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Aperçu de la pédagogie Freinet aujourd’hui, à travers les invariants

Les invariants pédagogiques datent de 1964, le mouvement Freinet s’était rendu compte alors que les conseils techniques qu’il apportait risquaient non seulement d’être insuffisants, mais d’égarer et de décourager les nouveaux venus.
« C’est une nouvelle gamme des valeurs scolaires que nous voudrions ici nous appliquer à établir, sans autre parti pris que nos préoccupations de recherche de la vérité, à la lumière de l’expérience et du bon sens.Sur la base de ces principes que nous tiendrons pour invariants, donc inattaquables et sûrs, nous voudrions réaliser une sorte de Code pédagogique. »
Les invariants pédagogiques dans leur intégralité dans la revue Bibliothèque de l’École Moderne n° 25 : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/18353

INVARIANT N° 1 : L’ENFANT EST DE LA MÊME NATURE QUE L’ADULTE
On peut aussi retourner l’invariant : l’adulte est de même nature que l’enfant…
En pédagogie Freinet, le regard de l’adulte sur l’enfant est global, il ne se réduit pas à l’élève. Il voit un enfant et un adulte en construction.
Ce qui permet, par exemple, de l’accueillir différemment le matin, de lui laisser le temps de se poser, de retrouver ses camarades, d’échanger avec l’adulte… :
Des pratiques : l’accueil dans la classe, l’entretien du matin ou le « Quoi de neuf ?»…
Cet accueil pourrait être généralisé dans tous les espaces éducatifs, offrir aux enfants ce temps « sas » avant de se plonger dans les activités.

INVARIANT N° 2 : ÊTRE PLUS GRAND NE SIGNIFIE PAS FORCÉMENT ÊTRE AU-DESSUS DES AUTRES
Cet invariant complète le précédent, l’enfant même très jeune est différent, en construction, mais il n’est pas considéré comme inférieur.
Dans l’organisation démocratique de la classe, les voix des enfants sont au même niveau quel que soit l’âge, l’adulte lui, est garant de la loi, du règlement de l’école… il permet la sécurité, l’échange et la parole de tous.
La coopération n’a pas d’âge !

INVARIANT N° 3 : LE COMPORTEMENT SCOLAIRE D’UN ENFANT EST FONCTION DE SON ÉTAT PHYSIOLOGIQUE, ORGANIQUE ET CONSTITUTIONNEL
C’est toujours l’accueil de l’enfant dans sa globalité dans une classe ou dans un espace éducatif, l’enfant n’arrive pas en laissant au porte-manteau ce qui fait sa vie. Le milieu familial, social, territorial influe sur le travail et les comportements – positivement comme négativement. Cela paraît évident, mais encore trop souvent, la responsabilité est renvoyée uniquement sur les familles et de manière stigmatisante et culpabilisante. La prise en compte de la fatigue par exemple, de l’absence de petit déjeuner – bref des conditions de vie – est encore rare au sein de l’espace scolaire.

INVARIANT N° 4 : NUL – L’ENFANT PAS PLUS QUE L’ADULTE – N’AIME ÊTRE COMMANDÉ D’AUTORITÉ
Il y a bien d’autres manières de susciter le faire que la commande autoritaire : soutenir, impulser, valoriser, guider, accompagner, encourager, conseiller sont des indispensables de la part de l’adulte et bien sûr dans un climat où coopération et entraide sont des préalables.

INVARIANT N° 5 : NUL N’AIME S’ALIGNER, PARCE QUE S’ALIGNER, C’EST OBÉIR PASSIVEMENT À UN ORDRE EXTÉRIEUR
Les règles de vie élaborée coopérativement sont essentielles, la vie en collectivité en demande. Les institutions comme le Conseil d’enfants (classe, école ou établissement et tout espace éducatif)) permettent la régulation, l’élaboration des règles et de conserver un climat serein.
Il peut y avoir ordre et discipline sans « l’autorité abêtissante dont les alignements dans la cour, les coups de sifflet et les bras croisés sont le symbole ».
La liberté a besoin de coopération réciproque pour que la liberté d’un individu s’accorde avec chacune des autres…

