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Chroniques bretonnes n°3

Notre instituteur découvre encore la maternelle, non sans embarras. Il nous conte une réunion banale de début d’année, où l’on prend les choses à l’envers… mais l’auteur se garde de dire ce qu’il a sur le cœur. Ces chroniques en langue bretonne ont été publiées sous le titre Yudal ! aux éditions Al Liamm en 2013. Des traductions paraissent chaque mois sur le site Questions de classes.

Kristin se plaignait dans la salle des profs. Bernez était assis à mes côtés et me glissa dans le creux de l’oreille que les petits cochons étaient allés sur le blé noir. Il avait ri bruyamment. J’avais souri. Je n’avais pas compris. Kristin ne comprenait pas pourquoi on devait se rendre à l’école un mercredi alors qu’il n’y avait rien à faire durant cette réunion bidon. Je trouvais le temps long.

Katrin, la directrice, avait dit que nous n’avions pas le choix et que nous devions voir quels enfants étaient le plus en difficulté afin de les garder plus longtemps en soutien. Ça faisait deux jours que l’école avait commencé… Kristin s’était plainte en disant que c’était bête. Katrin avait répondu que c’était bête.

… Paolig… CE2

J’avais vu quelques paires d’yeux s’écarquiller en entendant le nom de Paolig. Pour savoir dès à présent qui serait en difficulté cette année, nous avions pris la liste de ceux qui l’étaient l’année d’avant. Et Katrin les présentait les uns après les autres.

… Sandy… CM1

– On ne va pas se plaindre quand même, dit Vanessa. Ici on est bien loti.
– Chhhh !

La bouche de Julie était dans le creux de l’oreille de Vanessa, le nez de Guillaume dans son journal et les yeux noirs de Katrin sur tout le monde. Il nous fallut nous taire.

…. Gaston… CE1

Vonig m’avait demandé comment ça se passait dans ma classe. J’en avais vu un se nettoyer les dents avec la brosse des toilettes. Répugnant. Ils étaient assez dégoûtants en vérité. Des morveux, de la morve sur le visage, de la morve autour de la bouche, sur les mains. De la morve sur leurs habits, sur mes habits, tous les jours, ils se torchaient le nez sur mon pantalon. Ils ne pouvaient pas s’en empêcher.

J’avais dit que ça se passait bien.

On avait trouvé 24 enfants en difficulté, tant qu’à nous faire travailler plus tard le soir.

***

Les petits cochons sont allés sur le blé noir : il (elle) est de mauvaise humeur

Traduction : Gildas Kerleau & Tomaz Laken

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