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Entretien avec Bernard Girard blog École, histoire et Cie, ex-Journal d’un prof d’histoire

Nos lectrices et lecteurs connaissent déjà les billets de Bernard Girard, nous en avons publié un certain nombre issus de son blog Journal d’un prof d’histoire.
Il y a quelques jours, il nous annonçait qu’il déménageait son blog hébergé par Rue 89 pour une nouvelle aventure sur Mediapart (sous le titre École, histoire et Cie). L’occasion pour nous de lui poser quelques questions et d’engager une collaboration plus suivie avec le lancement de ses chroniques sur Questions de classe(s)….

Questions de classe(s) – Quand est comment est née l’idée de tenir un blog – d’abord Journal d’un prof d’histoire sur Rue 89 puis, à présent, Histoire, école et Cie sur Mediapart ?


Bernard Girard –
Mon premier blog remonte à plus de dix ans en arrière (http://journaldecole.canalblog.com/).
2005 : c’était la grande époque des blogs, avant les réseaux sociaux. De façon très significative, la première note portait, déjà, sur la Marseillaise à l’école, que la loi Fillon faisait revenir avec fracas dans les programmes scolaires. Un peu égoïste, certes : mais tenir un blog, c’est aussi une sorte d’exutoire, écrire pour se soulager. Ce blog existe toujours, entretenu régulièrement par les textes que j’ai pu écrire jusqu’à aujourd’hui, essentiellement sur Rue89, avec un blog (http://rue89.nouvelobs.com/blog/journal-dun-prof-dhistoire) tenu assidument pendant 3 ans. Mais ma collaboration avec Rue89 est plus ancienne : de façon tout autant significative, ma première note était une « lettre ouverte à la défenseure des enfants », suite à un sinistre dérapage qui avait vu un élève de 6e violemment maltraité par un de ses profs, soutenu par le ministre de l’EN de l’époque (encore Fillon) au milieu d’un déferlement médiatique écœurant, très révélateur d’une opinion publique qui persiste à trouver légitime « la violence éducative ordinaire ».

Q2C – Quel est le projet de ce blog et de ses billets ? Comment écris-tu, qu’est-ce qui te fait réagir ?


Bernard Girard –
Mes blogs n’ont jamais eu de prétention informative ni pédagogique – d’autres font cela beaucoup mieux que moi – il faut les prendre pour ce qu’ils sont : une sorte de journal personnel d’un prof qui réfléchit à son métier et au monde qui l’entoure.

Il y est question, bien sûr, d’enseignement, celui de l’histoire tout spécialement, d’éducation, le tout sous-tendu (ou parasité…) par des réactions sans doute viscérales en rapport avec des préférences politiques forgées au fil des années : le respect des droits de l’homme et de l’enfant, la construction d’un monde sans frontières et sans guerres. J’avoue, par exemple, n’avoir jamais compris comment, depuis plus de trente ans, l’éducation à la défense a pu s’infiltrer aussi facilement dans les établissements, comment la bombe atomique – une forme aboutie de terrorisme d’état, puisque c’est la population civile qu’elle vise – n’a suscité chez de nombreux collègues qu’indifférence voire approbation.

Si ces préoccupations ne sont pas éducatives, alors qu’est-ce que l’éducation ?

Les derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour l’école, exposée aux critiques les plus brutales, venant de milieux politiques très divers et tendant à lui faire porter la responsabilité du terrorisme et plus généralement de tous les maux de la société. Le refus de remettre en cause les institutions politiques, les structures sociales ou les représentations mentales qui régissent le système éducatif ont conduit à faire de ce dernier la cible privilégiée de toute une mouvance justement appelée « réacpublicaine », malheureusement pas seulement limitée à la droite. Une école mise au pas pour une société mise au pas ? C’est sans doute l’un des enjeux des prochaines échéances électorales.

Q2C – Quel est ton parcours, tes engagements, tes centres d’intérêts historiques, politiques, pédagogiques ?


