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PLAN B POUR L’ EDUCATION – URGENCE



PLAN
B POUR L’ EDUCATION – URGENCE

Les catastrophes
prévisibles qui mettent en question l’avenir de l’humanité
devraient être en permanence
présentes à l’esprit

Elles devraient obliger
tous les secteurs de l’activité humaine à « changer
de paradigme ».

Il
est donc urgent de faire un choix entre :

  • Le PLAN A,
    celui de la dissonance cognitive, de l’individualisme. Après
    nous la fin du monde.

  • Le PLAN B,
    celui de l’engagement collectif dans la construction d’une
    alternative.

Celles et ceux qui
s’y engagent jugent utile de faire comme si ce plan allait
être adopté et qu’ils soient chargés d’y travailler dans leur
secteur. Certains secteurs, énergie en sont déjà à
l’expérimentation (énergie, agriculture etc.). Nous proposons ici
d’entreprendre la réflexion concernant :

 LE
SECTEUR EDUCATION.

  • I / ETAT
    DES LIEUX

Nombreux sont les
enseignants et les associations» qui cherchent à conjuguer
éducation et enseignement et qui attendent légitimement une
reconnaissance de cette recherche par l’institution. Ils constatent
que ce n’est jamais le cas, même quand les changements politiques
semblent prometteurs.

Cet espoir est vain.
La catastrophe écologique et humaine annoncée est l’occasion,
« en même temps », de comprendre pourquoi …et
d’envisager comment l’éducation peut et doit contribuer aux
changements qui s’imposent.

Pourquoi ? La
lucidité invite à considérer que :

  • nous
    prenons involontairement
    notre part dans la reproduction
    sociale
    et dans les processus de formatage
    qui fonctionnent depuis Jules Ferry

  • le besoin
    d’inventer une alternative éducative s’est manifesté d’une
    manière de plus en plus précise à la suite de divers évènements
    historiques.

  • les
    alternatives qui ont pu se concrétiser (dans l’enseignement
    public) ont été ou sont encore tolérées parce qu’elles sont en
    nombre dérisoire et de ce fait ne peuvent contrarier le projet
    politique dominant.

  • nous
    vivons aujourd’hui une régression, de nature thatchérienne
    (TINA : il n’y a pas d’alternative), face à laquelle la
    prétendue « liberté pédagogique » se réduit et la
    « résistance » est difficilement imaginable

Plus précisément :

Reproduction
sociale
. L’analyse de Bourdieu et Passeron se trouve de
nouveau confirmée par les sociologues et divers économistes. Leur
constat est rendu public : l’accroissement de l’inégalité
scolaire accompagne fidèlement celui de l’inégalité sociale. Le
CNESCO en a révélé, fin octobre, le caractère scandaleux et,
implicitement le côté dérisoire de la mesure de dédoublement des
CP (dans certaines REP).

Formatage. il
est possible d’en faire brièvement l’histoire et d’évoquer
les tentatives de s’y opposer

Au XIXe siècle et
au début du XXe, il fallait « clore l’ère des
révolutions
 » et éviter « (…) que d’autres
écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de
paysans, où l’on enseignera des principes totalement opposés,
inspirés peut-être d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à
des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et
sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871
 ».
(discours du 23 avril 1879).

L’école
instituée par Jules Ferry avait aussi pour mission de préparer les
enfants du peuple, à se discipliner et à acquérir un minimum de
savoirs pour travailler à l’usine (les autres allaient au lycée
et étudiaient le latin, le grec…). Partout en France, la journée
devait commencer par la leçon de morale qui édifiait le respect de
la famille, des institutions et de la propriété, et aidée, par
l’enseignement de l’Histoire conçue comme « roman
national », formait des patriotes, prêts au « sacrifice
suprême ». Les enfants apprenaient les chants martiaux
« Mourir pour la Patrie ». Grande Guerre : 10
millions de morts.Première victime, un contestataire, Jaurès,
assassiné 3 jours avant la déclaration de guerre.

