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A quoi tiennent nos heures

Publié le par intermèdes

Le hasard est implacable et il est difficile de le regarder en face. Tous , spontanément, nous aimerions croire à deux illusions complémentaires.

D’abord en nous mêmes et en nos propres compétences et vertus. Il nous est difficile d’accepter que nous soyons le produit de ce qui est extérieur à nous même et de ce qui, en somme, nous est arrivé. Notre milieu, notre famille, notre beau parcours. Si nous faisons l’effort de regarder en face , nous ne tarderons pas à percevoir que tout ce qui est aisé nous a été donné.

Complémentairement, nous aimerions croire en la protection de notre société, en nos instances, nos institutions; tout ce qui nous a précédé, nous entoure et qui nous protège en effet quelques fois; Comme des enfants confiants, nous souhaiterions croire que ce qui nous a soutenu , nous a entouré était nécessaire, obligé et certain.

Nous nous refusons de croire au Hasard. Il est vrai que ses leçons sont terribles: elles nous enseignent notre faiblesse, et toutes les insuffisances de notre société et de nos institutions.

Bien entendu, ce que nous rappelle le Hasard, comme l’accident, c’est d’abord la prétention et l’insuffisance de ce qui nous conforte et sécurise. On est toujours dans l’illusion quand on croit qu’on échappera à ce que nous produisons en termes de dangers , que ceux ci soient personnels ou sociaux. On a toujours tort de se croire à l’abri, exempté ou dispensé.

Mais il y a un autre aspect à cette réalité: un jour, au cours de sa vie , ou de son expérience professionnelle, on se rend compte que ce qui a modifié fondamentalement le parcours d’un enfant, lui permettant de s’affranchir de tous les dangers, ne tenait qu’à sa présence accidentelle sur un point favorisé du territoire, ou à sa rencontre avec une personne particulière. Il faut un certain courage pour accepter de reconnaître un tel hasard: il concerne tous les autres enfants qui n’ont pas connu de tel hasard.

Dit comme cela , tout serait extrêmement banal. Nous risquerions de répéter ce que nous savons tellement: les inégalités, et les discriminations. Mais il s’agit de bien d’autre chose; il s’agit de responsabilité et celle ci nous concerne à la fois comme personnes, acteurs sociaux,ou membres d’organisations.


Les leçons du Hasard

De même que nous sommes tentés d’attribuer à des mérites imaginaires , ce qui nous arrive de bien nous sommes habitués à considérer comme des vicissitudes, des atavismes, des choses sur lesquelles nous n’aurions pas prise, tout ce qui nous paraît injuste et déplaisant. Nous nous trompons dans les deux cas.

Nous voyons d’un seul coup le monde sous un autre jour. Il cesse d’être impersonnel et froid. Il cesse d’être anonyme. Les désastres, les parcours éducatifs éducatifs catastrophiques, l’aveuglement de nos services vis à vis de la réalité sociale, ne sont pas inscrits dans des lois ou des structures; ce ne sont pas les conséquences de mauvaises conditions de travail, ou de contraintes qui nous seraient extérieures.

C’est juste que nous n’avons pas su être là où il fallait; que nous n’avons pas voulu voir, regarder, ou que nous n’avons pas tiré les conséquences qui s’imposaient de ce que nous constatons.

Loin de nous absoudre, le Hasard, nous confirme dans la place que nous devrions prendre dans le destins de nos lointains comme de nos proches; il nous confirme que nous pouvons provoquer l’improbable, l’inouï, l’inédit ; tout ce qui peut se produire, et maintenant , à l’occasion de tel ou tel.

Il nous enseigne le Possible. Il nous rappelle chaque jour, une intuition enfantine que nous avons enterrée: nous avons tous des pouvoirs. Mais ceux ci ne sont pas à rechercher dans l’ésotérique, la croyance ou la magie. C’est beaucoup plus prosaïque: ils sont de notre responsabilité.

La Pédagogie sociale est pédagogie du hasard; elle l’intègre dans son équation. Elle permet d’apprendre à le prendre en compte, à non seulement l’accepter, mais à bâtir à partir de lui. De cette manière c’est une pédagogie de la vie, une pédagogie de ce qui nous arrive.

Graines d’Orties des KroniKs SIX cent 4:

LES ATELIERS “”AVENS SAVORE” AVEC LES KESAJ
C’est ce jeudi 18/02, et vendredi 19 , au quartier et à Champlan.
C’est ce samedi et dimanche 20 et 21 à Buno, Avec les enfants en résidence
Dimanche 21 Février: Chantier de Pédagogie Sociale et Recherche-Action
de 10:30 à 16:30, à Buno

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