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Entretien : la pédagogie Freinet dans le 2d degré

Un groupe francilien Icem-Pédagogie Freinet du 2d degré s’est constitué il y a quelques mois. Nous avons rencontré deux de ses membres qui nous présentent ses origines et ses fonctionnements ainsi que ses orientations.

Q2C : Comment est née l’idée de relancer groupe Freinet 2d degré, un projet qui, visiblement, répond à beaucoup d’attentes… ?

Mathieu : Si j’ai bonne mémoire, l’idée de relancer un groupe date de 2014-2015. C’est parti de l’appel d’un camarade (Mathieu Karl Fonvieille) sur la liste publique Freinet 2nd qui rassemble adhérent-e-s et sympatisant-e-s de l’ICEM-Pédagogie Freinet (Institut Coopératif de l’École Moderne). Il souhaitait lancer l’idée d’une rencontre tout d’abord informelle, en Île-de-France. Avec lui et Cécile Morzadec, on s’est retrouvés à trois dans un bar. Les rencontres suivantes se sont rapidement étoffées et nous avons fini par nous réunir à la Bourse du travail de Paris car on commençait à être un peu trop à l’étroit dans les bistros.

Je pense que tout ça part d’un constat : une attente forte et à la fois une difficulté pour les enseignant-e-s du secondaire à rejoindre les groupes départementaux de l’ICEM alors qu’ils sont majoritairement constitués d’enseignant-e-s du primaire. Ça devait peut-être en effrayer quelques-un-e-s. J’imagine qu’au moins inconsciemment, le fait que dans le secondaire nous ayons du mal à nous détacher de nos conditions spécifiques (horaires, emplois du temps etc.) a pu servir « d’excuse » pour ne pas tenter l’expérience et se retrouver avec des personnes peut-être déjà très expérimentées et avancées. La proposition de rencontres second degré a donc pu atténuer ces éventuelles réticences et proposer une entrée plus « soft » dans le mouvement.

Les premières années, nous avions donc pensé ces rencontres autour de la coopération et non uniquement vers la pédagogie Freinet. Ceci dit, son influence a toujours été très présente parmi les membres actifs.
Ce n’est qu’en fin d’année scolaire 2017 que la transition vers un groupe pédagogie Freinet s’est faite. Après quelques années d’expérimentation, certain-e-s commençaient à chercher un cadre permettant de se projeter, de mettre en cohérence les différentes pratiques mais aussi de donner un sens plus général à tout cela. La coopération étant très à la mode dans l’institution, on commençait à sentir que cela ne suffisait plus pour décrire des pratiques et des envies qui ne coïncidaient pas toujours avec ce qui nous était proposé dans les formations et les salons institutionnels.

Q2C : Jacqueline , pourquoi rejoindre le groupe Freinet 2d degré ? Comment en as-tu entendu parler ?

Jacqueline : J’ai entendu parler du groupe Freinet 2D via twitter, réseau sur lequel plusieurs membres du groupe sont très actifs et diffusent avec enthousiasme idées, rencontres et lectures.

Pourquoi rejoindre le groupe Freinet ? en tant que prof, je dirais que je connais depuis toujours. Beaucoup de lectures en début de carrière, des copines de fac devenues profs des écoles qui ont fait des mémoires dessus, des choses lues, vues, interprétées, digérées et finalement transformées – déformées – par ma propre personnalité de prof. Du coup, après une dizaine années de carrière, un besoin d’y revenir plus précisément, plus rigoureusement même, de retourner aux sources. D’abord avec les textes de Freinet, via Le Maître insurgé paru chez Libertalia, ensuite via la participation du groupe 2nd Degré.

Q2C : On entend aujourd’hui beaucoup parler d’innovation, de classe inversée, de travail en îlots, de classes sans notes, etc. pourquoi se revendiquer alors spécifiquement de l’étiquette pédagogie Freinet, qu’est-ce qu’elle apporte de plus, en particulier dans le 2d degré ?

Jacqueline : Ce que moi j’aime, dans la pédagogie Freinet, c’est qu’elle met au centre la vie : créer de la vie en classe, entre les élèves, avec l’enseignant, entre les classes, dans l’établissement. Prendre en compte aussi la vie des élèves, la vie du village, du monde qui nous entoure, sous toutes ces facettes. Ne pas empêcher cette vie autre que scolaire d’entrer dans la classe, bien au contraire.

