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Entendre la petite voix du social dans le désordre ambiant

Les drames et évènements qui se répètent ou s’amplifient semblent toujours se répercuter dans la vie de la société, selon un scénario codifié et obligatoire. Une ambiance de paralysie s’empare de l’opinion et de la société. On attend des mots d’ordre, on demande à être rassurés. On ne fait plus rien sans en demander l’autorisation. Dans le doute, on annule tout.

Pour conjurer l’impuissance, l’évidence qu’on a été surpris dans la réalité, on se met à singer dès le lendemain des plans d’urgence et de fausse sécurité qui ne sont visiblement destinés qu’à donner le change.

[rouge]Dans ce cas là c’est toujours aux lieux et aux temps sociaux qu’on s’en prend en premier: on ferme les lieux éducatifs et de culture ou on en rend leur accès difficile[/rouge]. On enferme les écoles, les lieux d’enfance et de loisirs. Les structures sociales, éducatives de culture se barricadent alors qu’en toute logique , toutes , dans de telles circonstances, devraient encore et toujours être plus ouvertes.

Faute d’avoir prévu la tragédie, on base le fonctionnement ordinaire de la société sur la prévention de sa répétition. Au nom de la protection de la société on complique, on rend de plus en plus malaisé et difficile tout ce qui, justement, est social.

C’est le premier paradoxe.

[rouge]Le second est dans l’ordre du discours. On tend au rassemblement et à l’unité de toutes ses forces[/rouge]. On recherche le mimétisme, l’effacement des différences. d’un coup d’un seul (et fût-ce avec violence), on voudrait trouver ou retrouver une « union sacrée ». [bleu]Or, toute assignation à l’union fabrique toujours de l’étrangeté radicale, de la monstruosité absolue qui aboutit dans les faits à diviser irrémédiablement la population, …au nom de l’unité.[/bleu]

Une telle énergie déployée pour trouver une unité introuvable et forcément illusoire ne peut passer que par un arsenal de discours autoritaires. Cela ne va pas sans violence et contrainte interne qui touche à l’étouffement.

[rouge]Dans un tel climat, du côté des publics (et en particulier du côté des publics des politiques sociales) c’est le silence qui devient obligatoire[/rouge]; toute prise de parole, si elle ne coïncide pas exactement par les mots d’ordre en usage, devient dangereuse.

Anticipant une discrimination maintes fois répétées et qui leur semble inévitable, il ne faut pas s’étonner qu’une masse importante de la jeunesse musulmane (et décriée comme telle et comme « immigrée ») , préfère croire à des sirènes complotistes qui la délivreraient d’une culpabilisation obligatoire .

En effet, c’est bien cette culpabilisation d’être à la place où ont a été mis , qui s’exprime sous la forme d’injonctions à désavouer, à déplorer et qui donne une image forcément humiliante, et qui vient redoubler (et même justifier a posteriori) toutes les exclusions.

Nous avons déjà vécu tout cela pour Charlie. Le scénario est bien rodé . Il peut passer aujourd’hui à la vitesse supérieure.

Sans doute , avons nous face à des processus aussi surplombants, un grand sentiment d’impuissance. [bleu]Mais pour autant rien ne nous oblige à y adhérer personnellement et à ajouter notre couche de consentement aux désastres en cours.[/bleu]

On entend de tout dans de telles circonstances et on en entendra davantage dans les jours à venir, des langues se délier. Elles vont toujours dans le même sens: plus de fermeture, plus de sécurité, moins d’autonomies, moins de libertés; plus de morale, de culpabilisation. Plus de régimes sévères ,d’exception et spéciaux.. C’est un sens obligatoire.

[bleu]Il y a une petite voix que l’on n’entend jamais dans de telles cacophonies[/bleu]. C’est la petite voix du social . Celle qui se murmure tous les jours à Robinson, sur nos ateliers, dans nos quartiers, dans les bidonvilles.

[rouge]Cette petite voix est toute autre; elle dit des discours inouïs. Elle raconte que nous faisons chaque jour ce que l’on déclare impossible. Elle dit la parole de ceux qui sont priés de se taire. Elle rappelle que le Monde n’est possible qu’avec tout le monde.[/rouge]

Elle ouvre une autre voie que la violence d’appareil ; dessine d’autres scenarii. Elle permet aux uns et aux autres d’échapper aux caricatures où le cours de l’actualité veut nous réduire.

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Graines d’Orties des KroniKs 5 cent quatre vingt 91

Association Intermèdes-Robinson

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