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Des regards qui veulent dire « T’inquiètes plus, t’inquiètes plus » (Fauve)

Des regards qui veulent dire "T'inquiètes plus, t'inquiètes plus" (Fauve)

L’insécurité qui parcourt nos villes, nos quartiers, les bidonvilles est partout la même. Elle n’est pas sécuritaire, elle n’est pas délinquantielle, du moins pas dans sa nature première.

Elle est sociale et affective. Les enfants et les parents que nous rencontrons tous les jours, à notre instar, sont malades dela précarité. Nulle confiance en l’avenir, impossibilité de se projeter pour demain. Peur de perdre sa place là où on est; peur de ne plus avoir d’espace quand on a déjà tout perdu.

La maladie de la précarité nous empêche d’habiter là où nous sommes, de nous épanouir là où nous travaillons, de faire groupe et collectivité avec qui nous vivons, de nous accomplir et de nous construire, quand nous produisons.

Elle est fondamentalement un empêchement de créer, d’ajouter, de transformer . Nous qui travaillons et vivons auprès des plus précaires de tous les précaires , nous connaissons l’insuffisance des outils traditionnels de l’action éducative, sociale. Le projet, en soi n’a plus de sens. A quoi bon se projeter quand c’est demain lui même qui est un problème? A quoi bon accompagner quand on ne vas nulle part?

Cela n’a plus d’importance; sauf une, peut être: rester ensemble.

Ce que nous avons et apprenons encore; ce que nous voulons théoriser; ce dont nous voudrions témoigner, c’est ceci: l’importance d’aujourd’hui, de la rencontre, du lien, du groupe, du cercle que l’on retrouve dans tous nos ateliers et toutes nos activités (comme un leitmotiv).

Nous avons appris à ne plus rien remettre à demain, à travailler aujourd’hui et à nous réjouir de la rencontre et du temps présent. DANSER SUR LES DECOMBRES, telle est la manifestation de notre pouvoir de créer, et d’agir ensemble . Le but du travail social est d’en prendre conscience.

Quand nous présentons nos actions, et nos ateliers, nous entendons souvent une difficulté à croire et accepter la réalité des relations que nous créons sur le territoire. Tant de gens sont sceptiques: « Ah bon vous contactez tous ces gens? Ils viennent d’eux mêmes? Ah bon les enfants s’écoutent dans les Conseils d’enfants? Ah bon adultes et enfants s’accordent? Ah bon vous êtes bien accueillis dans les quartiers, dans les camps? »

Et oui la pédagogie sociale, c’est comme la Pédagogie Freinet: « ça » marche. Or, le fait que « ça marche » , loin de convaincre les récalcitrants, les amène à prétendre que si « ça » marche c’est parce qu’il n’y avait pas de problèmes avant.

La réponse est bien plus simple: la Pédagogie Freinet est radicale en ce sens qu’elle s’adresse à la racine des choses et des causes et des problèmes; elle instaure une sécurité personnelle, collective et affective que tous peuvent expérimenter. Elle instaure un climat de communication et d’accordement des relations comme des émotions.

Elle s’adresse au coeur même des personnes et a de l’impact.

2 Comments

  1. Marc Le Teuff

    Des regards qui veulent dire « T’inquiètes plus, t’inquiètes plus » (Fauve)
    Je voudrais savoir si vous connaissez des expériences de ce type en province. Quels liens tissent votre association avec l’école, les écoles?
    J’imagine bien qu’entre un atelier cuisine dans votre association et la confection de gâteaux ou de crêpes à l’école… il y a peu de différences à mon sens.
    Biensûr que cette pédagogie marche. Cependant, je ne suis pas convaincue qu’elle puisse marcher dans tous les milieux. De plus il faudrait que les militants puissent exercer ces pratiques sans que la hiérarchie leur mette souvent des bâtons dans les roues. Là, nous voyons bien que les idéaux “politique” ne sont jamais bien loin.

  2. Anonyme

    Des regards qui veulent dire « T’inquiètes plus, t’inquiètes plus » (Fauve)
    Vous avez bien raison; cette pédagogie est politique. elle devrait prendre place à l’école si l’école était l’école. Masi faute de cela elle prend place dehors
    De notre expérience cette pédagogie “marche” particulièrement bien en zone diffciile et milieu très populaire. Il faudrait l’adapter dans un autre environnement
    Nous avons des ateliers “amis” à Saint Etienne, Die, Grenoble et le GPAS mène des actions dans la même optique à Brest , Rennes et Cap Sizun

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