  • Jean Jaurès
    était conscient du danger de ce conditionnement quand il proposait
    dès 1886, que « la commune…puisse instituer des écoles
    d’expériences, où des programmes nouveaux, que des méthodes
    nouvelles puissent être essayées ou des doctrines plus hardies
    puissent se produire 
    »

Après la
« grande »guerre, il fallait reconstruire, poursuivre et
accélérer la modernisation. Le formatage reprend sans
vergogne. Les enfants apprennent à vénérer les « artisans de
la Victoire » (les maréchaux). En septembre 1939 les enfants
dont j’étais, regardent fièrement la grande carte murale qui
révèle (en rose) l’ampleur de l’Empire français et répètent
après Paul Reynaud «  nous vaincrons parce que nous
sommes les plus forts
 ». Après, ils devront chanter
pendant 4 ans « Maréchal, nous voilà ».

  • De nombreux
    « poilus »étaient sortis des tranchées en jurant
    « plus jamais ça !».

« Célestin
Freinet
et Gustave
Monod
, gravement blessés, ont pris conscience de
la nécessité d’une éducation qui s’adresse à tous dans un autre
état d’esprit (…) Pour Freinet, il s’agit de mettre en
place une  école du peuple, égalitaire et coopérative »
(Wikipedia). Intolérable. Freinet devra quitter l’Enseignement
Public… Pendant cet après-guerre, les idées dites d’éducation
nouvelle, également portées par l’Ecole Emancipée, restent très
minoritaires et n’affectent pas le processus de reproduction.

  • Après la
     deuxième guerre mondiale, il fallait aussi reconstruire, de
    nouveau on se disait« plus jamais ça !», ce qui
    concernait la guerre mais aussi le fascisme. Le rôle de l’éducation
    est cette fois envisagé sérieusement. Le Conseil National de la
    Résistance donne naissance en 1946 au Plan Langevin Wallon. Les
    « classes nouvelles » sont expérimentées… et
    fermées en 1952 « sous prétexte d’étendre leurs méthodes
    à toutes les classes » ! Entre temps les communistes ont dû
    quitter le gouvernement. Début de « la guerre froide ».

Le formatage
repart de plus bel. L’individualisme, « valeur » du
« monde libre », est dopé par l’essor de la
consommation de masse. Le « collectivisme »
stalinien sert d’épouvantail. L’école note, classe, met en
compétition, organise les filières, au service du libéralisme
économique. Le formatage historique orchestré par De Gaulle,
occulte la collaboration, le rôle de la police dans l’arrestation
des juifs français, la réalité coloniale. L’Histoire reste au
service du roman national. Toutefois, dans le contexte favorisant des
« trente glorieuses », le corset culturel commence à
craquer, le système scolaire, ses discriminations, ses inégalités,
deviennentence à craquer. La traduction
scolaire desl’ment
insupportables.

  • L’inspecteur
    Robert Gloton, président du Groupe Français d’Education Nouvelle
    (GFEN), initie au début des années 60 les « écoles
    expérimentales du XXème ». Roger Gal (un des équipiers du
    plan Langevin Wallon) directeur de l’IPN s’y intéresse. L’idée
    « d’ouverture de l’école » apparaît moyen efficace
    de lutte contre ces inégalités, met en question le carcan
    institutionnel et anticipe le bouillonnement pédagogique provoqué
    par Mai 68.

Peu après, des municipalités, notamment celles de
Saint-Fons, puis de Grenoble en 72 , entreprennent des innovations
permettant « l’ouverture » de l’école, avec le
soutien de la Recherche.

  • En 1982,
    Alain Savary (Ministre de l’Education) permet l’ouverture des
    lycée autogérés de St-Nazaire , de Paris, du CLE (collège lycée,
    école Freinet) d’Hérouville St-Clair…

1983, cette brève période innovatrice subit, comme l’économie,
le diktat TINA (there is no alternative) inauguré par Reagan et
Thatcher et toujours dominant.

Il faut attendre 2002 pour connaître une nouvelle innovation
notable. L’ouverture du Collège Clisthène à Bordeaux fait
évènement !

En 2018, le mouvement Freinet compte lui-même une trentaine d’écoles
affirmant leur appartenance !

Ce dénombrement, presque complet, des établissements plus ou moins
en rupture avec le système dominant permet de dire que le nombre
d’enseignants évitant de participer à la reproduction sociale et
au formatage institutionnel, d’une manière significative, est
dérisoire. Les autres font ce qu’ils peuvent pour ne pas
être complices
dans des contextes souvent difficiles.

