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L’école se livre (4)

4ème contribution par Laurent Ott

Au fil des pages du dossier du 1er n° de la revue Questions de classe(s) nous proposons des contributions qui tentent de répondre à la question “quel livre a changé l’école… ou du moins votre vision de l’école ?”

À vous de poursuivre l’exercice en nous envoyant vos suggestions…

Le Roman de Renard

Souvenirs du Roman de Renard : quand la lecture à voix haute collective est plus qu’un exercice. Il est pour le moins curieux de retrouver dans la genèse d’une vocation de pédagogie sociale, un souvenir scolaire agréable, voire « lumineux » d’un exercice des plus traditionnels.
La lecture à voix haute collective en classe représente sans doute un des exercices scolaires les plus caractéristiques de l’école traditionnelle. On y retrouve, pêle-mêle, bien des tares et des invariants de la pédagogie traditionnelle. : un groupe en silence concentré sur une tâche unique ; une relation d’autorité descendante avec un groupe qui obéit au doigt et à l’œil à l’enseignant ; et enfin conception de la lecture à finalité oraliste (l’image de la lecture renvoyée par cet exercice semblait être celle d’une activité dont le but serait non la compréhension mais la lecture à voix haute). Bref, tant de choses que je n’ai
jamais cautionnées et avec les quelles je ne suis pas en accord ; et pourtant il y a ce souvenir puissant de cette situation-là : le plaisir à écouter la lecture de mes camarades, le désir que ce soit à moi de prendre le relais, la forte impression que nous lisions tous et au même moment la même chose.
Est-ce à dire qu’à ce moment-là, nous étions un groupe. En tout cas, nous étions réunis sur une histoire commune que nous découvrions ensemble et au même moment.
Nous pouvions rire ensemble des mésaventures de Renard mais, en même temps, cet exercice racontait une autre histoire.
Derrière la lecture parfois hésitante, les confusions de mots, le ton et la voix de mes camarades, je découvrais quelque chose d’eux de très intime : le rapport à l’écrit.
Et d’un coup voici qu’une activité ordinairement solitaire, la lecture, devenait en quelque sorte l’affaire de tous. Voilà que derrière la question de la compétence individuelle, il était question d’un nous et de notre pouvoir de lire et de comprendre les mêmes choses.
Jamais je ne me suis senti dans ma classe autant en groupe que dans ces moments-là où nous avions tous les yeux portés sur le même texte, où nous partagions le même moment et écoutions la même voix.

Laurent Ott

Épisode 1
La contribution de Choukri Ben Ayed ici

Épisode 2
La contribution de Patrice Bride, ici

Épisode 3
La contribution de Laurence Biberfeld

Demain : Les Nouveaux Maîtres de l’école, l’enseignement européen sous la coupe des marchés de Nico Hirtt par Fred

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