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Bruce Springsteen… Shut Out The Light… Ou la guerre d’après…

Le 21 février 1916 débutait l’une des batailles les plus sanglantes de la Première guerre mondiale et de l’histoire militaire française. Pendant 10 mois, la bataille de Verdun engagée par les armées allemandes pour “saigner à blanc” l’ennemi français allait coûter la vie à un demi million d’hommes, emportés par le déluge de feu sans précédent.

En ce jour de commémoration, nous relayons un billet du blog Prof en campagne avec l’aimable autorisation de son auteur.

Cette chanson de Bruce Springsteen fut écrite après la lecture du livre de Ron Kovic, vétéran du Viet-Nam, revenu hémiplégique de l’enfer.

https://youtu.be/HZUnWpf8qLg

En 1976, Oliver Stone lui consacrait un film poignant: Né un 4 juillet…

Ron Kovic, dès son retour, s’engagea dans l’action pacifiste. Ce qui lui valut d’être arrêté douze fois par la police américaine, de connaître plusieurs séjours en prison, évidemment toujours en fauteuil roulant. Accusé de “trahison” et de “communisme”, Ron Kovic ne dévia jamais de la trajectoire qu’il avait choisi.

Bruce Springsteen et Ron Kovic sont devenus amis par la suite.

Tout cela pour rappeler, afin de ne jamais oublier, l’ “accueil” très souvent honteux qui fut réservé à tous les combattants de tous les champs de bataille. A tel point que certains, ils l’ont dit, auraient préféré “tomber au Champ d’Honneur” plutôt que connaître le déshonneur du mépris…

Me revient en mémoire cet étrange récit que me fit un jour mon grand-père (Simple soldat; Verdun; Douaumont; Dardanelles; plusieurs citations; Croix de Guerre):

“Je ne suis revenu que deux fois du front. Après j’ai préféré rester là-bas… Quand je rentrais, on me faisait taire. Fallait pas déranger ceux de l’arrière. Et puis, nos histoires, ils y croyaient pas… Alors…”

J’avais huit ans…. Je comprends aujourd’hui ce que fut la “guerre d’après”…

Car à leur retour, ces hommes et parfois ces femmes, furent l’objet de rejet, de mépris, de vexations. Et je ne parle pas du scandale absolu de nos compatriotes coloniaux, morts pour la France et, pour les survivants, trop longtemps et honteusement oubliés PAR la France.

Que ce soit en France et en Allemagne après la Grande Guerre – pour les plus jeunes, ils ne furent démobilisés que plus tard et beaucoup entendirent cette phrase atroce, de la part d’officiers idiots: “Bon, c’est vrai, vous avez fait la guerre. Mais il va falloir oublier tout ça et apprendre à être des soldats!”. On croit rêver! – , en URSS après la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis et au Viet-Nam après la chute de Saïgon, partout et à chaque fois, les “anciens combattants” furent mis de côté. On grava les noms des morts sur des murs de la mémoire. Mais on demanda, à peine poliment, à ceux qui étaient sortis vivants de l’enfer de se faire oublier. C’est tout juste si on ne leur faisait pas reproche d’être vivants!

Alors, en ce jour de commémoration de la boucherie de Verdun et de 300 jours d’enfer vécus par des hommes et des femmes qui n’avaient rien demandé pour l’immense majorité d’entre eux, je pense à toutes celles et tous ceux qui y sont restés, bien entendu, mais aussi à toutes celles et ceux que l’absurdité de la guerre a transformé en parias!

Merci grand-père!…

Christophe Chartreux

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