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De “SOS éducation” à “SOS érection” ?

Visiblement, leur zizi n’est pas sexuel… La très controversée association SOS éducation diffuse actuellement une pétition contre l’exposition conçue par la Cité des sciences et de l’industrie en collaboration avec Zep et Hélène Bruller, d’après Le guide du zizi sexuel paru chez Glénat en 2001.

Bien qu’ultra-conservatrice et néo-libérale (et vice et versa – mais se prétendant bien entendu « apolitique!) l’association bénéficie souvent de relais médiatiques peu regardant quand elle publie des sondages achetés à prix d’or avec les fonds levés par ses campagnes.

Nous en avions parlé sur le site ici

D’habitude l’association bataille pour la méthode syllabique (la fameuse méthode du “C.A – CA” selon les esprits malveillants et impis)

Sur Wikipédia on peut lire quelques informations sur ce mouvement :

Un communiqué commun des collectifs « Reconstruire l’école », « Sauver les lettres » et « Sauver les maths », également engagés dans la défense des méthodes traditionnelles, a vivement critiqué SOS Éducation, l’accusant de gonfler le nombre de ses adhérents par des procédés de publipostage massifs empruntés à Avenir de la Culture. SOS Éducation poursuit Sauver les lettres pour diffamation publique. SOS Éducation perd son procès en première instance le 27 nov 2008 puis fait appel et perd à nouveau son procès devant la Cour d’Appel le 1er juillet 2009.

ça se bagarre sec chez les anti-pédagogues !

L’association en question, « Avenir de la culture » est également présentée sur Wikipédia :

« Avenir de la Culture est une association loi de 1901 pour l’assainissement moral et culturel des médias d’inspiration catholique traditionaliste. Elle émane du mouvement d’origine brésilienne « Tradition Famille Propriété ».
Les deux organisations ont été citées dans le rapport fait par la Commission d’enquête parlementaire sur les sectes de 1995, dont les méthodes ou les résultats ont été critiqués par Bruno Étienne, dans Les sectes en France, Hachette littératures, 2002, page 213. En revanche, Avenir de la culture n’est plus citée dans le rapport de la Commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs (2006). »

Concernant SOS éducation nous renvoyons à l’article publié dans la revue N’Autre école :

SOS éducation : ultralibéral, anti-syndical et anti-pédago

Plus que les thèses défendues, qui sont bien celles de la nébuleuse « réac-publicaine » 1 (idolâtrie pour la méthode syllabique, rétablissement d’un concours d’entrée en sixième, haine du pédagogisme, dénonciation du « lobby homosexuel » et/ou marxiste à l’école, anti-syndicalisme, etc.) SOS éducation se caractérise avant tout par ses méthodes de communication et d’embrigadement et son double recrutement, visant tout autant les parents (et grands-parents) que les personnels. À l’origine du mouvement, Vincent Laarman, qui s’était présenté comme un jeune père de famille « scandalisé par l’in­efficacité de l’école publique » – en réalité, c’est un des correspondants de l’organisation américaine The Separation of School and State Alliance 2.

Anti-pédago et anti-syndical

L’association aime mettre en avant son réseau de 80 000 « membres donateurs » et revendique 220 000 sympathisants. Une audience construite à coup de campagnes marketing agressives (on se souvient des appels à la délation des enseignants n’utilisant pas la syllabique). Le premier « fait d’arme », remonte à l’été 2007, quand l’Ifop rend public un sondage sur « la mise en place du service minimum dans l’Éducation » commandé par l’association. Un mois plus tard, Darcos reprend l’idée lors de sa conférence de rentrée. Car l’action de SOS éducation, c’est aussi un lobbying virulent auprès des élus et du ministère (elle prétend avoir été reçue rue de Grenelle, photo à l’appui, avec ce commentaire : « Vincent Laarman et Xavier Darcos : la voix des parents enfin entendue par l’Éducation nationale. ») 3 Bien sûr, cet activisme sous forme de mailings a un coût prodigieux, tout comme la rémunération de quatorze permanents dans les spacieux locaux du XIII e arrondissement « à deux pas des lieux de pouvoir ». Car, faute de relais dans les établissements, SOS éducation multiplie les campagnes contre des manuels scolaires « non-conformes », les pétitions – lors d’agressions d’enseignants mais surtout contre les grèves dans l’éducation –, les « référendums », sans jamais oublier, tout en bas des envois, l’appel au don… Elle achète des fichiers, notamment sur le site « personnes-aisées » : « Nous avons besoin d’adresses de femmes de 60 ans et plus, grands-mères, ayant au moins deux petits-enfants toujours scolarisés et donatrices à une cause enfant. » La pétition reste l’arme de prédilection : chaque grève, chaque prof agressé est l’occasion de recueillir des milliers de signatures en dénonçant la violence scolaire. Il y eut aussi la pétition de soutien à Darcos contre les désobéisseurs… La stratégie de l’association est de surfer sur le développement d’un discours réactionnaire, relayé par la droite 4 mais aussi par une floraison d’ouvrages catastrophistes sur l’école et de mouvements réac-publicains anti-pédagogiques. Recyclage

Un refrain que l’association recycle pour l’intégrer au projet d’un réseau d’associations Anti-État et anti-service public, ultraconservateur sur le plan des valeurs, regroupées autour de Liberté chérie 5 avec les Cercles libéraux, Sauvegarde Retraite et Contribuables associés, tous classés à la droite de la droite et inspirés des néoconservateurs américains.

