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Luttes & ratures : la sélection de Questions de classe(s)

Rubrique social/écologie : notes de lecture.

*[Les voies incertaines de l’émancipation*]
Wendy Brown, Défaire le Dèmos, Le néolibéralisme, une révolution furtive, éditions Amsterdam, 2018, 288 p., 22 €
Jean-Pierre Garnier, Émanciper l’émancipation, Éditions Critiques, 2018, 157 p., 12 €.
Même s’il est bien trop tôt pour tirer toutes les conséquences du mouvement dit des gilets jaunes, il est possible toutefois de pointer sa radicalité et ses limites. On a dit à juste titre que ce mouvement avait réussi à arracher plus de concessions de la part de l’État en quelques jours que les mobilisations syndicales en trente ans. Il a surtout fait trembler une coalition au pouvoir qui ne semble plus tenir que par la matraque et une violence répressive qui cache mal une situation de grande faiblesse tant sa légitimité est contestée par une partie significative du peuple.

*[La police des migrants : harceler, disperser, harceler (collectif)*]
La collection animée par Michel Agier rassemble, de volume en volume, des contributions universitaires engagées dans la défense des migrants, en tâchant d’analyser tel ou tel aspect de la guerre que les États européens mènent contre eux. (…) Indiquons notamment un éclairage intéressant sur la spécificité des troubles mentaux dus aux souffrances à la frontière, le diptyque invisibiliser/mettre en scène, deux éléments pour la propagande de l’État xénophobe. Terminons sur un cas concret de harcèlement (pas le plus horrible, les pages sur le Maroc, notamment p. 90-93, sont effrayantes) : « arrêter une personne exilée, après sa sortie du commissariat de Coquelles, alors qu’elle achève les 10 kilomètres à pied pour rejoindre le campement, la ramener au commissariat, la garder dix minutes, la laisser repartir. Faire pareil, une fois, deux fois, voire plus. Sur la même personne, la même journée. »

*[La vie devant nous : Récits de jeunes privé.e.s d’emploi, Patrice Bride*]
Lire les récits de ces jeunes privé.e.s d’emploi – ils refusent le terme de chômeurs, c’est rentrer dans une réalité que peu d’enseignants connaissent : ces jeunes « d’après l’école » qui ne trouvent pas leur place dans le monde du travail – ou plutôt à qui ceux qui gèrent ce monde ne leur en donnent pas l’occasion. (…) Notons seulement que ces jeunes sont liés à la Jeunesse ouvrière chrétienne, parfois via le syndicalisme (ça aussi, ça déborde les catégories simplistes). Ils sont dans une démarche collective, essayant de faire que d’autres jeunes parlent, se connaissent et osent revendiquer. Plus motivés que la moyenne, ils ne sont pas forcément représentatifs ni des jeunes dans leur situation, et ici le facteur local, quoique peu visible, doit être important.

*[Cœur indigné : Autobiographie d’un ouvrier noir américain, Charles Denby et Camille Estienne*]
Ce passage en revue de tout un siècle américain du point de vue d’un militant noir, entre Sud agricole et Nord usinier, est très riche, même quand on connaît (quand on croit connaître !) la période. La vérité humaine du récit, sa quotidienneté, donne un relief particulier à ce qui reste sinon des abstractions sociologiques : la particularité de la violence américaine, le racisme à l’intérieur de l’entreprise. Le décalage aussi entre les discours syndicaux et politiques et la volonté de justice de l’auteur (…).

*[Solidaires se livre…*]
Pour ses 20 ans d’existence, l’Union syndicale Solidaires (qui a succédé au Groupe des 10 et qui rassemble entre autres les syndicats SUD) propose en librairie ce petit ouvrage d’une centaine de pages pour présenter au grand public ce qui fait son originalité dans le paysage syndical français.

[**Tout le blog littérature de Questions de classe(s) :*]
https://www.questionsdeclasses.org/luttes-et-ratures/

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