Parce que finalement, c’est ce qu’on fait avec les élèves : un petit bout de chemin de vie ensemble !

En tant que prof du secondaire, j’ai toujours éprouvé ce manque de ne pas avoir la possibilité qu’ont les collègues du primaire d’avoir une classe, toute la journée, toute la semaine. C’est une autre temporalité, un autre rapport avec les élèves, entre les élèves, d’autres perspectives de travail et d’échange. Et je trouve qu’avec la pédagogie Freinet, j’arrive un peu à combler cette frustration.

Mathieu : J’ai essayé de donner une première piste d’analyse dans la réponse à la première question. Sur le fond, il me semble que toute cette agitation qui traverse le petit monde du second degré laisse un certain nombre de personnes sur leur faim. Les débats sur les compétences, les îlots, la classe inversée etc. ont eu le mérite de nous autoriser à penser notre métier autrement. Mais pour beaucoup, ces effets de modes ne permettent pas d’aborder la pédagogie comme un système canalisant des pratiques éparses. La pédagogie Freinet me semble proposer une plus grande cohérence entre théorie et pratiques.

Pour ma part, ce qui me mobilise dans les techniques Freinet c’est la place de l’expression libre, le tâtonnement expérimental et l’organisation coopérative du travail. Mettre l’expression libre au centre permet d’accueillir l’enfant et non plus seulement l’élève, et de donner aux savoirs leur juste place : celle d’outils au service de l’émancipation et donc de la capacité à agir sur son milieu.

Dans cette perspective, on part donc autant que possible de situations authentiques apportées par l’enfant. Cela permet donc d’accueillir la complexité du monde mais aussi de présenter les savoirs institutionnels comme des réponses et des outils pour analyser celui-ci et le changer. Cela fait écho à l’idée que traditionnellement, l’école ne propose que des réponses aux questions que les élèves ne se posent pas.

Pour ce faire, on considère que les enfants doivent aussi tâtonner pour apprendre, que l’on n’accède à la complexité que par des cheminements individuels qui font sens. Comme on apprend toujours seul mais jamais sans les autres, la pédagogie Freinet donne également une place centrale à l’interaction groupe-individu. Cela prend forme par l’organisation coopérative de la classe, l’apprentissage de la démocratie en actes mais aussi par la présentation/publication des travaux. Ce sont aussi les allers-retours entre le travail individuel et le collectif qui construisent les apprentissages. De plus, tous ces éléments influent évidemment grandement sur la qualité de la motivation des élèves.

À titre personnel, j’ajouterais aussi que la pédagogie Freinet s’inscrit dans une histoire militante et notamment syndicale qui correspond tout à fait à mes engagements. Derrière cette pédagogie, on trouve aussi un projet de société et des valeurs qui tranchent radicalement avec ce qui nous est actuellement imposé. Je pense qu’on ne peut pas en dire autant des « mouvements » évoqués dans ta question. En poussant un peu, on pourrait considérer que certains d’entre eux s’adaptent même très bien à la demande économique actuelle et à l’offensive idéologique individualiste qui déferle dans l’éducation.

Q2C : Même si, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale il y a eu des ouvertures dans le 2d degré (avec les classes nouvelles, par exemple) la pédagogie Freinet à la maternelle et à l’élémentaire (le primaire). Pourquoi la transférer dans le secondaire ?

Mathieu : Quand Freinet et ses camarades ont commencé le travail, le second degré restait réservé à l’élite. Depuis quarante ans, tous les enfants y sont accueillis mais pourtant, les modèles pédagogiques dominants restent calqués sur une école de la sélection des « meilleurs ». Cela crée des ravages chez les enfants et en particulier dans les classes populaires. On le sait, notre système scolaire reproduit très largement les inégalités sociales. Penser une autre pédagogie participe donc pour moi à la remise en cause de cette école là.

Mais on pourrait aussi voir les choses d’un point de vue professionnel. Combien de collègues parfois dépités, insatisfaits et fatalistes croisons-nous au quotidien ? Tout le monde sent bien que l’édifice ne tient plus sur ses deux jambes, que l’école telle qu’on nous l’a laissée et telle qu’on nous a appris à la faire vivre ne repose plus que sur des faux-semblants. Certain-e-s se réfugient dans le « c’était mieux avant » et autres « le niveau baisse » et d’autres essaient de changer leurs pratiques. Mais le constat est bien partagé : la situation actuelle se révèle être intenable, et pour les élèves, et pour les enseignant-e-s.