INVARIANT N° 6 : NUL N’AIME SE VOIR CONTRAINT À FAIRE UN CERTAIN TRAVAIL, MÊME SI CE TRAVAIL NE LUI DÉPLAÎT PAS PARTICULIÈREMENT. C’EST LA CONTRAINTE QUI EST PARALYSANTE
Le travail a du sens pour l’enfant s’il est effectué en vue de la réalisation d’une production (texte, recherche) d’un projet (œuvre artistique, exposé, spectacle) ou simplement de réaliser des progrès (entraînements pour une évaluation, consolidation d’une notion ou soutien). La contrainte seule est insuffisante et même contre productive, on entend alors : « Je n’y arriverai pas », « Ce n’est pas pour moi », « Ça ne sert à rien », etc.
Réserver alors du temps pour le travail personnel, avec un plan de travail réfléchi avec l’enfant, avec des bilans réguliers pour améliorer le prochain : ce qui a marché ou n’a pas marché, l’aide dont j’ai besoin, ce que je souhaite…
Pendant ce moment de travail, l’entraide fonctionne et l’enseignant est alors disponible pour aider plus particulièrement un ou plusieurs enfants. Et l’invariant suivant complète très bien. L’enfant peut choisir un travail qu’il n’aime pas trop, car il a conscience qu’il a en a besoin pour progresser.

INVARIANT N° 7 : CHACUN AIME CHOISIR SON TRAVAIL, MÊME SI CE CHOIX N’EST PAS AVANTAGEUX
Et bien sûr, si l’enfant donne du sens à son activité. Apprendre mécaniquement, sans savoir pourquoi ne permet pas de choisir. Que ce soit une opération, un problème à résoudre, une conjugaison, une règle de grammaire…
Par exemple, lorsque l’enfant écrit souvent et que ses textes sortent de son cahier, que d’autres les lisent, il comprend vite la nécessité de l’orthographe, de la grammaire, de la conjugaison. Alors, il s’entraîne… pour réinvestir dans ses écrits.
Ce qui induit l’invariant suivant :

INVARIANT N° 8 : NUL N’AIME TOURNER À VIDE, AGIR EN ROBOT, C’EST-À-DIRE FAIRE DES ACTES, SE PLIER À DES PENSÉES QUI SONT INSCRITES DANS DES MÉCANIQUES AUXQUELLES IL NE PARTICIPE PAS

Et le 9e invariant conclut !
INVARIANT N° 9 : IL NOUS FAUT MOTIVER LE TRAVAIL

INVARIANT N° 10 : PLUS DE SCOLASTIQUE
La scolastique pour Freinet, c’est tout ce qui ne correspond pas aux situations pédagogiques authentiques.On apprend à écrire en écrivant, on apprend à lire en lisant… avec des essais et des erreurs, des retours et des avancées, c’est le tâtonnement expérimental. Il s’agit alors de ne pas séparer les apprentissages du développement de l’enfant et du respect de ses cheminements singuliers et de ses tâtonnements.

INVARIANT10 BIS : TOUT INDIVIDU VEUT RÉUSSIR. L’ÉCHEC EST INHIBITEUR, DESTRUCTEUR DE L’ALLANT ET DE L’ENTHOUSIASME
L’enfant comme l’adulte d’ailleurs.
C’est la part de l’adulte d’accompagner l’enfant dans son cheminement et de lui faire comprendre que l’erreur n’est pas un échec, mais une étape de ses apprentissages.
À la fois être ambitieux pour ne pas laisser l’enfant stagner et ne pas le décourager, valoriser chaque réussite, si petite soit-elle pour activer la dynamique de progrès.

