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Libérer les après-midis pour le sport, ce n’est qu’un début…

Cette expérimentation souhaitée par Jean-Michel Blanquer pourrait s’élargir à d’autres domaines, car ce n’est ni une nouvelle lubie ni un acte de communication. C’est un véritable projet politique et idéologique qui attaque l’École.
Dans le cadre des établissements des savoirs fondamentaux[1], il est logique de concentrer l’École sur « écrire, lire, compter et respecter autrui » et ainsi la libérer des enseignements sportifs, artistiques, culturels qui deviendront des activités prises en charge par des organisations territoriales dont certaines privées.
L’École ne sera plus le lieu pour comprendre le monde dans sa complexité avec l’articulation des différents domaines d’enseignement. L’histoire qui illustre les nombres, la géographie qui appréhende l’humanité et révèlent les merveilles de la Terre, les sciences qui éclairent ce que sont et créent les humains, la littérature qui se promène dans l’histoire et la géographie, l’EPS qui rassemble et respecte les individus, l’éducation civique qui prend sa source dans l’histoire des droits humains…
L’École deviendra un lieu simplifié et compartimenté avec pour chaque discipline enseignée : des leçons à écouter et à mémoriser, des consignes à exécuter, des exercices à répéter… rythmés par des évaluations pour remédier, redresser le parcours des acquisitions pour chaque élève.
L’enseignant est censé transmettre les savoirs « fondamentaux » aux élèves avec les méthodes préconisées par les guides du ministère. Peu ou pas d’interaction entre les élèves. Chacun a son parcours et les exercices qui lui conviennent. De la phrase à 10 mots aux textes plus compliqué pour la lecture par exemple au CP.
L’enfant n’a pas sa place dans cette École, seul l’élève qui lit, écrit, calcule et respecte autrui peut y prétendre.
Les porte-manteaux à l’entrée de la classe devront être immenses pour recueillir tout ce qu’est et vit l’enfant et qui ne doivent pas passer le seuil de la classe !
Donc 3 heures par jour pour des savoirs « fondamentaux », plutôt de base, suffisent.
Pour ce qui est de la compréhension et de la place de chacun dans le monde, laissons faire les autres : familles, associations, collectivités…

Mais le projet de Blanquer de séparer les espaces et les temps va encore plus loin : il sépare les jeunesses.
Le matin dans les établissements scolaires
Celle qui exécute : travail scolaire simplifié, orientations par défaut, parcours courts dans des établissements scolaires dédiés (éducation prioritaire, filières professionnelles, techniques…)
Celle qui comprend : travail scolaire complexe, orientations choisies, parcours longs dans des établissements dédiés (centre ville, filières attractives…)
L’après-midi, s’ils sont libérés
La jeunesse aux activités sportives : celle qui participe à un club de foot, celle qui fait du tennis, celle qui monte à cheval, celle qui tape dans la balle au pied de l’immeuble…
La jeunesse aux activités culturelles : celle qui participe au conservatoire de musique, de théâtre, à la maison de la culture, celle qui visite les musées, celle qui regarde YouTube, celle qui fréquente les réseaux sociaux…
La jeunesse sans activité formelles : celle qui se regroupe et discute dans son quartier, sa cité, celle qui écoute de la musique avec un Smartphone, celle qui a décroché de l’école, celle qui ne trouve pas de travail, celle qui deale, celle qui désespère…

Séparer pour mieux trier, telle est l’idéologie de Jean-Michel Blanquer

[1] La commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale a adopté un amendement au Projet de Loi pour l’École de la Confiance créant des « établissements publics des savoirs fondamentaux » pour regrouper des classes primaires et le collège.

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