On peut oser dire ça : depuis Jules Ferry, il n’a
jamais été possible de changer le système…

Aujourd’hui, avec
Blanquer et Macron, les deux caractéristiques du système
s’aggravent :

Reproduction.
Le système qui se disait encore éducatif se transforme en
entreprise. Les élèves sont des produits dont on va mesurer
systématiquement la conformité avec référence aux 
« sciences cognitives ». La hiérarchie archaïque va
laisser place au management. Une commission travaille sur une
nouvelle structure : le principal du collège aurait pour
adjoints les directeurs d’école, eux même recrutés sur concours
et régissant à la fois maternelle et école élémentaire.
Etablissements évalués, mise en concurrence. La maternelle qui
était encore le temple de l’éducation, où les
enseignant-e-s pouvaient agir en ayant le sentiment (pas la
certitude !) de ne pas formater est maintenant soumise aux
obligations de résultats.

Formatage.
Retour aux « valeurs » du passé, autorité, syllabique,
dictée quotidienne, progression codifiée (y compris pour les
paroles de la Marseillaise !). On hésite encore sur l’uniforme
par peur du ridicule, mais le salut au drapeau n’est pas exclu. Le
« roman national » apparaît de nouveau indispensable
pour reconstruire le sentiment patriotique. Le dédoublement d’une
toute petite minorité de CP est présenté comme une réforme
majeure. Le tout pour assurer « l’égalité des chances »
puisque la formule ne fait plus rire.

Il y a lieu de
penser que le système va être verrouillé et qu’il ne sera même
plus possible de trouver des failles, des marges, des « libertés
pédagogiques », pour tenter autre chose. Alors…

Peut-on imaginer une « résistance » ?
L’immobilisme du corps enseignant et l’impuissance syndicale peut
en faire douter. Combien de militants pédagogiques sont prêts à
prendre le risque  d’une « désobéissance civique »?

En revanche, prenant appui sur les menaces qui pèsent sur
l’humanité, une attitude offensive est susceptible d’être
comprise par l’opinion, capable de comprendre que « ce sont nos
enfants et nos petits- enfants qui vont subir les premières
manifestations graves de cette catastrophe(…), ils n’échappent
pas au sentiment diffus d’une menace
 » (…) 
il serait préférable de leur proposer d’être, à leur
niveau,
acteurs dans cette mobilisation ».

Il s’agirait de montrer que le système éducatif est incapable de
prendre de se transformer radicalement pour préparer les enfants à
faire face à l’avenir qui les attend, et de promouvoir  une
alternative :

  • II / UN
    PLAN B POUR L’EDUCATION

La période est
opportune. Les scientifiques sont chaque jour plus nombreux à
braver l’accusation de catastrophisme, maintenant que les
évènements prévisibles se manifestent sur un rythme accéléré et
sont partout rendus visibles par l’image. Ils osent nous avertir
que l’avenir de l’humanité est en jeu.

De plus, dans de
nombreux domaines de la vie sociale, économique, culturelle,
politique des militants envisagent, dans leur champ de compétence,
les modalités d’un « changement de paradigme » et
entreprennent son expérimentation.

Les militants de
l’éducation (les associations, pédagogiques, d’Education
Populaire) certains chercheurs, universitaires, philosophes,
personnalités politiques etc., pourraient à leur tour décrire
les grandes lignes de l’alternative, du PLAN B, concernant le
secteur éducation. 

Il faudrait sans
tarder entreprendre ce travail, nullement prématuré si l’on
considère les accélérations que connaît la prise de conscience
du danger. En témoignent l’IPSOS  et l’IFOP (14 novembre) 
« depuis l’été l’enjeu écologique remonte vite et
fort dans les préoccupations quotidiennes
 », « chez
les moins de 35 ans, les CSP+ et ceux qui vivent dans les centres
urbains, c’est net et ça continue de monter. Pour ceux-là, c’est
devenu un
enjeu prioritaire et c’est nouveau »(…)
les Français avaient le sentiment d’avoir encore quelques années
devant eux. ».

