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Lycée Pécresse, lycée Bartolone : triste choix pour les lycéens

Estrosi, Bertrand, Wauquiez, Pécresse, Retailleau etc : au deuxième tour des régionales, même si le FN n’arrive nulle part en tête, l’extrême-droite prend le pouvoir dans quelques-unes des plus grosses régions françaises. Un mauvais coup électoral qui ne vient pas de nulle part mais préparé depuis pas mal d’années par les partis politiques traditionnels, dits « démocratiques », spécialement LR et PS, qui n’en finissent pas, en paroles comme en actes, de légitimer les pires représentations du FN. Aujourd’hui, l’état d’urgence et ses arrestations arbitraires, les brutalités et la morgue policières, le racisme officialisé, l’état de droit à l’abandon, ne sont pas le fait de Le Pen mais d’un gouvernement « socialiste » dont on ne serait pas surpris qu’il trouve dans les résultats électoraux de quoi brutaliser une peu plus encore la société civile. Ce soir, la réaction de Valls avec ses insupportables références à la république, au patriotisme, sonnait encore plus faux et plus sinistre. Avec un minimum d’honnêteté, de conscience politique, un haut responsable politique n’a d’autre solution que de se démettre de ses fonctions quand il s’avère qu’il a échoué. Mais l’honnêteté chez Valls ?

Parmi ceux qui ont le plus de souci à se faire, les lycéens sont en première ligne, les conseils régionaux ayant compétence sur les lycées. Les vainqueurs de ce soir on tous eu l’occasion de faire part de leurs conceptions rétrogrades et autoritaires sur le sujet : vidéo-surveillance, portiques de détection, harcèlement des fumeurs de joints etc. En Pays de la Loire et en Ile-de-France, derrière Retailleau, un ancien villieriste et Pécresse, vont entrer au conseil régional quelques purs produits du recyclage de la Manif pour tous qui, même moins bruyants, n’ont rien perdu de leur pouvoir de nuisance et de leur volonté de régenter les mœurs de tout un pays.

Malheureusement, il se trouve que, depuis les attentats de janvier, l’école fait l’objet d’un feu roulant de critiques, de dénonciations hargneuses où la gauche ne se différencie guère de la droite, autour du triptyque identité/sécurité/autorité. Et si la victoire de Pécresse en Ile-de-France ne laisse présager rien de bon, est-ce pour autant qu’il fallait porter son suffrage sur Bartolone dont l’ultime surenchère, afin de grappiller quelques voix supplémentaires, est la création d’un service du travail obligatoire pour tous les jeunes ? Finalement, au-delà de divergences de vue, d’oppositions peut-être plus formelles que de fond (la réforme du collège…) l’année 2015 aura surtout fait éclater au grand jour les affinités profondes, communes à la droite et à une large partie de la gauche, en matière éducative. Exploitant sans vergogne la légitime émotion des élèves, l’EN, sa hiérarchie et certains de ses fonctionnaires délivrent un message qui fait sauter les barrières et tomber les masques, ouvrant les vannes d’un grand n’importe quoi national, comme ce « mur d’expression » dégoulinant de tricolore présenté par l’académie de Créteil. Un enseignant d’un lycée de Maisons-Alfort y témoigne sans état d’âme : « Aujourd’hui, j’ai ouvert mon sac, j’en ai sorti nos couleurs (sic) pliées dans leur bleu et j’ai tourné le dos à mes élèves toujours debout. J’ai déplié le long du tableau nos couleurs (sic), et en les fixant, j’ai entendu s’élever dans mon dos les applaudissements de mes jeunes élèves… »

S’il faut vraiment choisir entre un lycée Pécresse et un lycée Bartolone, c’est à désespérer de la démocratie.

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