INVARIANT10 TER : CE N’EST PAS LE JEU QUI EST NATUREL À L’ENFANT, MAIS LE TRAVAIL
Freinet souhaite dans cet invariant faire la différence entre l’investissement de l’enfant, son travail, dans ses recherches, productions, et les activités parfois artificielles comme des jeux de lecture, etc. que proposent certaines méthodes. C’est un leurre, voire une tromperie. Néanmoins, donner du sens au travail, ce qui n’a rien à voir avec la besogne comme sont certains exercices répétitifs et fastidieux.
L’enfant travaille quand il décide d’apprendre une technique, de s’entraîner pour une évaluation… mais il travaille aussi quand il passe des heures à préparer un exposé, à construire une maquette, à rechercher des insectes, à écrire des poésies…

INVARIANT N° 11 : LA VOIE NORMALE DE L’ACQUISITION N’EST NULLEMENT L’OBSERVATION, L’EXPLICATION ET LA DÉMONSTRATION, PROCESSUS ESSENTIEL DE L’ÉCOLE, MAIS LE TÂTONNEMENT EXPÉRIMENTAL, DÉMARCHE NATURELLE ET UNIVERSELLE
Comme avec l’invariant n° 10 sur la scolastique, ne pas séparer l’apprentissage du développement de l’enfant et du respect de ses cheminements et de ses tâtonnements.
Mais si l’enfant apprend par ses essais et ses erreurs, l’enfant a besoin d’un milieu suggestif, qui suscite le désir, d’un environnement bienveillant, riche de relations humaines et d’échanges de savoirs.
C’est toute la part des adultes qui environnent l’enfant.
C’est toute la part de l’enseignant, l’artisan de situations pédagogiques authentiques qui suscitent désir, curiosité, questionnements et donc recherches, enquêtes et travaux chez l’enfant.
C’est toute la part de la pédagogie Freinet qui vise des apprentissages ancrés sur la vie, sur l’environnement culturel, social, familial… pour que l’enfant en devienne vraiment acteur, mais pas dans n’importe quel milieu éducatif, il lui en faut un libérateur, coopératif et démocratique.

INVARIANT N° 12 : LA MÉMOIRE, DONT L’ÉCOLE FAIT TANT DE CAS, N’EST VALABLE ET PRÉCIEUSE QUE LORSQU’ELLE EST VRAIMENT AU SERVICE DE LA VIE
Cet invariant relie le fait d’apprendre, de se souvenir avec des situations pédagogiques authentiques.

INVARIANT N° 13 : LES ACQUISITIONS NE SE FONT PAS COMME L’ON CROIT PARFOIS, PAR L’ÉTUDE DES RÈGLES ET DES LOIS, MAIS PAR L’EXPÉRIENCE. ETUDIER D’ABORD CES RÈGLES ET CES LOIS, EN FRANÇAIS, EN ART, EN MATHÉMATIQUES, EN SCIENCES, C’EST PLACER LA CHARRUE DEVANT LES BOEUFS
Ce qui n’empêche pas bien sûr de connaître les règles. Dans une classe ordinaire, la leçon précède la situation. En pédagogie Freinet la « leçon » (synthèse des travaux) suit la situation qui la motive. Une règle de grammaire, d’orthographe sera donnée, explorée après des situations pédagogiques qui en révèlent la nécessité. Bien sûr il y a des règles, des connaissances qui seront données par l’enseignant si aucunes situations ne peuvent les provoquer…

INVARIANT N° 14 : L’INTELLIGENCE N’EST PAS, COMME L’ENSEIGNE LA SCOLASTIQUE, UNE FACULTÉ SPÉCIFIQUE FONCTIONNANT COMME EN CIRCUIT FERMÉ, INDÉPENDAMMENT DES AUTRES ÉLÉMENTS VITAUX DE L’INDIVIDU.
L’individu est sensible aux expériences, plus les expériences réussies se succèdent, plus il se lance et progresse rapidement.
C’est en généralisant, en classe et hors de classe, la pratique du tâtonnement expérimental, en la rendant possible et efficiente qu’on nourrira l’intelligence.

