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Fin du mois, fin du monde, éducation populaire

Réchauffement climatique, extinction des espèces…l’idée d’un « EFFONDREMENT » est devenue une hypothèse réaliste, pour de nombreux scientifiques. Le 11septembre 2018 l’ONU estime qu’il reste deux ans pour agir contre le changement climatique sous peine de « conséquences désastreuses ». Son secrétaire général Antonio Guterres appelle la société civile à réclamer des comptes aux dirigeants de la planète. Quatre grandes ONG recueillent en peu de temps plus de 2 millions de signatures pour « L’Affaire du Siècle » et attaquent l’Etat Français en justice. Des dizaines de milliers d’étudiants et lycéens manifestent.

Sur les ronds-points une partie des gilets jaunes semble partager cette préoccupation majeure et associe « fin du mois et fin du monde », mais il n’est pas certain que les milieux populaires accèdent à cette prise de conscience, alors qu’ils seront les plus touchés par ces « conséquences désastreuses » D’où la question :
Comment l’éducation populaire peut-elle contribuer a cette mobilisation ?
Le peuple à l’habitude de traverser les crises et les guerres en pensant que tout finit par s’arranger. Cette sagesse, à l’échelle humaine, n’a jamais été démentie mais la perspective d’effondrement ne la permet plus : les multiples conséquences du réchauffement vont s’amplifier pendant des centaines de milliers d’années. Comment perdre cette illusion sans désespérer ?

L’anthropologue Bruno Latour pense que « le catastrophisme » risque de provoquer une forme de paralysie mais son collègue James C. Scott estime que « les petits pas raisonnables ne suffisent pas » et que « la question est de savoir comment mener de actions d’ampleur », « qu’il est impossible de poursuivre avec nos modèles politiques habituels », que «  considérer qu’il suffit d’attendre serait « une faillite de notre sens du devoir ».

La conception de James C. Scott nous renvoie à la philosophie de Gramsci « pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté ». que l’Education Populaire doit s’efforcer de cultiver.

C’est le projet des responsables d’une association « pour le développement du lien social » (ADELIS) très active et très appréciée, à St-Siméon de Bressieux, village désindustrialisé du Nord Dauphiné de 2882 habitants.

Projet qui s’intègre dans les objectifs de son « agenda 21 » (développement durable sur le territoire de la commune) et qui se propose d’attaquer le problème à partir de l’avenir des enfants, qui seront les premiers concernés par la menace d’effondrement.

Un appel pour une réflexion collective vise à développer une prise de conscience de la situation de ses causes et conséquences, de s’affranchir des illusions (ça finira par s’arranger avec la technologie et la science), mais surtout d’examiner en quoi les transformations qui devront être entreprises sont porteuses de progrès qualitatifs dans nos façons de vivre, notre santé, nos rapports sociaux.
Les parents absorbés par leurs difficultés ont peut-être tendance à négliger les informations qui leur parviennent inévitablement. Beaucoup font appel aux services d’ADELIS… Si leurs enfants expriment leurs préoccupations, ils peuvent se sentir concernés par le problème et envisager d’y réfléchir pour pouvoir y répondre.

Le projet d’appel retenu se présente ainsi :

INVITATION :

Le réchauffement climatique aura des conséquences…
Les jeunes en sont conscients.
Les actions pour y faire face sont porteuses de progrès.
La jeunesse peut y trouver espoir et envie d’y participer.

ADELIS propose une réflexion participative sur ces deux sujets au cours de laquelle vous pourrez exprimer ce que vous pensez :

1/ des CAUSES et des CONSEQUENCES d’un probable réchauffement de 2 ou 3 degrés

2/du PROGRES qu’on peut attendre des mesures nécessaires pour faire face aux changements qui vont modifier notre vie commune et plus encore celle de nos enfants

Cette réflexion, fruit de l’intelligence collective, vous permettra de dialoguer avec vos enfants, en fonction des questions qu’ils se posent.


ORGANISATION DE LA REFLEXION
Au tableau  deux arbres sont symbolisés
                + 2 ou + 3 degrés

en dessous seront consignées les causes (racines en arborescence) qui ont été évoquées dans les petit groupes
au-dessus les conséquences les branches déjà grosses qu’on connait et les bourgeons  contenant celles qu’ on imagine

de même pour le second arbre :
                           PROGRES

en dessous en arborescence progrès quantitatif    
au-dessus progrès qualitatif

(travail en petits groupes de trois personnes, suivi d’une mise en commun)

__________________

Quelques responsables d’ADELIS ont examiné ce projet de déroulement. Il a déjà été expérimenté sur d’autres sujets moins complexes et moins ambitieux.
Il semble nécessaire de connaîtrer préalablement dans quelle mesure les enfants, les collégiens sont préoccupés par le problème qui mobilise les lycéens …
On s’efforcera d’intéresser les enseignants à ce projet. On leur proposera d’essayer de connaître le niveau d’information et les questions éventuelles des enfants et des collégiens.

Il est envisagé de procéder par étapes :
présentation du projet aux 8 permanents et aux bénévoles très engagés dans les activités d’ADELIS, au total 25 personnes, d’expérimenter la démarche :

on commence par le thème « réchauffement +2ou 3° »

constitution en groupe de trois avec la consigne : deux minutes de réflexion silencieuse. Chacun-e a 5 minutes pour exprimer ce qu’il pense, les deux autres évitent de dialoguer ; ils posent éventuellement des questions permettant de préciser et de noter les idées exprimées.
5 minutes sont consacrées à consigner ce qui sera présenté au grand groupe
Au total environ 30 minutes

mise en commun . Plusieurs volontaires sont chargés de collecter, faire préciser, résumer , consigner, voire dessiner racines et branches (simultanément ou après collecte).

Réflexion critique sur le déroulement de la séance avant de travailler sur le thème « progrès » plus difficile, avec la consigne d’insister sur les progrès « qualitatifs » qu’on peut espérer en termes de santé, de relations sociales, de démocratie, de désaliénation…

Cette expérimentation devrait permettre à chacun-e des participants jouer un rôle d’animateur dans les petits groupes lors de la réunion publique (notamment faire respecter les règles retenues pour éviter le bavardage ou la monopolisation de la parole, prendre la parole en dernier, aider à faire le choix de ce qui sera retenu).
Les 25 participants espérés auront ainsi l’occasion

de donner un contenu à cette idée «d’intelligence collective » et de mettre en question la conception dominante de « transmission du savoir »,

de voir l’intérêt de partir du savoir que chacun-e possède plus ou moins confusément, de le valoriser (ou d’en faciliter la remise en question), pour donner envie d’en savoir plus.

de mieux concevoir l’idée et l’intérêt de « l’Education Populaire »

recherche de participation des enseignants. Individuelle, au niveau des établissements

recherche d’un « expert » qui, mis au courant de la démarche, sera invité à écouter, reformuler, compléter, établir les liens entre les sujets évoqués et contribuer ainsi au développement d’une approche systémique des problèmes étudiés.

adoption des termes et de la forme de l’invitation et modalités de diffusion

Raymond Millot, 27 juillet 2019

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