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Des expérimentations pas anodines

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Première conférence du  Conseil scientifique de l’Éducation nationale, jeudi 1er février 2018 au Collège de France : « Le rôle de l’expérimentation dans le domaine éducatif ».
Après plus de six heures d’intervention, ce qui m’a semblé inquiétant…

Jean-Michel Blanquer, accompagnant le président au Sénégal, une courte vidéo introduit le colloque. Rien de nouveau dans son message, j’ai juste relevé que nous allions assister au meilleur de la recherche internationale moderne.
La plupart des expériences présentées sont « randomisées », c’est-à-dire avec les mêmes étalons que des essais cliniques (médicaments par exemple).
« La randomisation (de l’anglais random, signifiant hasard) est une méthode qui permet d’introduire un élément aléatoire dans une étude. Utilisée notamment dans les essais thérapeutiques destinés à tester une substance médicamenteuse, elle consiste par exemple à distribuer au hasard un placebo (substance dénuée d’effet) ou la substance médicamenteuse testée.  » (Larousse médical)
Les interventions sur les études et différents rapports nationaux et internationaux (DEPP, PIRLS, OCDE…), n’ont rien appris de ce qu’on savait déjà.
Pourquoi le choix de ces expérimentations ?
Trouver dans les expérimentations ce qui peut être reversé dans notre école, car scientifiquement prouvé.

Mes inquiétudes portent sur le métier d’enseignant


Le problème récurrent soulevé : ce qui est révélé dans les « labos » n’influe pas les pratiques enseignantes, même en formant les enseignants. Pas de préconisations pour la formation, mais la collaboration est souhaitée entre chercheurs et enseignants dans les expérimentations (mais sous forme randomisée contrôlée).
Les stratégies déterminées par les labos ne résistent pas à la complexité de la classe (la « situation écologique »), pas d’impact sur les résultats des élèves. Il faudrait changer la structure de la classe…
Une expérimentation retrouvée dans plusieurs expérimentations et qui serait efficace : l’enseignant peut « déléguer les tâches répétitives » à un ou des « agents extérieurs » qui interviendraient régulièrement dans la classe sur des objectifs très précis avec un seul élève à la fois (remédiation, utilisation de logiciels de lecture, de maths…). L’enseignant pourrait alors se réserver au programme avec le groupe classe, le nombre d’élèves ne serait plus un problème. (Et on peut s’inquiéter pour l’avenir des RASED.)
Et la pédagogie ?
Les enseignants « font bien », mais ne pourraient guère faire mieux.
Y a-t-il encore des marges d’amélioration possibles de la pédagogie ?  
La recherche sur la pédagogie serait indispensable  
La pédagogie Montessori est-elle en capacité de déploiement ?
Et les méthodes de lecture ?
 En s’appuyant sur l’imagerie du cerveau, l’apprentissage de la lecture devrait privilégier le décodage (systématicité et régularité). Il demanderait un enseignement explicite du principe et du code alphabétiques, l’automatisation et l’auto-apprentissage (plus on lit de mots plus on apprend à lire).
L’apport du numérique, un incontournable ?
Les logiciels pédagogiques sont essentiels pour faciliter l’entraînement au calcul et à la lecture et surtout « donner aux enseignants des outils simples pour évaluer » les besoins des élèves …
« En une minute, je peux évaluer la lecture d’un élève ! » s’exclame Stanislas Dehaene.
Ces logiciels permettraient notamment de mesurer l’automatisation de la lecture, du calcul et du nombre via une tablette.
L’utilisation de tous ces logiciels (tablette ou ordinateur) pourrait, bien sûr, être accompagnée par un «agent extérieur ».

Pour résumer


L’enseignant deviendrait un simple exécutant avec une pédagogie, des méthodes et des outils reconnus scientifiquement.
Des « agents extérieurs », non enseignants interviendraient dans les classes pour les élèves en difficulté. Une externalisation du soutien à l’interne de la classe.
L’expérimentation pédagogique oui, mais en collaboration avec des chercheurs avec une méthode contrôlée.
Des méthodes d’apprentissages évaluées scientifiquement.
Une certaine utilisation du numérique avec le déploiement de logiciels qui individualisent et responsabilisent l’échec sur l’enfant seul.

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