INVARIANT N° 15 : L’ÉCOLE NE CULTIVE QU’UNE FORME ABSTRAITE D’INTELLIGENCE, QUI AGIT, HORS DE LA RÉALITÉ VIVANTE, PAR LE TRUCHEMENT DE MOTS ET D’IDÉES FIXÉES PAR LA MÉMOIRE
Déjà Freinet pensait qu’il y avait des intelligences multiples et que l’école ne les utilisait pas toutes. C’est en 1983, que Gardner les évoquera :
L’intelligence logico-mathématique
L’intelligence spatiale
L’intelligence interpersonnelle
L’intelligence corporelle-kinesthésique
L’intelligence verbo-linguistique
L’intelligence intra-personnelle
L’intelligence musicale-rythmique
L’intelligence naturaliste-écologiste
L’intelligence existentielle
Mais elles sont toujours ignorées par notre école.

INVARIANT N° 16 : L’ENFANT N’AIME PAS ÉCOUTER UNE LEÇON EX CATHEDRA
Si vous donnez une leçon magistrale, peu d’enfants écoutent et ce sont toujours les mêmes… Mais si l’enseignant offre une situation pédagogique où l’enfant commence par agir lui-même, par expérimenter, par enquêter, par lire, par choisir des documents, c’est lui qui posera les questions qui l’ont plus ou moins intrigué.
Les réponses de l’enseignant seront données après, c’est ce que Freinet appelait la leçon a posteriori.

INVARIANT N° 17 : L’ENFANT NE SE FATIGUE PAS À FAIRE UN TRAVAIL QUI EST DANS LA LIGNE DE SA VIE, QUI LUI EST POUR AINSI DIRE FONCTIONNEL
Nous sommes toujours dans le sens et l’investissement que donne l’enfant à son travail, à son activité.
Lorsqu’il est passionné, concentré, il n’entend pas le signal de fin ou la sonnerie de récréation. Dans les moments de travail personnel, c’est fréquent.
Une réalité de la classe Freinet : l’appropriation des espaces et des temps par les enfants : une ruche bien organisée… voire auto-organisée !

INVARIANT N° 18 : PERSONNE, NI ENFANT NI ADULTE, N’AIME LE CONTRÔLE ET LA SANCTION QUI SONT TOUJOURS CONSIDÉRÉS COMME UNE ATTEINTE À SA DIGNITÉ, SURTOUT LORSQU’ILS S’EXERCENT EN PUBLIC
Un principe qui devrait être répandu dans tous les espaces éducatifs, mais on voit encore trop souvent des sanctions humiliantes dans les classes, voire des propos comme : la nullité de l’élève, le manque d’intérêt des parents… et devant toute la classe. Des punitions sont toujours données, malgré les textes.

INVARIANT N° 19 : LES NOTES ET LES CLASSEMENTS SONT TOUJOURS UNE ERREUR
Dans les classes, écoles, collèges Freinet… il n’y a pas de notes : que ce soient des chiffres, des lettres accompagnées de petits plus et de petits moins, ou de petits bonshommes contents ou mécontents, ou de points rouges…
Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de notes qu’il n’y a pas d’appréciation, ni d’évaluation.
En effet, l’enfant, l’adolescent, comme l’adulte d’ailleurs, lorsqu’il crée, qu’il produit, qu’il fournit un travail éprouve le besoin de montrer, de savoir ce que l’on pense de sa création, de sa production, de son travail. Par rapport à lui-même, pour visualiser ses progrès, ses réussites, ses échecs ; pour évaluer ce qu’il a acquis, ce qui lui reste à savoir, et également par rapport au groupe qui aide l’enfant à se situer et à se repérer.
L’évaluation peut revêtir trois aspects : l’évaluation de l’enfant par lui-même (l’auto-évaluation), l’évaluation de l’enfant par le groupe, la classe, l’évaluation de l’enfant par l’enseignant.
L’interaction de ces trois aspects aboutit à une autre sorte d’évaluation qui profite en premier à l’enfant.
Évaluer devient ainsi donner de la valeur, valoriser.

INVARIANT N° 20 : PARLEZ LE MOINS POSSIBLE
On dit aussi « dévolution », surseoir aux explications, permettre aux enfants de prendre en charge leurs apprentissages, laisser un peu de son « pouvoir » d’enseignant : être à côté, au milieu ou parfois derrière, retourner devant pour aider à synthétiser, à développer, à organiser… une part indispensable de l’enseignant qui se prépare en amont.