Au niveau des idées défendues, derrière les campagnes de circonstance et les déclarations ambiguës, le mouvement affiche aussi ses véritables intentions : « Cela a toujours été un projet délibéré, de la part des socialistes révolutionnaires, de s’emparer de l’école pour combattre pied à pied l’influence éducative des familles. » En promouvant le fameux chèque éducatif, inventé dans le Chili de Pinochet, SOS éducation vise donc la disparition de l’EN. Ainsi, selon Vincent Laarman, il n’y a d’espoir que « si l’Éducation nationale se trouve menacée dans sa survie par la concurrence d’un grand secteur éducatif libre ».

« Individu par individu, SOS Éducation, patiemment, se construit donc l’image d’une présence au sein du système éducatif. Elle commence à citer les noms d’adhérents enseignants et qui “assument” », conclut le journaliste Luc Cédelle au terme d’une longue enquête publiée sur son blog 6. Il s’interroge aussi sur cette alliance réussie et cohérente entre l’ultra-libéralisme et l’anti-pédagogisme. Ce que les pourfendeurs « de gauche » des pédagogies actives ont toujours fait mine d’igno­rer dans leur combat « anti-libéral » pour « sauver les lettres » ou « sauver l’école »… ■

(G. Chambat)

POUR ALLER PLUS LOIN

L’enquête en 5 parties de Luc Cédelle, journaliste au Monde, sur son blog

► Un décryptage de SOS éducation, avec de nombreux liens, sur le site Écoles différentes

► Différentes articles de presse : Libération : (ici et ici), Le Monde, Médiapart, Le Nouvel Obs.

Notes

1 Il est assez croustillant de relever que le mouvement anti-pédagogique Sauver les Lettres ait tenu à se dissocier absolument de SOS Éducation, tout en accusant cette association « de voler sur nos propres sites Internet des informations et des analyses qu’ils sont bien incapables de produire eux-mêmes et qu’ils déforment pour les adapter à leur mauvaise cause ».

2 Alliance pour la séparation de l’école et de l’État.

3 « Or l’association, en tant que telle, n’a jamais rencontré Xavier Darcos. La photo a été prise fin novembre lors d’un petit-déjeuner du Club Concorde, un think-tank fondé par Jérôme Monod. Rendez-vous fut bien pris avec deux membres du cabinet du ministre délégué à l’Enseignement scolaire, mais pas avec ce dernier. L’un d’eux se souvient avoir reçu des représentants de SOS Éducation le 14 janvier : “Je me suis fait traiter de gauchiste pour la première fois de ma vie ! Ils m’ont insulté pendant une heure, m’ont accusé d’être un collabo des syndicats.” Deux mois plus tard, le même conseiller a la surprise de recevoir un courrier très cordial faisant état “de l’accueil et de l’intérêt qu’il a manifesté pour SOS éducation.” », « SOS éducation : L’association dissimule ses liens avec les officines ultralibérales », Airelle Niepce et Emmanuel Davidenkoff, Libération, mardi 1er avril 2003.

4 SOS éducation qui dénonce l’école publique liée à l’État, demande et met en avant le soutien de 144 personnalités politiques. Mais l’association oublie de préciser, qu’à une ou deux exceptions elles sont toutes à droite et pour beaucoup de sa frange la plus réactionnaire et raciste, la « droite populaire ».

5 Liberté chérie était l’organisatrice de la contre-manifestation lors du mouvement sur la réforme des retraites de 2003

6 « L’ultra-vérité sur SOS éducation », enquête en cinq parties de Luc Cédelle, publiée sur son blog « Interro écrite ». On trouve sur le web, en cherchant un peu, beaucoup de renseignements précieux sur cette association.

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3 Comments

  1. Questions de classe(s)

    De “SOS éducation” à “SOS érection” ?
    Peut-être une conception du métier, ceux et celles qui veulent les faire progresser et ceux qui s’amusent à les “piéger” pour mieux les mépriser ?

  2. Loys Bonod

    De “SOS éducation” à “SOS érection” ?
    Ou comment ne pas répondre à la question avec un procès d’intention… Bien sûr je méprise absolument mes élèves, puisque tel est votre bon plaisir. On l’observe d’ailleurs dans tout ce que j’écris et mes élèves peuvent en témoigner dans ma pratique quotidienne !

    Mais plus sûrement : puisque vous parlez de “mépris”, comment qualifier ce qui consiste à dire de collègues qu’ils ne sont pas des “pédagogues” ?

    Au sujet du piège, vous qui vous pensez être un vrai “pédagogue”, devriez peut-être relire (ou lire) Rousseau. ^^

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