Il est vain de
répéter que nous avons la solution qui permet aux enfants
d’apprendre en coopérant tout en sachant que le système ne
retient que le vocabulaire de cette solution. Les qualités que cette
pédagogie développe ne prennent toute leur importance que si elles
sont mises au service d’un autre projet de société
(c’était précisément l’idée de Célestin Freinet, celle de
Langevin et Wallon) et c’est sur ce thème que devrait
porter l’attitude offensive, avec d’autant plus de chances
d’être entendue que « l’avenir de l’humanité »
est maintenant mis en question… et que ce sont nos enfants qui
vont devoir faire face à cet avenir.

Il est donc temps
pour les mouvements pédagogiques, les associations d’Education
Populaire et de nombreux syndicalistes placent dans cette nouvelle
perspective
et avec un sentiment d’urgence, les
questions qu’ils se posaient en 2010 : «Quelle place et
quels moyens veut-on donner à l’éducation dans notre pays et en
Europe ? Quel citoyen veut-on préparer ? Quelle capacité à vivre
ensemble dans une société solidaire et plus juste voulons-nous
forger ? Quelles connaissances, quels savoirs, quelles compétences
et quelles qualifications seront indispensables aux jeunes pour cela
? Quelle place auront-ils dans la construction de leur propre
avenir ? »
(Appel de Bobigny).

  • III/
    « MA » CONTRIBUTION

Cet Etat des
lieux
et cette proposition de Plan B pour l’Education
expriment un certain nombre d’idées qui fermentent inévitablement
dans chacune de ces associations. MON espoir : qu’ils servent
de catalyseur. Il suffirait alors que tel ou telle destinataire qui y
exercent des responsabilités, prenne l’initiative de proposer une
première rencontre.

MA contribution se
limitera ci-après, à reprendre et développer un certain nombre
d’idées et de propositions mises en circulation depuis 2009
(« AVANT QU’IL SOIT TROP TARD »). Elles sont issues
d’une très longue expérience… et de l’intelligence collective
.

CONTRIBUTION

1 / PREMIERS
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
.

Un Manifeste (2016),
(1) un Appel (2018), (2), se reconnaissent dans les travaux du
sociologue et philosophe EDGAR MORIN qui évoque :

«… la nécessité d’une pensée apte à relever le
défi de la complexité du réel
, c’est-à-dire de
saisir les liaisons, interactions et implications mutuelles
»

et qui précise : « Notre école doit
devenir une école de la construction de l’identité planétaire et
des valeurs de solidarité et d’équité universelles. Elle doit
devenir une école de la compréhension des grands enjeux sociaux,
économiques et environnementaux, en même temps qu’une école de
l’engagement local, de la participation et de la renaissance de la
démocratie authentique. Une école de la transformation des
relations sociales, du dialogue interculturel et de la valorisation
des différences
 ».

« Ceci implique une approche systémique,
véritable révolution dans la manière de penser le monde et de se
penser dans le monde. Il faut apprendre à relier les éléments
entre eux, montrer à quel point l’être humain est inscrit dans un
ensemble et à quel point, chaque fois qu’il agit sur un des
éléments, cela retentit sur la totalité. Il s’agit de permet aux
individus de comprendre comment fonctionne le vaste monde dans lequel
ils se trouvent; il s’agit de leur montrer comment, de fait et quoi
qu’ils en pensent, ils disposent d’un pouvoir bien réel d’agir
sur le monde et cela, tant au niveau local qu’au niveau national ou
planétaire
 ».

Il resterait à
décliner chaque concept évoqué, dans un langage et une
forme accessibles au plus grand nombre, notamment aux parents, et
d’une manière technique et concrète pour les professionnels et
militants appelés à les mettre en application.

