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Démocratie ? Exercice pratique…

La proviseure du Lycée Hélène Boucher de Paris a organisé pour les élèves mobilisés contre l’E3C un TP inédit sur la démocratie et la liberté d’expression. Elle a contraint les élèves à signer une demande d’excuse ou de contrition sous la menace du zéro comme évaluation de leurs épreuves au BAC. Le témoignage ci-dessous d’un enseignant du Lycée rapporte que cet abus de pouvoir serait couvert par le Rectorat et le Ministère. Il note que le contenu du TP reprend dans la forme et la thématique les propos provocateurs du président Macron sur le choix possible entre démocratie et dictature.

S’agit-il d’une expérience paradoxale cherchant à démontrer auprès des lycéens que l’abus de pouvoir n’est plus seulement l’apanage, au hasard, de la République démocratique de Chine ou de l’Iran, mais également des démocraties dites autoritaires ?

Pour mémoire, il faut se rappeler que les lycéens d’Hélène Boucher ont pu apprécier in vivo la doctrine du maintient de l’ordre républicain dans leur établissement. Il ont expérimenté au mois de janvier la manière dont étaient respectés leur expression et de leur droit de manifester:
suite à la répression violente de la tentative de blocage du vendredi 17 janvier, les lycéens et associations de parents d’élèves avaient appelé à un rassemblement de soutien contre les violences policières devant le lycée, le lundi 20 janvier.
En réponse à l’effervescence de la mobilisation, la direction a appelé la préfecture :
le jeudi 6 février, des policiers encagoulés ont surveillé les E3C au lycée. La doctrine “voilà une classe qui se tient sage” était encore une fois appliqué sans mesure à l’Éducation Nationale.

L’enseignant conclue à juste titre qu’il s’agit ici d’une dérive de la conception de la démocratie mettant à mal les contre-pouvoirs et précipitant les humiliés dans la colère et le ressentiment. Il s’inquiète de la faible mobilisation que ces abus, de plus en plus répandus, suscitent chez les enseignants.

Récit d’un prof du lycée Hélène Boucher concernant les agissements de la proviseure (…) envers des élèves de première.

Bonjour,

les élèves de premières m’ont fait part de leur témoignage quant à la signature d’un document dans le bureau de Mme [la Proviseure]. Certains élèves de première qui doivent repasser une épreuve d’E3C ont dû signer un document dans lequel ils devaient affirmer leur regret d’avoir bloqué le lycée et qu’il devait s’engager à ne pas récidiver. D’après eux Mme [la Proviseure] leur aurait clairement dit que s’ils ne signaient pas ils auraient un zéro. Elle aurait aussi affirmé qu’elle avait le soutien du rectorat et du ministre. Heureusement le pape n’est pas concerné !

Des élèves ont aussi dû plancher pendant 4h mercredi dernier sur la démocratie et l’usage inconsidéré de la violence.
[La Proviseure] aurait aussi dit que si les élèves n’étaient pas contents, libre à eux de partir dans des pays qui ne respectent pas les droits de l’homme (dans lesquels les dirigeants abusent de leur pouvoir et font écrire aux opposants des autocritiques, ndlr…)

Les élèves se sont sentis humiliés et pris au piège. Même si certains élèves ont dû avaler leur chapeau, ils sont très remontés contre la direction.
J’étais très gêné ne pouvant pas leur dire le fond ma pensée. Je leur ai dit que si j’étais un parent d’élève je me renseignerais sur la validité juridique d’un tel document même s’il émane du ministère.
Je leur ai aussi dit que la moindre des choses serait que les représentants du personnel prennent rapidement rendez-vous avec [la Direction] afin d’avoir des explications et accès à ce document. Serait-ce possible ?

J’ai aussi l’impression qu’il n’y a pas la “masse critique” chez les enseignants de ce lycée pour débrayer rapidement et protester, au moins symboliquement face à ces agissements dignes des pays si généreusement critiqués par [la Proviseure]. Est-ce que je me trompe ?

De plus, ces méthodes ne vont pas du tout apaiser les élèves même les plus modérés. Les élèves eux-mêmes ont conscience que ce n’est pas ainsi qu’on éduque les enfants.

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