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Chers enfants, je vous écris de je ne sais où…

Il y a longtemps, dans une petite école du sud de la France, des enfants se sont mis à écrire à d’autres enfants de France, puis du monde entier, des milliers d’histoires et de dessins d’enfants ont ainsi circulé.

Notre amie Laurence de Cock propose sur Mediapart une série de textes d’enfants mis à jour quotidiennement (voir présentation ci-dessous…)
à suivre absolument !

https://blogs.mediapart.fr/edition/enfants-dici-et-dailleurs-enfants-confines

Et avec un compte Twitter à suivre : @EnfantsIci

Voici l’adresse à laquelle envoyer vos textes : enfantsdupasse@gmail.com

Et le premier texte est désormais en ligne :

https://blogs.mediapart.fr/edition/enfants-dici-et-dailleurs-enfants-confines/article/190320/le-monde-parallele-et-la-maison-confite

Chers enfants,

Je vous écris de je ne sais où. Plutôt si, je vous écris depuis mon confinement. Ce n’est pas un très beau mot, mais enfin il est plus doux à prononcer que celui de “guerre” qu’on entend beaucoup en ce moment.

Je vous écris de ma maison qui me paraît toute petite. Peut-être que la vôtre aussi ? Parce que vous êtes aussi des confinés, comme des millions d’enfants du monde entier.

C’est une situation rare, inédite, pas drôle et un peu drôle en même temps parce que tout ce qui est bizarre ne peut pas être complètement triste. Je m’y sens tellement à l’étroit dans cette toute petite maison que je préfère me dire qu’elle est située “je ne sais où”; comme ça, je peux la déplacer par la pensée où je veux.

Je me présente : je m’appelle Laurence. Je suis une “maîtresse d’école” plutôt pour les grands, et je suis aussi historienne, c’est à dire que je vais chercher dans de vieux documents des évènements qui ont eu lieu il y a un peu, beaucoup, et parfois très très longtemps, pour les raconter dans des livres d’histoire.

En ce moment je travaille sur l’histoire d’un maître d’école qui a commencé à enseigner il y a un siècle (cent ans !) dans une petite école du sud de la France. Il s’appelait Célestin. Lui-même a une sacrée histoire. Blessé au poumon pendant la Première Guerre mondiale, il s’en était sorti mais avait beaucoup de mal à respirer et le médecin lui avait expliqué que ça durerait toute sa vie. C’est sûr qu’il aurait été très très sensible au Coronavirus !

Mais Célestin avait déjà commencé ses études pour devenir instituteur et n’avait pas l’intention d’abandonner son projet. Lorsqu’il commença à travailler, les enfants ne lui firent pas de cadeaux. Il y a un siècle, les élèves n’étaient pas plus sages qu’aujourd’hui, et dans les petits villages, il y avait souvent une seule classe avec des enfants de tous les âges et de tous les niveaux. Ca s’agitait pas mal dans la classe, et les inspecteurs qui venaient voir le pauvre Célestin se demandaient franchement s’il allait pouvoir faire ce métier très longtemps.

Célestin ne s’en sortait pas. Avec ses problèmes au poumon, il ne pouvait pas crier (et même crier ça ne sert parfois à rien) et il n’arrivait pas à faire travailler ses élèves qui refusaient souvent d’apprendre à lire et écrire.

Alors il eut cette idée géniale : au lieu de leur apprendre à lire dans des livres de lecture écrits par des adultes, il allait leur faire écrire eux-mêmes leurs propres histoires ! Et pour que cela ressemble vraiment à un projet sérieux, tous les élèves allaient s’occuper des les imprimer sur du papier, avec des lettres en plomb, pour que le texte devienne celui de toute la classe.

C’est ainsi que les élèves de Célestin ont commencé à écrire plein d’histoires d’enfants qui leur passaient par la tête. Ils avaient aussi le droit de dessiner pour illustrer les histoires. Et cela leur donnait évidemment envie d’apprendre à mieux lire et écrire.

Mais Célestin ne s’arrêta pas là. Il décida aussi de permettre aux enfants de sa classe de correspondre avec d’autres classes. Et en réunissant tous les textes de toutes les classes, on pouvait fabriquer et multiplier les livres !

C’était il y a très longtemps c’est vrai mais beaucoup de maîtres et maîtresses s’inspirent encore de l’expérience de Célestin pour travailler avec leurs élèves.

Alors comme il n’y a plus d’école en ce moment, j’ai eu cette idée : Et si vous écriviez des textes ? On sortirait tous en pensée de nos petites maisons et je les publierais ici. Vous pouvez aussi m’envoyer des dessins. Célestin disait que ce sont des “textes libres”, tout le monde a droit d’écrire ce qu’il veut (d’ailleurs bientôt je vous raconterai l’histoire d’un texte qui n’a pas fait rigoler toute le monde…) : ses rêves, ses colères, ses amours, ses angoisses, ses tristesses…

Image tirée des archives en ligne de l’ICEM

https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/35458

2 Comments

  1. Minvielle anna

    Et pourquoi pas ?
    On m’a toujours dit que les fées ça n’existe pas pourtant il y a quelques jours j’en ai vu une. Elle était toute désemparée dans une fleur carnivore de mon jardin. La pauvre elle avait l’air de tant souffrir. Malheureusement je n’ai pas pu l’aider car je devais mettre le couvert encore une fois. Alors que nous étions à table j’ai parlé de mon aventure. Mes frères et sœurs ont bouffé de rire, ma mère me dit d’un air exaspéré : mais enfin Margaud combien de fois faudra-t-il te dire que les fées ça n’existe pas.
    –Maman je te promets que je l’ai vue.
    –Ma chérie il faut faire la différence entre les rêves et la réalité.
    En me couchant j’y ai repensé. ce n’est peut-être qu’un rêve.
    Le lendemain matin il n’y avait personne dans la maison. Ils étaient tous dans le jardin. Ma mère vient me voir et me dit : ma chérie tu avais raison encore une fois. Soudain, je me suis réveillé. C’était encore un rêve. Dommage. C’était tellement beau.

  2. Anonyme

    Chers enfants, je vous écris de je ne sais où…
    Initiative formidable ! Bravo Laurence, initiative partagée la semaine dernière avec mes petits enfants devant cette situation nouvelle du confinement étatique.
    Je m’explique : Le titre de l’histoire est “Mamie pense bien à toi”

    Constatant que la poste continue la distribution du courrier j’ai remis au goût du jour une correspondance de cartes postales avec mes 6 petits enfants (15 ans à 6 mois), même avec ceux qui habitent à moins de 10 km de chez moi. Et ça marche ! ils sont enthousiastes. Évidemment les autres moyens de communication électronique sont utilisés mais le petit cadeau dans la boîte à lettres : c’est magique. La carte postale est individualisée. Ils peuvent la collectionner, la regarder autant de fois qu’ils le désirent et peut provoquer l’envie de lire : c’est gagnant. Ils la reçoivent comme une sorte d’anniversaire avant l’heure, un non-anniversaire en somme.

    Toutes les initiatives qui créent du lien entre nous sont les bienvenues. Je partage. Merci

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