2 /
ENSEIGNEMENTS DE L’EXPERIMENTATION

Certaines
expérimentations s’inscrivent, plus ou moins explicitement, dans
la perspective d’une alternative. Les mouvements pédagogiques
pourraient en faire l’inventaire, on peut penser aux établissements
« autogérés », Auto-Ecole… et espérer la
contribution des associations d’Education Populaire, celle des
municipalités innovantes…

Une expérimentation
ambitieuse et de longue durée (30 ans) a eu lieu à Grenoble(3).
Elle mérite examen du fait qu’elle a débouché sur un concept
alternatif : LA SOCIETE EDUCATRICE. Il est possible de
retenir des idées et des pratiques qui y ont été mises en œuvre
ces :

8 sujets de
réflexion :

  • 1/ démocratie
    participative
    pour discuter le projet initial (« ouverture
    de l’école » et mise en synergies des différents services
    existant dans un quartier) et pour examiner les conditions de sa
    mise en œuvre. Un projet de charte a été rédigé définissant
    les grandes lignes de la recherche-action dans laquelle les
    candidats se considèrent (moralement) engagés. Elle devrait
    s’imposer lors de l’élaboration du PLAN B

  • 2/ouverture
    de l’école
    . Elle s’opère sur le quartier, sur
    l’environnement dans tous les sens du terme. L’école ne peut
    être un « sanctuaire » à l’abri du monde alors que
    les enfants en perçoivent ses réalités. Quand celles-ci se
    manifestent, elles ont examinées et peuvent justifier des actions
    pour les transformer.
    Le PLAN B
    implique nécessairement l’ouverture ainsi conçue.

Dans le texte précédent, on voit que cette idée d’ouverture est
partagée dès le XIXe siècle par les pédagogues progressistes et
par le mouvement ouvrier. Elle a (un peu) pénétré l’opinion
publique grâce à Célestin Freinet et les militants de l’ICEM.
Les écoles expérimentales crées par Robert Gloton (président du
GFEN) ont été également été fondées dans cet esprit.

  • 3/ Processus
    émancipateur

Il porte notamment sur la transformation des statuts.

Statut de l’enfant. Les relations adultes enfants sont
basées sur le respect mutuel. Les enfants sont des personnes
pensantes capables de coopérer. Leurs opinions sont accueillies et
collectivement discutées. Les contraintes explicitées et la
responsabilisation conditionne les libertés reconnues. Le PLAN B
reconnaît nécessairement ce changement de statut puisqu’il
cherche à impliquer les enfants dans diverses actions d’intérêt
commun.

Statut des professionnels. Dans les crèches, écoles et
collège, quel que soit le niveau de responsabilité, le statut des
adultes est transformé du fait qu’ils poursuivent un objectif
commun, que le travail en équipe est la règle. Les temps de
concertation dans l’équipe et inter équipes, sans et avec
intervenants extérieurs, sont au service de la recherche-action
commune et ils produisent de l’intelligence collective. Cette
organisation suppose une part de militantisme. Le PLAN B en
exigera beaucoup…

  • 4/ Rupture
    avec la division du travail scolaire
    .

Généralisation des cycles d’apprentissages (25 ans avant leur
adoption officielle …et formelle). Evolution progressive vers les
classe multi-âges. Participation de tous à des projets collectifs
symbolisés par celui de « Vivre à l’Ecole en Citoyens »
(4) utilisant toutes les pratiques de la démocratie participative,
les conseils d’enfants, les informations diffusées par la radio
quotidienne et discutées dans chaque classe, le journal d’opinion
diffusé dans les familles et le quartier.

Le statut de l’enfant en sort transformé aux yeux des parents, de
l’opinion.

Au collège travail en équipe, transdisciplinarité, tutorat,
réorganisation en mini-collèges de 100 élèves suivis par une
équipe cohérente de professeurs (travail en équipe, relative
autogestion de l’établissement, etc.)

  • 5/ Pédagogie

« L’ouverture », les informations et leurs
prolongements disciplinaires, la pédagogie du projet,
conduisant à découvrir la complexité du monde et éventuellement
à y intervenir, contribuent à la formation de la pensée systémique
(cf Edgar Morin), un des objectifs susceptibles de permettre aux
enfants de faire face au monde de demain.

  • 6/ La
    coéducation,

C’est un élément majeur d’une Société Educatrice et du
processus émancipateur.

Le statut des parents est ainsi lui aussi transformé, du fait
qu’ils sont considérés par les professionnels comme des
coéducateurs majeurs. La construction de ce statut a fait elle aussi
l’objet d’une recherche-action. Les assemblées générales ont
vite souligné le risque d’une confiscation de la parole par les
classes éduquées. Les rencontres individuelles périodiques
approfondies ont été instituées sur le temps de travail. Dans la
perspective de la Société Educatrice, les réunions « Tupperware »
organisées par un syndicat familial (CSF) ont permis des échanges
en petits groupes de parents se sont révélés comme un instrument
efficace d’Education Populaire.

