Menu Fermer

Portraits de Roms

img288.jpg

Par Pierre-Emmanuel Weck – Zone Photographique Temporaire

C’était la pre­mière fois, en 1995, que je me ren­dais sur un camp de Roms.

J’avais de vagues repré­sen­ta­tions de cette com­mu­nauté, de sa culture, quelques idées reçues, de l’empathie et une légère méfiance.

Le matin, j’avais été faire un défilé de mode et comme, là aussi, c’était mon pre­mier défilé dans un uni­vers que je ne connais­sais abso­lu­ment pas, j’y étais allé avec une cra­vate ! Dans les deux cas, j’étais donc déguisé et com­plè­te­ment en décalage…

Heu­reu­se­ment les enfants trou­vèrent une uti­li­sa­tion à cette cra­vate, elle leur ser­vait de laisse pour me trim­bal­ler dans les allées entre les cara­vanes afin de me faire faire des por­traits à tous les habi­tants du bidonville.

C’est comme ça que je suis devenu pho­to­graphe public comme il y a des écri­vains publics.

img288.jpg

Je reve­nais chaque semaine pour dis­tri­buer les tirages papier, en fai­sant bien atten­tion de ne les don­ner qu’aux per­sonnes concer­nées. Sinon les cli­chés étaient retrou­vés déchi­rés sur le sol ou reven­dus aux por­trai­tu­rés par un inter­mé­diaire qui avait dit être de la famille… Des pra­tiques pas pire qu’ailleurs, juste liées à la débrouille de la misère.

J’ai aussi croisé la pho­to­graphe Diane Gri­mo­net qui s’y est fait voler son Leica… tan­dis que je lais­sais ma voi­ture ouverte avec mon Rol­lei­flex en évidence sans qu’il ne se passe rien.

Je me sou­viens aussi que la mai­rie com­mu­niste de Saint-Ouen avait embau­ché des vigiles pour empê­cher les parents d’inscrire leurs enfants dans les écoles de la ville. « Pro­lé­taires de tous les pays… » enfin pas tous, et sur­tout pas les sous-prolétaires…

Le matin, les femmes et les enfants par­taient men­dier dans Paris. Le soir quand tout le monde reve­nait, la musique enve­lop­pait les caravanes.

Je l’ai ai tous perdu de vu après l’expulsion du cam­pe­ment suite à l’invasion de rats qui remon­taient des sous-sols la nuit pour atta­quer les enfants. Dépla­cer la misère un peu plus loin…

Voir les autres clichés sur le site de Pierre-Emmanuel Weck

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *