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Les Chroniques de Véronique Decker (4) : Marthe

Je travaillais dans une école au « Pré Gentil » c’est à dire dans un endroit où seul le pré était gentil…sans doute ? (je blague, à l’époque nous avions trois années d’école normale pour apprendre tout ce qui était nécessaire pour enseigner, et entre autres qu’au Moyen-âge, les gentils étaient nobles alors que les vilains constituaient le peuple, ce qui permettait l’existence d’un Pré Gentil à Rosny, alors que Montreuil avait des Blancs Vilains) Une cité banale de Rosny sous bois. J’avais une toute petite section pour un « remplacement long », le dortoir était contigü de la classe et les élèves au fur et à mesure qu’ils se réveillaient pouvaient se rhabiller avec mon aide ou celle de l’ATSEM (l’agent de service) et retourner jouer. Mais voilà, mon propre fils ne dormait pas la nuit, car il avait beaucoup d’otites et je tenais la classe à un fil de l’épuisement professionnel. Un jour, je me suis endormie au dortoir. Pas une douce somnolence professionnelle comme on peut l’avoir après quelques années d’expérience, et qui se réveille au premier mouvement. Non, un gros sommeil profond. Tous les enfants, absolument tous se sont réveillés, sont allés jouer sans chercher à remettre leurs vêtements, ni à me réveiller. Lorsque Marthe, l’ATSEM qui arrive à 15 h pour aider à rhabiller les petits est arrivée dans la classe, devant les 24 petits en sous vêtements, elle a crié « Ben, elle est où Véronique ? » . Les petits, un doigt sur la bouche ont fait « chut, a dodo ique ». En petite section, Véronique, c’est un prénom qui demande un effort d’articulation pas encore possible pour la plupart des petits. ique, nique, nonique, lénonique sont les marches de la progression vers le prénom de la maîtresse.

Marthe m’a réveillée quand même, me protégeant d’une dénonciation pour faute professionnelle et me permettant de poursuivre une longue carrière dans le 93. Merci Marthe.

1 Comment

  1. François Spinner

    Les Chroniques de Véronique Decker (4) : Marthe
    Émouvant, j’espère que nous pourrons – un jour – éditer tes chroniques !… Merci.

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