Q2C : Difficile de ne pas songer aux spécificités de l’enseignement secondaire en France, souvent considérées comme des obstacles infranchissables pour la mise en place de la PF. S’agit-il d’une situation rédhibitoire ou bien existe-t-il déjà des points d’appuis, des leviers ?

Jacqueline : Comme je le disais, dans le secondaire, c’est compliqué. Le plus souvent, les élèves vont de cours en cours, de salle en salle et l’identité “classe”, la coopération, le partage des savoirs et des expériences peuvent être plus difficiles à faire émerger. Les élèves n’ont que trop peu la possibilité de s’approprier les locaux, de participer à la vie de l’établissement ou même de contribuer à la constitution des cours. De même, les programmes (plus ou moins rigides selon les disciplines), les échéances des examens, la tendance actuelle à “faire du chiffre” (pourcentages de réussite, comparaison entre les années, entre les classes, voire entre les profs!…) créent une pression sur les collègues qui peuvent avoir peur de sortir du cadre, de prendre la liberté de donner de la liberté aux jeunes parce que ça prend du temps, parce que ce n’est pas habituel…

Il n’empêche qu’il y a quand même, et heureusement, des leviers. Je pense à ces établissements où les équipes se mobilisent pour faire entrer et vivre la pédagogie Freinet, parfois même avec le soutien des équipes de direction. C’est déjà pas mal, mais voilà, en discutant avec les collègues, je me rends compte que c’est toujours la même chose : pour avoir le soutien, pour avoir les moyens matériels (notamment une salle de classe dédiée, des classeurs par élève, des étagères où ranger le matériel…), il faut monter un projet, donner des objectifs, établir des critères d’évaluation et de réussite, et au final, les moyens qu’on peut obtenir, c’est souvent en déshabillant Pierre ou Paul, des collègues qui avaient monté un autre projet, pas forcément moins intéressant, mais pas retenu par les “Instances”. C’est toujours quelque chose de gênant, cette concurrence interne.

Mathieu : Les obstacles sont effectivement nombreux. J’ajouterais aussi à ça un élément assez polémique : c’est l’idée que nous gardons dans le second degré et parfois à notre corps défendant, une certaine culture de la sélection, de l’excellence et du mérite. Cela n’est pas toujours conscient mais cela explique en partie les difficultés à faire bouger les lignes.

Les marges ne sont cependant pas inexistantes : se constituer des équipes pédagogiques qui travaillent réellement ensemble, faire en sorte d’attribuer une salle propre à chaque classe, mutualiser les outils de coopération et de travail entre disciplines, occuper autrement les temps morts ou mal employés (AP, heure de vie de classe, heures libres, temps de concertation en REP+…). On peut donc dire que même du point de vue de l’organisation du temps scolaire, des aménagements sont déjà possibles. Au-delà de l’équipe pédagogique, il convient aussi de ne jamais rester seul-e. C’est pour ça que les mouvements pédagogiques ont toute leur importance. Ils permettent de se rencontrer et de prendre du recul sur l’urgence quotidienne et de construire des pratiques à partir de nos situations concrètes en classe.
En revanche, sans l’ouverture d’un chantier sur les finalités de l’école et du service public, nous butterons toujours sur certains obstacles. Si nos marges de manœuvre sont grandes, nous ne restons qu’un grain de sable dans une machine qui n’est pas conçue pour les buts émancipateurs que nous poursuivons. La fonction sélective de l’école, les conditions de travail qui se dégradent, les classes surchargées, les baisses de moyens etc. témoignent d’une volonté des gouvernements de faire de l’école autre chose qu’un lieu d’émancipation. Les enseignant-e-s en difficultés sont souvent abandonnés et on individualise les échecs plutôt que de penser la question des moyens et de la formation.

C’est pourquoi je pense que l’engagement social et syndical est indispensable pour permettre le développement de nos visées pédagogiques.

Il est d’autant plus urgent de reconnecter pédagogie et projet social que l’on observe actuellement un vaste mouvement promouvant la marchandisation de l’école sous couvert de pratiques dites alternatives et innovantes. Il s’agit bien souvent de devantures masquant difficilement un projet de privatisation de l’école publique faisant passer les initiatives privées comme solutions aux difficultés du public à se sortir des « vieux modèles ». On voit bien là qu’il ne s’agit en rien de projets remettant en cause les inégalités à l’école puisque la solution du privé ne pourra qu’accentuer encore la sélection et la mise à l’écart des classes populaires.

