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La Pédagogie Sociale se construit comme un bidonville – KroniKs des Robinsons 557 et Graines dOrties

Le propre d’un bidonville est d’accueillir la vie qui n’a pas trouvé place dans la ville instituée. De ce point de vue , le bidonville abrite et donne refuge à tout ce qui est négligé, refusé, oublié, ou pris pour quantité négligeable.

Mais il serait tout aussi vrai de dire que le bidonville réinvente la ville quand celle ci ne sait plus se réformer, s’amender, … quand celle ci étouffe dans ses voiries, ses concentrations, ses règlementations, son inertie, son incapacité à s’ouvrir, se réinventer.

Quand celle ci ne sait plus vivre et faire vivre les groupe et les individus qui la composent. Quand la ville au fond échoue à être Cité , lieu d’activité, de production et terrain d’aventures pour ses enfants.

Alors le bidonville met en œuvre des qualités dont on aurait grand besoin un peu partout: place pour l’initiative collective et individuelle, primat des besoins élémentaires des personnes oubliées et broyées dans le silence des institutions; capacité à mettre en œuvre des solutions dans le temps des gens, et là où ils sont, inscription dans le paysage et le territoire, tel qu’il est.

Bien entendu, le bidonville est décrié. Il est imprudent de le défendre, bien vu de le dénoncer et parfois même hypocritement au nom même du bien être des personnes qu’il abrite. Mais curieusement, au delà des passions qu’il déchaîne, on sent une grand impuissance , un grand renoncement à agir sur ses causes.

Où trouver dans la ville d’aujourd’hui la même énergie à faire vivre, habiter, construire, aménager, créer? On sent derrière la rancœur, la dénonciation, un besoin de faire taire la vie qui fait défaut.

La Pédagogie sociale se construit comme un bidonville; comme lui, elle attire, rassemble de multiples énergies. On voit venir de partout des porteurs d’initiatives, d’ateliers, des créateurs de « machines à convivialité », des porteurs de débats publics, d’assemblées buissonnières, d’occupations de l’espace commun.

Comme lui, elle comporte une grande part de créativité et de bricolage. Comme lui, elle s’adapte à la configuration locale, à la géographie des hommes et des institutions. Comme lui elle résiste aux intempéries et aux mauvaises conditions.

Comme lui on peut rêver de l’ignorer, de la dénier, ou de l’éradiquer . On négligé son intérêt, sa véritable valeur. On ignore les besoins dont elle est porteuse; elle reste inévitable.

De même qu’on méprise les habitants de bidonville, il est courant de sous estimer les acteurs de la Pédagogie Sociale; de s’imaginer que leur travail est de moins bonne qualité ou de moindre valeur, au prétexte qu’il prend place dans la réalité la plus brutale, celle qu’on a mis tant d’énergie à éloigner des institutions et des centres villes.

Ce n’est pas dans les bidonvilles qu’on réalise les événements culturels, qu’on investit dans la vie sociale ou l’éducatif. Ce n’est pas sur les ateliers de rue qu’on signe les nouveaux contrats de Ville; ou qu’on organise les réceptions et rencontres de partenaires. Quelle erreur !

Le bidonville est toujours porteur de l’avenir de la Ville; il est le laboratoire de son changement, sa préfiguration. La Pédagogie Sociale explore de nouveaux chemins et préfigure d’autres modes d’intervention, et de coéducation.

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Association Intermèdes-Robinson

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