Bernard Girard –
Après des études d’histoire très classiques, j’ai passé pratiquement toute ma carrière en collège, comme prof d’histoire-géo. Ce n’était pas au départ une vocation, plutôt un simple concours de circonstances mais au fil des ans, le métier a commencé à faire sens et moi à y trouver une satisfaction. Partant d’une formation initiale lacunaire, partiellement compensée par la fréquentation des mouvements pédagogiques, notamment des Cahiers pédagogiques (j’espère ne pas leur faire honte…), mon évolution résulte également de la découverte d’un certain nombre d’auteurs (sans doute pas estampillés Education nationale) qui m’ont profondément marqué : entre autres, Suzanne Citron et ses réflexions tellement prémonitoires sur l’enseignement de l’histoire, Alice Miller et ses travaux sur la maltraitance des enfants, Janusz Korczak, défenseur infatigable du « droit de l’enfant au respect », qui est tout le contraire de la caricature éculée de l’enfant-roi . « Au lieu de se surveiller – affirme Korczak – l’éducateur surveille les enfants et c’est leurs fautes qu’il enregistre et non les siennes. » Un questionnement toujours d’actualité.

Mes centres d’intérêt historiques, tournent principalement autour de l’histoire de l’éducation (qui permet de relativiser bien des choses, de comprendre que l’école d’aujourd’hui ne vient pas de nulle part), de l’enseignement de l’histoire également. La publication des récents programmes d’histoire-géo résulte pour une bonne part de la très grande ignorance de l’opinion publique sur le sujet, ce qui autorise toutes les manipulations. D’où l’intérêt d’un collectif comme Aggiornamento et de sa visibilité dans l’espace public.

Q2C – Tu viens de déménager ton blog sur Mediapart (et l’on retrouvera également tes billets sur Q2C), pourquoi ce choix ? Quels retours as-tu ? Peux-tu nous parler un peu de la fréquentation du blog, des commentaires qu’il suscite, etc. ?


Bernard Girard –
Mon déménagement résulte d’un changement de ligne éditoriale/économique de Rue89, une ligne dans laquelle mon blog ne retrouvait plus sa place. 156 billets, avec la satisfaction non pas de faire parler de moi mais de faire partager mes convictions à des lecteurs nombreux et fidèles. Sur Mediapart, je repars à zéro, avec pour l’instant très peu de retours et une fréquentation que je n’arrive pas à estimer (pas de compteur de visites) mais qui reste sans doute très faible si j’en juge par le faible nombre de commentaires. D’où ma reconnaissance envers Q2C pour le coup de pouce apporté à ce nouveau blog… surtout en période de vacances.

1 Comment

  1. Anonyme

    Entretien avec Bernard Girard blog École, histoire et Cie, ex-Journal d’un prof d’histoire
    Ce que j’ai à dire aujourd’hui n’a sûrement pas un grand intérêt général, mais c’est fou ce que je me retrouve dans le témoignage de Bernard Girard, ayant moi aussi fait toute ma carrière d’enseignant en collège et en histoire géographie éducation civique.
    Une autre convergence: le blog et ce qu’il dit que ça représente pour lui….sauf que moi, jusqu’à présent, j’en suis toujours resté à l’envie et ne suis jamais passé à la mise en pratique…..
    On verra si un jour ça s’avère vraiment utile….Pour l’instant, je préfère l’ascèse de m’en abstenir, sentant très bien qu’un blog ça peut être aussi en grande partie la réponse à la tentation narcissique de s’écouter parler, ou plutôt…de se regarder écrire….
    En d’autres termes s’abstenir de faire double emploi avec quelqu’un qui, en plus, exerce encore, et a déjà une pratique et une audience qui est un gage de qualité et de pertinence.
    Et puis….Q2C me donne l’occasion de m’exprimer de temps en temps, quand c’est vraiment à propos. Que ce journal en soit remercié au passage…..

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