Q2C : On assiste, parallèlement, à une montée de discours pourfendant la « primarisation » du secondaire et/ou sa démocratisation et se revendiquant de la « tradition » et, au final, de la sélection. En quoi la PF peut-elle être une réponse à cette rhétorique « réac-publicaine » ?

Jacqueline : La tradition des fondamentaux réduisant l’enseignement au lire écrire compter, sans ouverture culturelle ni critique, la sélection des élèves pour envoyer les uns vers l’apprentissage d’un métier, les autres vers les études longues, sont des fausses réponses aux difficultés de notre métier. Des fausses réponses qui, pourtant, trouvent de l’écho parmi les enseignant.e.s.

La pédagogie Freinet constitue l’une des voies qui peuvent permettre de surmonter les difficultés liées à l’évolution du métier (classes surchargées, grande diversité des profils – dont élèves à besoins éducatifs particuliers -, peu de temps avec chaque classe dans le secondaire, élèves parfois démotivés voire en défiance…). L’enseignement de la même chose à tout le monde au même moment et au même rythme n’a pas de sens et peut même violenter les élèves et contribuer à l’échec (le nôtre, le leur). Les pratiques comme les plans de travail, les textes ou recherches libres, où les élèves sont acteurs et actrices, parfois même auteur.e.s, permettent à chacun.e de construire plus de savoirs et plus de compétences que lorsque l’enseignant.e imagine des séances destinées à toute la classe en même temps.

Mathieu : Je pense que la pédagogie Freinet peut aussi apporter une réponse au mal-être enseignant qui semble se développer et qui pourrait expliquer le développement de cette rhétorique. Lorsque l’on s’engage dans cette direction, on redonne du sens à son travail et très clairement, on y prend du plaisir. On sait pourquoi et pour qui on travaille et lorsqu’on réussi à accepter de laisser entrer la complexité du monde et la parole des enfants dans la classe, on se rend compte à quel point ce boulot peut être passionnant. Quand on a à accueillir des travaux libres d’élèves et pour peu qu’on leur laisse le temps de se défaire de leurs habitudes scolaires, on est souvent bluffé par l’originalité des productions et par la richesse des questionnements qui se posent à nous. Le prof apprend aussi beaucoup de nouvelles choses avec une pédagogie comme celle-là puisqu’on s’autorise parfois à aborder des choses que l’on ne maîtrise pas momentanément.

Q2C : Les rencontres du groupe se déroulent à la Bourse du travail de Paris. En quoi est-ce un symbole important ? Qu’en est-il de la dimension sociale et politique du groupe ?

Mathieu : À l’échelle du collectif, les choses ne se sont pas engagées par le prisme politique. La Bourse du travail, c’était avant tout par pragmatisme. Étant syndiqué, j’ai pu facilement obtenir des salles dans ce lieu. Dans nos réunions, nous n’abordons pas pour l’instant les problèmes politiques de front. On est plus partis sur les pratiques mais j’ai du mal à penser qu’on puisse y adhérer sans se considérer comme étant à minima un peu progressiste. En grattant un peu au cours des discussions informelles, on se rend cependant vite compte que beaucoup de participant-e-s sont souvent aussi engagé-e-s du point de vue social ou syndical. Mais ce sont les pratiques de classes qui restent au centre des échanges et c’est sur cette base que les personnes nous rejoignent.

Pour ma part, je trouve que le fait de se réunir à la Bourse du travail est un symbole très fort. Cela permet de renouer avec leur fonction première d’éducation populaire et de développement de l’autonomie des salarié-e-s vis-à-vis leur employeur. On sait tous que les formations institutionnelles sont insatisfaisantes et je trouve que c’est une bonne chose que nous nous dotions de nos propres temps de formation dans un cadre auto-organisé et sans contraintes.

Q2C : Quels sont les chantiers mis en place et les projets pour l’avenir, collectivement pour le groupe mais aussi individuellement en ce qui vous concerne ?

