ne sont jamais demandées de justification, l’armée, à l’inverse des élèves de CP, n’étant jamais soumise à évaluation…

En dépit de l’assurance du Premier ministre qu’il ne s’agissait pas de « recréer un service militaire », la composante militaire du SNU se confirme au fil des semaines. De quoi une commission nommée par Macron, dirigée par un général, travaillant dans le plus grand secret et dont le rapport final n’a même pas été publié, pouvait-elle bien accoucher ? Le principe d’un enfermement obligatoire de toute une classe d’âge, sous surveillance en partie militaire (dorénavant sous budget EN ?), l’objectif de « sensibiliser les jeunes aux enjeux de la défense », aux métiers de la défense, la perspective de les orienter ensuite vers un volontariat militaire, tout montre que si l’idée initiale d’un service de 3 à 6 mois a été abandonné en cours de route au vu des contraintes budgétaires, la dimension militaire du SNU reste prégnante.

Les responsables militaires ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en faisant savoir que « les armées étaient déterminées à prendre toute leur place » dans le SNU. Après avoir déjà pris, par l’éducation à la défense, une place abusive dans la formation civique des élèves. Confirmation encore avec la présence de la ministre des Armées à Compiègne dans le cadre de la « deuxième consultation nationale » sur le sujet, la première ayant étant assurée par le Premier ministre en personne, selon des modalités qui, à chaque fois, tournent à l’entreprise de communication officielle.

Ainsi, aujourd’hui, à Compiègne, la ministre rencontre « des » jeunes. Quels jeunes ? Sélectionnés sur quels critères ? Représentatifs de qui ? Nul ne sait, sinon que ces jeunes sont présents pour assurer le service après-vente d’un projet qu’il est interdit de remettre en cause, puisque, s’ils sont autorisés à donner un avis sur le contenu du mois d’internement obligatoire, ils ne sont pas sollicités sur le principe même de ce mois, arrêté, comme on l’a vu, dans le secret d’une commission dirigée par un militaire. Un peu comme si un condamné à mort se voyait demander de choisir entre la pendaison ou la guillotine. De fait, le programme de cette journée a été soigneusement balisé : dans la matinée, « des jeunes auront réfléchi aux enjeux et à leurs attentes concernant le SNU ». A 15h 05, les jeunes disposent de 40 minutes pour exposer le fruit de leur réflexion. Comme les jeunes sélectionnés par Philippe dans le cadre de la première « consultation », ils auront peut-être à faire leur choix entre apprendre à se servir d’une boussole, organiser une compétition sportive ou s’occuper de jeunes autistes… Suit un bref moment d’échange entre la ministre et « des » jeunes, avant la conclusion puis le départ de la ministre. Une concertation troussée en 1 heure 45… pour ce que Florence Parly qualifie de « large consultation de la jeunesse. »

Précipitation, amateurisme, autoritarisme, refus du débat : le SNU se met en scène avec tous les ingrédients de la méthode Blanquer. Avec des conséquences qui commencent à voir.

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