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Blanquer : l’enseignement passé… au Kärcher !

Monsieur Blanquer peut féliciter ses spécialistes en communication : ses déclarations, en particulier au Parisien du 25 avril, veille de la publication au Bulletin officiel des circulaires correspondantes, sont un modèle de rhétorique, tout à fait propre à rassurer l’électorat le plus conservateur.

Tout y est en effet :

– les éléments de langage pour faire vibrer l’imaginaire des lecteurs et lectrices : un « texte national de référence », une « intelligence collective », les « recherches les plus avancées », « lire, écrire, compter » et surtout « la méthode globale », qui, même si elle n’est employée nulle part, suffit à déclencher les passions ;
– les formules-chocs relevant d’une pensée binaire apte à séduire celles et ceux qui aiment les réponses simples aux questions complexes : « la liberté pédagogique n’a jamais été l’anarchisme pédagogique », « Entre quelque chose qui ne marche pas – la méthode globale – et quelque chose qui fonctionne – la syllabique – il ne peut y avoir de “compromis” mixte. », « Les premiers ont de la chance, les seconds non. », « Les chercheurs ont montré que des méthodes font progresser et d’autres non » ;
– l’argument d’autorité, présenté comme évident et sans contradiction possible, qui vise l’admiration sans distance critique, avec l’invocation répétée de « la recherche » (ou « les recherches les plus avancées » ou « les chercheurs »), sans précision mais avec l’article défini, comme si tou-te-s les chercheurs et chercheuses étaient d’accord ;
– la posture dominante, pour galvaniser celles et ceux qui rêvent d’un chef, un vrai, et qui pensent que les enseignant.e.s, ces incompétent.e.s, en auraient bien besoin : « assurer et assumer », « ce sujet ne relève pas de l’opinion », « Cette pratique ne correspond pas à une bonne méthode », avec même une touche de mépris : « l’anarchisme pédagogique » ;
– la dramatisation enfin, pour saisir les dernières personnalités rétives, et créer de l’inquiétude quant à l’avenir des enfants : « Cela peut avoir un impact assez grave pour la suite de sa scolarité. », « Il serait criminel de l’ignorer ».

Un mot nous suffira donc pour un premier commentaire : bravo pour ce coup de com., qui n’est rien d’autre que cela.

Mais pour ceux et celles qui cherchent, au contraire, des réponses complexes à des questions même simples, parce que, et surtout dans l’éducation, le réel n’est pas réductible à quelque dogme ou à l’idéologie, nous y reviendrons dans les articles qui suivront…

Le collectif Lettres vives

pour tout contact :

contact@lettresvives.org

(Le Collectif Lettres vives a vu le jour pour cela : pour débattre, analyser et construire ensemble, fort-e-s de nos expériences, de nos recherches, de nos confrontations. Nous y parlerons d’école, d’enseignement, de pédagogie, de recherche, d’élèves même, dans leur diversité, mais aussi de réflexion, d’esprit critique, de coopération, d’émancipation. Tout ce que, quotidiennement et obstinément, nous nous efforçons de développer avec les enfants qui nous sont confiés. Nous publierons très prochainement une présentation de notre collectif, de ses objectifs et de ses projets…)

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