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Le FN, les réacs et l’école… petite revue de presse (5)

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Un nouveau billet sur le blog L’école des réac-publicains… Dans les médias, dans la rue, en salle des profs… des réactionnaires à la Une La nébuleuse réac-publicaine s’est affichée le week-end dernier dans la rue. Certes, elle n’était pas seule à battre le pavé (en fait, c’est peut-être pire, elle était dans la rue et d’autres, que l’on ne peut absolument pas suspecter de complaisance y étaient aussi…) mais en tout cas, elle a été la plus visible. Elle a été aussi – et surtout – sur les ondes, dans nos casiers en salle des profs et sur les réseaux sociaux… Je pensais consacrer exclusivement cette nouvelle revue de presse à la manif du 10 octobre dernier contre la réforme du collège… et puis, voilà que je tombe sur un article qui circule dans les milieux intégristes et qui finalement résonne bien étrangement avec certains des propos entendus, lus et vus à l’occasion de cette manif… Et le matin même, dans son émission sur France Culture Alain Finkielkraut – dont on nous dit qu’il était aussi à la manif l’après-midi – a ouvert son antenne à Georges Bensoussan qui a déclaré :
« Aujourd’hui nous sommes en présence d’un autre peuple au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. (…). Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : “C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère”. »
Ces propos ont fait réagir, en particulier à travers une tribune publiée par Mediapart et à laquelle j’ai eu l’honneur d’être associé. À lire ici : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop Offensive des promoteurs du “grand remplacement” jusque dans l’école… L’article, repris tel quel – seul le titre change parfois – circule à grande vitesse dans la fachosphère et plus précisément sur les sites des milieux intégristes (« Pour une France forte et catholique », sous le titre Discrimination positive : connaissez-vous les EANA, les EFIV, les UPE2A et les CASNAV ? ; mais aussi sur « media-press-info » avec une accroche plus explicite Allophones et allogènes à l’école – mais le contenu est exactement le même). Après une longue description des dispositifs d’accueils pour les élèves allophones arrivants , probablement pour mieux capter et piéger des recherches d’informations sur le sujet, la conclusion ne fait pas dans la demi-mesure : « Autrement dit, dès l’instant qu’un enfant se trouve sur le territoire national, il a droit à tous les égards au détriment des autochtones qui croulent sous les charges de plus en plus écrasantes et asphyxiantes pour financer ces dispositifs, et au détriment également de leurs enfants, qui sont soumis à un système éducatif totalement dévoyé du primaire à l’université sans la moindre recherche d’efficacité intellectuelle et au seul profit de leur endoctrinement.* Une politique à combattre Ces dispositifs viennent donc s’ajouter à la « refondation de l’éducation prioritaire » qui concerne déjà plus de deux millions d’allogènes et confirment la volonté délibérée et farouche d’instruire au mieux ces populations au détriment des autochtones, ceci afin d’accompagner le Grand Remplacement de population dénoncé par Renaud Camus ! Nous devons combattre avec force cette politique « assassine » destructrice de notre identité ! » Deux titres sont présentés en appui de ces thèses : C’est l’identité française qu’on assassine et Comprendre la refondation de l’Ecole en 25 leçons. Je laisse aux lecteurs le soin de trouver – ou non – des liens avec ce qui suit… Mais quoi qu’il en soit l’air du temps est bien inquiétant. Avant la manif Les profs de l’Académie de Versailles ont eu droit à un petit tract particulièrement dans cet « air du temps » signé du Snalc (et de son président académique) pour annoncer la manifestation de samedi. Si le bulletin national « spécial collège » annonçait déjà la couleur en titrant « La guerre est déclarée » contre
« cette chienlit [qui] a toujours la même cause : l’institution gangrenée par l’autoproclamé front des réformateurs constitué, avec la bénédiction de la nomenklatura qui dirige le ministère depuis 40 ans et des prétendus chercheurs en sciences de l’éducation, de l’UNSA, du SGEN-CFDT, de la FCPE et de la Ligue de l’enseignement, toutes organisations grassement financées par l’État » (François Portzer, 23 mars 2015).
Frédéric Steitz va encore plus loin dénonçant « La barbarie en souriant » qui vise à
« ruiner l’enseignement des connaissances et de la culture qui sont les fondements de l’Ecole de la République, de l’émancipation des peuples et du progrès social. »
avant de poursuivre un peu plus bas :
« L’abandon des principes du travail et de l’effort, l’appauvrissement volontaire des contenus créeront de futurs citoyens aux connaissances rudimentaires, standardisées, à l’exemple de la connaissance purement utilitaire et de la culture globale dont le flot barbare envahit notre continent où il cherche à supplanter l’Humanisme et les Lumières. »
Dans la période actuelle, cette expression de « flot barbare » est pour le moins ambiguë… mais cela continue encore :
« Ainsi le programme d’histoire de sixième commence par un thème intitulé « la longue histoire de l’humanité » et des migrations : une seule humanité. » Le message est clair. Il n’y a pas de nation, de culture propre, ni de France, ni d’Europe mais une seule identité, l’humanité. En outre les rencontres entre les populations n’auraient créé que des enrichissements réciproques et mutuels, sans heurts ni conflits, ni disparition, ni sujétion de populations ! Vision irénique et fausse. »
Mais ce n’est pas tout !