La coéducation est étendue, en diverses circonstances, à
différents personnels municipaux qui intègrent dans leur service un
temps à consacrer aux enquêtes des enfants nécessités par leurs
projets. Des architectes municipaux installent leur atelier et leurs
maquettes dans une école et font participer les enfants à la
conception des transformations de l’espace extérieur leur servant
de lieu de jeu et de récréation.

Cette implication de travailleurs dans l’éducation des enfants
préfigure le rôle qu’ils auraient à jouer dans la perspective
d’une Société Educatrice remettant en question la
division du travail.

La coopération nécessaire pour réaliser le PLAN B implique
toutes ces transformations du statut des personnes sans tous les
champs d’activité.

  • 7/ Rôle
    de la recherche pédagogique et des Sciences de l’Education

Ces institutions (INRDP à l’époque) ont, dans la mesure de leurs
moyens, suivi et soutenu l’expérience, contribué à la
théorisation des pratiques, établi une synergie avec les autres
innovations, procédé à des évaluations et des recherches
pointues, aidé à l’ouverture des premières BCD (bibliothèques
centres documentaires) en libre accès, à une « politique de
lecture » ambitieuse impliquant les parents.

Une autre
expérimentation qui opère dans la durée et qui partage la plupart
des caractéristiques ci-dessus évoquées, ouvre une piste
supplémentaire. Si l’on entend « relever le
défi de la complexité du réel
, c’est-à-dire de
saisir les liaisons, interactions et implications mutuelles
»
par une « approche systémique, véritable
révolution dans la manière de penser le monde et de se penser dans
le monde »,
si l’on pratique la pédagogie du projet
comme base des apprentissages, il est légitime de vouloir en
évaluer les effets. La pratique du « chef-d’œuvre
pédagogique »
répond à ce besoin. (5) Chaque enfant
doit, à la fin des apprentissages premiers, montrer par un exposé
traitant un sujet de son choix, en montre sa complexité, les
nombreuses interactions en jeu, les références historiques,
géographiques, scientifiques, en utilisant les techniques
informatiques, devant une assemblée d’adultes et d’enfants, avec le
sentiment, non pas de passer un examen mais de devoir intéresser
voire instruire l’assistance.

Cette pratique
initie celles qui seront utilisées dans la suite de ses études,
rédaction d’un mémoire, thèse etc… et donc développe les
compétences requises pour faire des « études supérieures ».

  • 8/ Le rôle
    déterminant du contexte

L’expérimentation concernant les 7 points précédents a pris
naissance dans la période appelée improprement les » trente
glorieuses ».

Les motivations socio- politiques de ses concepteurs étaient portées
par l’idée de progrès, et il était dans le pouvoir de la
municipalité de transformer le cadre de vie (habitat) et la qualité
des relations sociales.

Il s’agit aujourd’hui de faire face à un péril extrême… dans
lequel ce projet éducatif est plus que jamais pertinent. Il ne
relève plus de l’expérimentation mais constitue une part des
mesures d’urgence à prendre. Part non encore évidente car tout
naturellement « on pare au plus pressé », mais part
essentielle car ce sont les enfants d’aujourd’hui qui vont
subir les conséquences des erreurs passée et qui vont devoir
inventer en permanence les solutions auxquelles nous ne pouvons
penser aujourd’hui
.

A l’époque, les concepteurs, reliés par des luttes et des
conceptions communes (anticolonialisme et autogestion), travaillaient
à la naissance d’une alternative en rupture avec le système
politique dominant dans la perspective du progrès humain.