INVARIANT N° 21 : L’ENFANT N’AIME PAS LE TRAVAIL DE TROUPEAU AUQUEL L’INDIVIDU DOIT SE PLIER COMME UN ROBOT. IL AIME LE TRAVAIL INDIVIDUEL OU LE TRAVAIL D’ÉQUIPE AU SEIN D’UNE COMMUNAUTÉ COOPÉRATIVE
Cet invariant confirme l’importance du travail personnel et d’équipe dans un milieu coopératif et bienveillant qui le soutient, l’aide, le sécurise, lui redonne confiance et estime de soi.

INVARIANT N° 22 : L’ORDRE ET LA DISCIPLINE SONT NÉCESSAIRES EN CLASSE
Comme vu dans l’invariant 5, dans tout groupe géré coopérativement, des institutions comme le Conseil d’enfants élabore les règles, régule les conflits et fait de l’espace un lieu de travail et de vie apaisé.
Leur lien avec le règlement intérieur et des lois en vigueur dans la société les rendent légitimes. L’adulte en est le garant.

INVARIANT N° 23 : LES PUNITIONS SONT TOUJOURS UNE ERREUR. ELLES SONT HUMILIANTES POUR TOUS ET N’ABOUTISSENT JAMAIS AU BUT RECHERCHÉ. ELLES SONT TOUT AU PLUS UN PIS-ALLER
Il n’y a pas de punitions, mais des sanctions définies lors du Conseil pour les transgressions les plus courantes et l’adulte est le garant de ce qui est légal.
Ce sont le plus souvent des réparations, ou une action utile pour la classe ou pour l’enfant lui-même (se mettre au calme par exemple).
L’utilisation de messages clairs est parfois une solution aux « incivilités » comme on dit !
Bien sûr, il peut y avoir urgence, et une mise à l’écart autoritaire d’un enfant peur s’avérer indispensable pour protéger les autres. Le débat et les solutions à long terme se feront dans un second temps. Une réunion exceptionnelle du Conseil peut alors être organisée.

INVARIANT N° 24 : LA VIE NOUVELLE DE L’ÉCOLE SUPPOSE LA COOPÉRATION SCOLAIRE, C’EST-À-DIRE LA GESTION PAR LES USAGERS, L’ÉDUCATEUR COMPRIS, DE LA VIE ET DU TRAVAIL SCOLAIRE
C’est le 24e, mais ce serait le premier à généraliser dans toutes les écoles !

INVARIANT N° 25 : LA SURCHARGE DES CLASSES EST TOUJOURS UNE ERREUR PÉDAGOGIQUE
Déjà en 1936, Freinet demandait 25 élèves par classe ! Et ce n’est toujours pas la norme…

INVARIANT N° 26 : LA CONCEPTION ACTUELLE DES GRANDS ENSEMBLES SCOLAIRES ABOUTIT À L’ANONYMAT DES MAÎTRES ET DES ÉLÈVES ; ELLE EST, DE CE FAIT, TOUJOURS UNE ERREUR ET UNE ENTRAVE
Célestin Freinet baptisait ces grandes écoles d’écoles-casernes.
Et aujourd’hui, la concentration prime sur la conservation des petites structures. Alors, dans ces « grosses écoles » les enseignants Freinet pour donner du temps aux enfants et à la pédagogie choisissent des classes de cycle ou au moins à double-niveau en respectant bien sûr l’hétérogénéité des niveaux scolaires… Ce ne sont ni des classes d’élite, ni des classes d’enfant en difficulté !
D’autres choisissent d’enseigner dans des petites écoles rurales qui d’ailleurs disparaissent petit à petit pour des regroupements dans les bourgs environnants.
Et pourtant, ce serait possible dans une grande école, d’en faire 2 ou 3… mais la volonté politique tendrait plutôt à la concentration pour diminuer le nombre de direction… économie d’échelle comme on dit aujourd’hui !

