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Entretien autour du stage « Pédagogies alternatives et syndicalisme » (2 & 3 oct. 2014)

Les 2 et 3 octobre, le syndicat Sud Éducation Créteil organise un stage syndical « Pédagogies alternatives et syndicalisme » (voir la présentation ici). L’un de ses animateurs, Pascal Diard, a accepté de répondre à nos questions…

Questions de classe(s) – Peux-tu nous présenter en quelques mots le stage « Pédagogies alternatives et syndicalisme » ?

Pascal Diard – Le stage des 2 et 3 octobre à Créteil, « Pédagogies alternatives et syndicalisme », est, si je puis dire, l’œuvre de la commission « formation » de Sud Éducation Créteil qui a déjà à son actif un certain nombre de stages qui, depuis plusieurs années, essaient de creuser la question difficile du rapport entre luttes syndicales et luttes pédagogiques. En juin 2013, Gatien Elie et moi-même, à la fois militants sudistes et membres du GFEN, intégrons le collectif de cette commission, aux côtés de militant-es expérimenté-es : Natalie Charpentier, Brigitte et Philippe Barre, Sophie Asselineau, Sabine Duran, Philippe Soler. Ce rapprochement avait déjà commencé à se faire lors d’un stage « libéralisme et management à l’école : comment s’en sortir ? ». L’intérêt de cette commission c’est qu’elle fonctionne de manière horizontale, c’est-à-dire ouverte à toutes celles et ceux qui cherchent à construire un autre rapport au quotidien de l’école, un rapport émancipateur cela va de soi. Les réunions de prépa sont à la fois « remue-méninges » et rigoureuses sur le plan de l’organisation avec un partage des tâches (contacts, orga matérielle, rédaction du tract de présentation, etc.). 

Q2C – Comment a-t-il été pensé et organisé ?

Pascal Diard – Donc les 2 et 3 octobre, nous avons voulu croiser des moments d’interventions magistrales (histoire des liens entre syndicalisme et pédagogie ; la question de la « liberté pédagogique » dans le cadre de rapports hiérarchiques) et des moments de partages de pratiques (pédagogie Freinet, pédagogie institutionnelle, GFEN, projet du collège polytechnique d’Aubervilliers). Ce qui me semble important, c’est que ces différents moments du stage s’inscrivent dans une perspective de transformation de l’école telle que le syndicat essaie de la porter (début et fin de stage sont d’ailleurs consacrés à ce travail que j’appellerai « d’utopie concrète »). Le programme plus détaillé est sur le site du syndicat Sud Education Créteil.

Q2C – Comment expliquer ce besoin de construire aujourd’hui des liens entre revendications syndicales et engagement pédagogique – on pense en particulier au succès du stage de janvier dernier ? Pourquoi Sud Créteil a-t-il voulu s’inscrire dans cette dynamique ? Y a-t-il eu des réticences ?

Pascal Diard – Pourquoi ce type de stage se développe dans certains syndicats (Sud Education, CNT essentiellement) depuis quelques années ? 

D’abord parce que l’offensive néo-ultra-pan-libérale sur l’éducation contribue fortement à déconstruire le sens du métier d’enseignant, à la fois tel qu’il s’est forgé dans l’école de Jules Ferry et tel qu’il a été pensé dans ses éventuelles transformations par les mouvements pédagogiques ; s’exprime là, selon moi, chez beaucoup de militants le besoin de retrouver une puissance d’agir sur le quotidien des rapports à l’école, à l’éducation et aux savoirs. 

Ensuite, a commencé à s’accumuler une expérience de stages syndicaux où ces questions ont été abordées dans toute leur complexité : en quoi le combat pédagogique rejoint en partie les revendications syndicales ? Dans quelle mesure le mouvement social que représente le syndicalisme vise à la transformation de l’existant jusque dans ses prolongements pédagogiques ? Bien sûr ce rapprochement ne s’est pas fait du jour au lendemain ; il faut faire avec les différences d’approches à propos de ce qui transforme réellement les pratiques d’enseignement ; il faut surmonter les réticences syndicales à intégrer la dimension pédagogique dans la lutte revendicative, même si cette intégration se joue sur le fil d’un équilibre pas évident à tisser.

Il me semble clair que Sud Education Créteil bénéficie à la fois d’une expérience propre (le 94 et le 93 sont des départements où les contradictions scolaires sont exacerbées et obligent à se « bouger » très vite) et de celle des autres syndicats (j’ai personnellement participé à des stages du même type dans le 92, à Paris, Angers, Besançon avec Sud Éducation). Le stage de janvier dernier a été particulier dans la mesure où il a pu se faire dans une configuration originale, qu’il a été vécu par près de 300 personnes ; il a, à mon sens, servi de tremplin et de regain d’énergie pour des actions de ce genre ; il a rendu plus crédible et plus légitime encore la question pédagogique dans le mouvement syndical.

Loin de moi toute naïveté, ce n’est qu’un début, continuons le débat !

Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C

1 Comment

  1. jean-charles

    bravo! Entretien autour du stage « Pédagogies alternatives et syndicalisme » (2 & 3 oct. 2014)
    bravo! quand j’ai raconté à mon proviseur, qui, pour être homme d’action et engagé, n’est pas très “sudiste” pour autant, que 300 personnes avaient assisté au stage “alternatives pédagogiques”, il a failli s’étrangler : ce serait donc dans les marges que la marmite bouillonne? Que se passe-t-il donc : les organisations officielles recueillent quelques dizaines d’olibrii (?), et les officiants 300? Mais comme le dit Pascal : courage, ce n’est qu’un débat, continuons le début!

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