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Eduquer, n’est pas déchoir…

On trouve encore chez les enseignants du secondaire, implicitement ou explicitement, l’idée que leur rôle est avant tout d’instruire en transmettant des connaissances et non d’éduquer. Pourtant, il n’y a rien de déshonorant, bien au contraire, à endosser cette fonction d’éducation…

Les débats entre éducation et instruction ont été présents dès la Révolution française. Le modèle qui s’est alors imposé est celui de l’instruction tel qu’il est porté par Condorcet. Un système d’enseignement public doit se garder de prétendre éduquer au risque d’être liberticide en interférant dans l’espace privé de la famille.
Mettre en avant la transmission de connaissances, c’est avancer une identité considérée comme intellectuellement élevée du professeur comme expert de sa discipline. A cela, on oppose les fonctions méprisées de l’animateur ou de l’éducateur. Le modèle bourgeois de l’instruction publique est opposé à celui de l’éducation populaire. La pédagogie est alors renvoyée aux méthodes actives mises en œuvre par cette dernière.
Les fonctions éducatives sont dévolues aux familles, mais comme celles-ci sont jugées défaillantes, elles sont reléguées par les enseignants aux CPE et à la vie scolaire.

Des bonnes raisons d’éduquer

Pourtant les fonctions d’éducation sont celles qui sont le plus porteuses de sens à différents niveaux.

Tout d’abord, la fonction d’éducation de l’enseignant est d’autant plus importante à assumer dans une société où les élèves sont envoyés toute la journée à l’école et les parents salariés. Ce rôle de l’école est certainement d’autant plus présent dans une société où les femmes travaillent et où elles ne sont plus réduites à une fonction de mère de famille.

Ensuite, parce qu’assumer les fonctions d’éducation, c’est assumer un rôle dans la transmission de valeurs et d’un ethos. C’est donc prendre en charge la formation de la citoyenneté. En effet, l’implication d’un citoyen dans la vie démocratique suppose qu’il partage un ethos commun. C’est pourquoi les grands penseurs de la démocratie, tels que Rousseau, Dewey ou Castoriadis, ont accordé une place importante à la réflexion sur l’éducation.

Cette dimension éducative est nécessaire pour assumer la dimension pédagogique métalinguistique qui vise à donner sens aux connaissances. En effet, les savoirs ne peuvent acquérir du sens que s’ils sont mis en perspective en faisant apparaître leurs enjeux socioculturels. Or cela n’est possible que si l’enseignant accepte de faire un lien entre la classe et la société.

Enfin, cette fonction d’éducation constitue la base par laquelle l’enseignant peut devenir un authentique praticien-chercheur. C’est dans ses fonctions d’éducateur, de pédagogue et de didacticien qu’il peut élaborer une recherche scientifique authentique qui, à la différence de ses formes purement universitaires, s’appuie sur une expérience et des expérimentations pratiques.

En définitif, il est possible de considérer que la fonction éducative de l’enseignant est à même d’apporter une dimension de sens et des satisfactions morales et intellectuelles que ne peut contenir une vision de l’enseignant réduite à la simple transmission de connaissances. L’université elle-même le comprend de plus en plus quand sous la pression de la massification de l’enseignement, elle prend de plus en plus en compte les dimensions pédagogiques de la transmission de connaissance.

1 Comment

  1. Sonia

    Eduquer, n’est pas déchoir…
    Rousseau disait que nous étions soit un citoyen (de la culture, de la “civilisation”) ou un Homme (de sa nature)… Il observait voire dénonçait déjà à cette époque les relations affectives inexistantes entre plusieurs mères et leur bébé/enfant, déjà en employant une nourrice pour vaquer à de “meilleures” occupations…
    On ne peut pas dire: “n’être que réduite à la fonction de mère”… On l’est à part entière pour le temps que ça se vit; c’est du concret et du réel!

    En fait, il faudrait surtout réfléchir/revenir aux origines de pourquoi on fait telle chose, si c’est réellement choisir… Donc par rapport à “éduquer”, “apprendre”, l’École (qui existe depuis si peu de temps dans notre société humaine occidentale, que l’on n’oublie que ça n’a pas toujours été de même et que ce n’est ni éternel, ni la seule voie!), pourquoi en est-on venu à faire compliquer quand on peut faire simple?
    Ce serait comme créer une école de marche pour bébé; on explique, enseigne, les façons de marcher, comment ne pas tomber ou se faire mal,etc. mais c’est en marchant qu’on apprend à marcher!

    Un petit vidéo intéressant et pertinent, d’un site qui l’est tout autant!:
    http://ladeseducation.ca/lareeducation/anatomie-dune-education-reflechie/

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