INVARIANT N° 27 : ON PRÉPARE LA DÉMOCRATIE DE DEMAIN PAR LA DÉMOCRATIE À L’ÉCOLE. UN RÉGIME AUTORITAIRE À L’ÉCOLE NE SAURAIT ÊTRE FORMATEUR DE CITOYENS DÉMOCRATES
L’enfant d’aujourd’hui sera l’adulte de demain, tout ce qu’il a vécu en tant qu’élève nourrira — ou pas – sa citoyenneté. L’enfant humilié ne deviendra-t-il pas un adulte humiliant à son tour ou abusif dans son autorité ?
L’enfant obéissant passif, rejoindra-t-il la cohorte des abstentionnistes ?
L’école décroche certains élèves de ses enseignements, ne les fait-elle pas décrocher également de l’exercice de la démocratie ?
La participation démocratique des enfants dès la maternelle, l’élaboration des règles, les propositions de projets et leur réalisation une éducation civique en exercice !

INVARIANT N° 28 : ON NE PEUT ÉDUQUER QUE DANS LA DIGNITÉ. RESPECTER LES ENFANTS, CEUX-CI DEVANT RESPECTER LEURS MAÎTRES EST UNE DES PREMIÈRES CONDITIONS DE LA RÉNOVATION DE L’ÉCOLE
Un invariant qui renforce ceux qui traitent de l’humiliation, des punitions, de la discipline coopérative et non subie, de la reconnaissance de son intelligence, de ses cheminements particuliers, de ses tâtonnements et de ses erreurs. Et si un enseignant, un adulte ne respecte pas un enfant comment pourra-t-il être à son tour respecté ?

INVARIANT N° 29 : L’OPPOSITION DE LA RÉACTION PÉDAGOGIQUE, ÉLÉMENT DE LA RÉACTION SOCIALE ET POLITIQUE EST AUSSI UN INVARIANT AVEC LEQUEL NOUS AURONS, HÉLAS ! À COMPTER SANS QUE NOUS PUISSIONS NOUS-MÊMES L’ÉVITER OU LE CORRIGER
Et aujourd’hui encore l’opposition et la réaction pédagogique perdurent. Elles sont parfois virulentes et agressives, et parfois étonnantes de par leur origine politique !
Ces réactions sont médiatisées, alors que les pratiques et expérimentations pédagogiques sont ignorées des journalistes… et de l’institution également.
Un pédagogue serait presque considéré comme une personne dangereuse… pour l’École.
Une réaction couplée de nostalgie fantasmée, car la période idéalisée ne concernait justement que très peu d’enfants.

INVARIANT N° 30 : IL Y A UN INVARIANT AUSSI QUI JUSTIFIE TOUS NOS TÂTONNEMENTS ET AUTHENTIFIE NOTRE ACTION : C’EST L’OPTIMISTE ESPOIR EN LA VIE
Sans cet optimisme, nous ne serions pas des militants pédagogues si investis !

POUR CONCLURE
C’étaient les 30 invariants que Freinet souhaitaient voir vivre pour rénover l’école.
On peut affirmer que ce sont bien des principes sous-tendus par des valeurs.
Et aujourd’hui, toutes les techniques, les choix que nous, enseignants Freinet, mettons en place répondent à des principes pédagogiques (expression, création, communication, tâtonnement expérimental dans une communauté coopérative). Comme du temps de Freinet, nous projetons chez l’enfant l’adulte que nous rêvons : un citoyen émancipé, capable de lire le monde et d’agir sur son territoire et sur la société pour les améliorer, les transformer, les protéger…
La pédagogie coopérative pour tous les enfants pour qu’ils apprennent et vivent ensemble, devrait être une sorte de minimum vital pédagogique de toutes les pratiques enseignantes !
Où en est-on aujourd’hui ?
« L’école de la confiance » de Jean-Michel Blanquer qui jette sa défiance sur les enseignants, mais aussi sur les enfants…
… une reprise en main du corps enseignant…
… une remise en cause de la liberté pédagogique…
sans oublier la flatterie de l’opinion publique !

Et pour débuter en pédagogie Freinet  
Entrer en pédagogie Freinet, Catherine Chabrun, Editions Libertalia, 128 p. 10 €
http://www.editionslibertalia.com/catalogue/nautre-ecole/4-entrer-en-pedagogie-freinet

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