Jacqueline : Le groupe Freinet 2D a mis en place des chantiers disciplinaires (langues / maths-sciences / lettres / histoire-géo-EMC par exemple) et des chantiers thématiques (Quelles libertés ? / Les élèves auteurs-acteurs / Motivation, concentration). J’ai assisté à 2 rencontres sur 3 et à chaque fois, les échanges sont très enthousiastes et stimulants. Peut-être faudra-t-il à l’avenir réfléchir à la manière de poursuivre cette dynamique après les journées de rencontre car le groupe 2d ne vit pas beaucoup à côté de ça. Mais ce n’est que le début !

De mon côté, ça m’a donné envie d’en parler davantage autour de moi, en particulier dans mon établissement où plusieurs collègues se montrent intéressé.e.s et tentent l’expérience, à petits pas. Le but n’est pas que tout le monde se mette forcément à faire de la pédagogie Freinet, mais que les collègues sachent que des groupes de travail existent un peu partout, sur plein de thématiques, et qu’on peut y trouver écoute, soutien et idées. D’ailleurs, avec Greg de Q2C, on lance aussi un groupe de travail sur le Mantois, pas strictement Freinet, pour réfléchir à nos pratiques pédagogiques et les renouveler.

Et au quotidien, je peaufine mes pratiques fréneitistes et, sans en faire LA solution, je suis de plus en plus convaincue par l’espace de vie et de liberté que cela permet. Je vois des élèves bouger, vivre dans la salle de classe, s’épanouir peu à peu et avoir des idées et des réactions assez épatantes entre eux et avec les adultes. Je le répète, rien de miraculeux, mais déjà un grand pas vers un mieux pédagogique!

Mathieu : Bien qu’étant professeur documentaliste, je participe au groupe français lorsque nous sommes en travail disciplinaire. Cela fait écho aux projets dans lesquels je suis investi au collège. Nous avons pour l’instant deux entrées principales : l’expression libre et la mise en place du plan de travail. Nous essayons donc à partir de travaux d’élèves, de comprendre comment rendre efficaces les temps d’écriture de textes libres et comment réinvestir ces textes dans le cadre des apprentissages attendus en français. En ce qui concerne le plan de travail, il s’agit pour nous de confronter nos expériences et de voir en quoi nous parvenons à dégager des temps de travail en autonomie dans la classe. Cela oblige à repenser l’utilisation des heures disciplinaires et de dégager des temps qui ne seront pas utilisés pour proposer un même cours à tous les élèves en même temps. Il ne s’agit pas d’une mince affaire !

En ce qui concerne le collectif, je pense qu’il va s’agir à l’avenir de réussir à sortir de la logique de rencontres qui prévalait jusqu’à juin 2017 pour aller vers la construction d’un véritable groupe. Cela nécessite de clarifier ce qui définit le collectif et de commencer à penser sa structuration et donc les rôles de chacun en son sein. Entre deux rencontres, les contributions sont en effet peu nombreuses et témoignent d’une difficulté à impliquer tout le monde dans la vie du groupe. Il nous faut à mon avis commencer à réfléchir à la coopération entre adultes et aux institutions nécessaires à développer pour permettre à chacun-e de s’investir et de participer pleinement à la vie démocratique du collectif. En somme, je pense qu’il faut que nous arrivions à transférer ce que nous parvenons parfois à développer avec les enfants, mais entre nous.

Ceci dit, pendant les rencontres, des ajustements ont déjà eu lieu : un moment de plénière pour traiter les questions transdiscipliaires semble faire l’unanimité, ce qui évitera l’éclatement systématique en ateliers et permettra la construction de représentations et de méthodologies communes. De même, nous commençons à nous mettre d’accords sur des modalités de travail dans les sous-groupes disciplinaires. Il commence à y avoir consensus sur le fait que c’est à partir de travaux de classes que nous pourrons avancer. À chaque réunion, nous essayons donc de venir avec des retours d’expériences en lien avec le travail qu’on s’est donné la fois précédente dans les ateliers.

Enfin, il me semble qu’il nous faudra renforcer le lien avec le premier degré car leur expérience et leur maîtrise de la pédagogie Freinet nous permettrait d’avancer plus vite sur certains points. Dans le même ordre d’idée, nous avons essayé de nous coordonner avec les autres groupes 2nd Freinet au dernier congrès de l’ICEM. On peut espérer la reconstruction d’un réseau efficace étant donné le succès qu’ils rencontrent un peu partout en France.

Il y a donc encore du travail mais comme on dit dans le milieu du logiciel libre : la route est longue, mais la voie est libre !

Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C

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