« En 5ème le seul thème obligatoire concernant l’histoire du Moyen Age est « l’Islam, débuts, expansion, sociétés et cultures. En 4ème deux des six thèmes obligatoires concernent la colonisation « Un monde dominé par l’Europe : empires coloniaux, échanges commerciaux et traites négrières » et « Conquêtes et sociétés coloniales au XIX et Xxème siècle ». Pour nous la leçon à tirer du Moyen Age se trouve plutôt dans la féodalité, l’émergence des communes, du pouvoir royal, les foires, le rôle de l’Eglise. Il suffit de visiter la France ou l’Europe pour s’en convaincre. Sauf que nos élèves peuvent ne plus l’apprendre ! Quant aux thèmes obligatoires du quatrième, ils font figure de réquisitoire contre l’Europe présentée comme une puissance hégémonique écrasant les peuples en les colonisant et en les réduisant à l’esclavage. »
« Quand on connaît, poursuit notre « syndicaliste », le rôle de l’historie dans la constitution de l’identité d’une nation et de sa propre image, on ne peut que condamner un tel enseignement qui privilégie un message idéologique culpabilisant et sacrifie des éléments essentiels. »
Pendant la manif : Ils étaient tous là…. Samedi, du bon monde donc pour défiler, une photo, rassemblant Natacha Polony, Jean-PAul Brighelli et Nicolas Dupont-Aignan a circulé… il y manque Alain Finkielkraut qui n’était pas loin, cq9rpokxaaa-q2g-964f2.jpg Pour couvrir la manif, Le Monde résume assez bien toute l’ambiguïté de ce rassemblement :
Jusqu’où doit aller cet « élargissement » de la contestation qu’ils appellent de leurs vœux ? Les responsables syndicaux évacuent rapidement la question lorsqu’on évoque la présence dans le cortège du député de l’Essonne et président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, du Front de gauche, de l’association conservatrice SOS-Education ou encore des Enseignants pour l’enfance,qui défendent des positions proches de La Manif pour tous. « Nous souhaitons un cortège syndical. Et portons un certain nombre de valeurs antinomiques avec l’extrême droite et l’extrême gauche », plaide Frédérique Rolet, du SNES-FSU.
Il faudrait tout un billet – je vais essayer dans une prochaine livraison ! – pour démonter la manière dont les médias traitent ce genre de mobilisation depuis plusieurs mois. Mais déjà l’exemple du Monde sur son site Internet est assez révélateur : une ou un prof – d’allemand, de latin – qui affirme n’avoir jamais manifesté de sa vie ni n’avoir jamais fait grève non plus (et qui donc s’en fait une sorte d’honneur !!!) se présente comme un nouveau converti à la lutte sociale. Sur France Inter, l’enseignante interrogée confie même avoir pris sa carte syndicale depuis les premières grèves… et le journaliste d’enchaîner – un hasard ! – sur un entretien avec le président du SNALC ! SOS éducation, qui justement défilait samedi dernier – tout en dénonçant les “syndicalistes qui gangrènent l’Éducation nationale depuis tant de décennies !” (voir précédente revue de presse) cette officine ultra-réac-libérale était aussi bien “dans l’air du temps” avec ce tweet immonde… sos_education.jpg Le texte : “Voir enfant aime l’école ? Il est bon en par-coeur ? Il a une passion pour les civilisations antiques ? Il aime lire beaucoup, il est doué pour l’écrit il compte sans ses doigts ? Il préfère les bonnes notes au hip-hop ? Foi de Najat, ce petit enfoiré élitiste va morfler sa race.” Et enfin, cette semaine, le Collectif Racine, les enseignants du FN, célébrait ses deux ans d’existence, tout en se félicitant d’avoir fait bouger les lignes…
« Si le milieu enseignant pouvait jusque-là se croire largement hors de portée des thématiques nationales et patriotes, les choses se sont alors mises à changer. Et les syndicats qui se trouvaient jusqu’à présent en position de monopole idéologique ont perçu, bien souvent dans la panique, ce qui n’était pourtant que salutaire évolution : dans les « salles des profs ‘ », les sympathies se sont faites de moins en moins tacites et de plus en plus nombreuses. En somme, débutait la pénétration de nos idées dans un milieu professionnel qui leur était traditionnellement l’un des plus fermés, et celle-ci n’a cessé depuis de se poursuivre. »
[…] « Que d’authentiques défenseurs de l’Ecole de la République expriment leur proximité ne nous a donc que peu étonnés : ce fut le cas de Jean-Paul Brighelli qui, même s’il s’est finalement détourné de la main que nous lui tendions, a assumé par deux fois, dans sa tribune du Point, ses convergences : sur l’enfumage que représente la généralisation du numérique à l’Ecole, et, plus largement, sur l’essentiel de nos positions. »

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