3 / HYPOTHESES A
EXPLORER

Les enseignements
d’expérimentation sont ancrés dans une réalité vécue. Ils
peuvent être discutés et pris en compte, mais il faut aussi, pour
lever certains blocages, certaines contradictions, imaginer les
modalités de leur transposition à l’échelle national.
Notamment :

Décentralisation

Le PLAN B ne
peut être imposé. Il doit rechercher une large mobilisation et
rendre possible son appropriation en pratiquant la « démocratie
participative ». A cet effet :

  • On peut
    imaginer qu’un pouvoir faisant enfin face à ses responsabilité
    et conscient que le changement de paradigme ne peut se décréter,
    propose à toutes les villes qui y sont prêtes des grands thèmes
    de recherche comme cela a pu se faire avec le concept « écoles
    ouvertes ». (6)

Le PLAN B implique la mobilisation des intelligences et des
moyens disponibles pour faire face aux situations prévisibles qui
menacent l’humanité
On remarquera que les situations de
guerre obligent à de telles mobilisations, ainsi que les
catastrophes géologiques (les exemples vont se multiplier).

Rôle de l’Etat

Comment échapper à
la mainmise de l’Etat (dont on a souligné la fonction naturelle,
la reproduction de l’ordre établi) ?

  • On peut
    imaginer que la rupture avec la mainmise de l’Etat soit rendue
    possible par une inscription, dans la constitution, de l’Education
    comme bien commun, et/ou comme droit humain
    fondamental.

  • Que l’Etat,
    tout en finançant le corps enseignant et sa formation, délègue
    une partie de ses pouvoirs à toute collectivité locale se
    considérant prête à faire face aux urgences d’aujourd’hui
    (ex. Villes en transition ) et implique les Sciences de
    l’Education et certains secteurs de la recherche dans les
    recherche- action entreprises et dans leur mise en réseau.

Raymond Millot 24 /11/18

  1. Le manifeste «  Pour vivre ensemble à dix milliards,
    changeons l’éducation
     » lancé avant la COP21

  2. Appel « La transition écologique doit mobiliser le système
    éducatif » octobre 2017 suivre le lien

    https://complexitepedagogieinformationdocumentation.wordpress.com/2018/08/10/la-transition-ecologique-doit-mobiliser-le-systeme-educatif-

  1. La ville de Grenoble a réalisé le vœu de Jean Jaurès « 
    lorsque la commune aura pourvu à toutes ses obligations envers
    l’État, lorsqu’elle aura créé le nombre d’écoles publiques
    exigé par celle-ci, qu’elle ait encore le droit, à ses frais, et
    sans sortir de la laïcité, d’instituer des écoles d’expériences
    où des programmes nouveaux, des méthodes nouvelles puissent être
    essayés, où des doctrines plus hardies puissent se produire.
     »

Elle a initié un projet social, éducatif et culturel ambitieux qui
a duré 30 ans, de 1972 à 2002, à la Villeneuve, quartier de
l’Arlequin.

Ce projet général supposait le maintien attentif de la mixité
sociale
mais un nouveau maire, Alain Carignon, l’a mise à
mal. Le quartier s’est banalisé et par la suite, a défrayé la
chronique des faits divers, comme tous les grands ensembles. C’est
l’engagement des équipes et des habitants qui a permis de résister
longtemps à la volonté administrative normalisatrice. Un seul
Inspecteur d’Académie, M. Jean-Marie Laureau, a exprimé ses
encouragements dans la préface de la brochure « Apprendre
autrement dans les écoles de la Villeneuve
 »(1988).

Il
faut saluer les concepteurs : Jean Verlhac, Bernard Gilman,
François Hollard, Jean Bron… tous militants du PSU.

  1. « Vivre
    à l’école en citoyens
     » (1997) éditions Voies Livres,
    Récit

  1. : Du
    chef-d’œuvre pédagogique à la pédagogie du chef-d’œuvre. 
    Ed. Chronique Sociale

  1. Des acteurs
    et chercheurs, impliqués dans l’expérimentation évoquée, ont
    avancé, à l’occasion de trois élections présidentielles la
    proposition de multiplier les recherches d’une manière
    systématique pour que les « innovations » (ou
    révolutions) entreprises deviennent significatives et contribuent
    aux évolutions indispensables. Ces propositions ne pouvaient être
    retenues car elles remettaient implicitement en question la mainmise
    de l’Etat et sa philosophie centralisatrice.


Complément bibliographie :

Une voie communautaire (Casterman) – Ecoles en rupture
(Syros)

Ecole ouverte/ recherche-action /Société Educatrice (AFL)


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