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Édito Émancipation n° 10

Le site Questions de classe(s) est associé à un certain nombre de revues syndicales et/ou pédagogiques. Il propose l’édito de ces publications en billet de Une. Aujourd’hui, L’Émancipation syndicale et pédagogique n° 10.

Édito

De l’offensive contre l’Enseignement à celle contre les retraites

C’est donc fait. Le 25 mai, les sénateurs du PCF et d’Europe Écologie les Verts (EÉLV) ont voté avec ceux du Parti socialiste le projet de loi Peillon, dit “de refondation de l’école”. Et cela au moment même où le gouvernement engage l’offensive contre les retraites.

La loi Peillon est parfaitement réactionnaire. Elle est une étape considérable dans la dislocation de l’Enseignement public, des programmes et diplômes nationaux, et des garanties statutaires des personnels.

Ce vote avait été préparé par l’abstention du PCF (et d’EÉLV) à l’Assemblée. Quelques amendements marginaux ont suffit au PCF et à EÉLV pour justifier un soutien ouvert.

Sans préjuger de la décision finale en seconde lecture, ce vote prépare des alliances en vue des élections municipales. Mais il correspond aussi à une nécessité : désamorcer par avances les résistances qui se manifesteront quand les personnels et les familles seront confrontés aux décrets d’application. Ce vote s’ajoute au “dialogue social” permanent de Peillon avec les directions syndicales, qui ont minimisé la gravité de la loi et permis à Peillon de “finaliser les détails de la réforme”. Les résistances ont ainsi été désarmées.
À l’université où la résistance fut de grande ampleur pour exiger l’abrogation de la LRU, l’intersyndicale est aujourd’hui obligée de refuser le projet Fioraso qui approfondit la LRU. À l’Assemblée, le PCF et EÉVL ont donc voté contre. Cela n’empêche pas la loi de passer car, en discutant des mois durant, ligne à ligne, la loi Fioraso, les directions syndicales ont entravé les mobilisations.

Cette méthode de dialogue social, jugée “exemplaire, innovante et efficace” est issue de cet “authentique moment de démocratie sociale” (Ayrault) que fut la “grande conférence sociale” de juillet 2012 ! Hollande entend la poursuivre afin de s’attaquer aux retraites. Ses priorités ? Une nouvelle augmentation de la durée de cotisation (on parle de 44 ans !), la désindexation des pensions de l’inflation officielle. Plus que jamais, le code des pensions, le régime par répartition sont menacés.

Pour ce faire, le gouvernement a convoqué une nouvelle conférence sociale les 20 et 21 juin 2013.

Faut-il préciser que tous les chefs syndicaux, tout en protestant contre ces projets inacceptables, voire même en appelant à la lutte, se précipitent dans la concertation !

Participer à cette conférence sociale, puis aux concertations prévues, revient à se situer sur le terrain du gouvernement et du MEDEF. C’est renoncer à défendre les acquis en matière de retraite, le retour aux 37,5 annuités, la retraite à 60 ans à taux plein ; c’est renoncer à exiger l’abrogation des contre-réformes Balladur, Fillon, Woerth-Sarkozy.

C’est la raison pour laquelle Émancipation combat pour que l’unité se réalise sur ces revendications, contre toute nouvelle réforme des retraites. Et par conséquent, pour que les directions syndicales boycottent la conférence des 20 et 21 juin.

Et, si déficit des caisses de retraites il y a, la réponse est simple : suppression des exonérations, augmentation des cotisations patronales !

Voilà qui situerait la lutte contre l’austérité en défense du salariat. Faute de quoi le combat contre “l’austérité” n’est qu’un ralliement à la politique dite de “relance” réclamée par une fraction croissante de la bourgeoise, et qui signifie en réalité : crédit d’impôt pour les patrons, baisse des salaires, flexibilité du travail.

Hélène Bertrand

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