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Notre mode de gouvernance (III): Directivité versus Dirigisme

Pour lire l’introduction et la partie I Notre mode de gouvernance : Appropriation http://www.questionsdeclasses.org/?Notre-mode-de-gouvernance-I
Pour lire la partie II Notre mode de gouvernance : Clarté versus Transparence
http://www.questionsdeclasses.org/?Notre-mode-de-gouvernance-II

L’éducation nouvelle (source de la plupart des théories et pratiques qui ont inspiré et inspirent l’Education Spécialisée et l’Education Populaire) apparaît souvent comme une grande boîte de Pandore , d’où émergent sans ordre , ni distinction toute une série de grands principes: l’activité, la créativité., et… la NON DIRECTIVITE

Définie par Carl Rogers comme modèle thérapeutique , le principe de non directivité dans les années 60 du siècle dernier, a fait grand bruit. Encensé par les uns, représentant la source de tous les troubles sociaux pour les autres, le concept a sans arrêt été retiré de son contexte théorique, pour servir de cible ou d’étendard.

Mais au delà de sa période de gloire et de polémique (qui n’a pas dépassé les années 70), le concept , rendu mythique par l’oeuvre du psychanalyste A.S. Neill et de son exemple de Summerhill, est devenu comme une sorte de fondement indiscutable pour toute organisation, tout collectif, tout processus un peu « alternatif ». Les choses seraient claires : c’est mal d’être directif.

Le monde s’opposerait en deux tendances simples pour les organisations:

– Un modèle descendant directif, hiérarchique et autoritaire .

Et d’un seul contre modèle qui découlerait tout simplement du négatif du premier:

– Un modèle horizontal, égalitaire et « non directif ».

C’est toujours un problème de ne pouvoir nommer un concept qu’on prône que par une appellation négative : « anti ceci », ou « non quelque chose ». Il est toujours plus intéressant de pouvoir nommer ce que l’on cherche, positivement.

Il en est ainsi de la »non directivité ». Comme acteurs sociaux, enseignants , animateurs, éducateurs, parents, nous faisons tous le constat que les moments créatifs naissent rarement de situations non directives. Les contraintes , les résistances, le hasard, les nécessités, tout ce qu’on n’a pas voulu, pas décidé , pas anticipé , sont ce qui nous oblige à faire du neuf, à rompre les routines.

En Pédagogie , il n’y a pas d’opposition, comme on se l’imagine entre ce qui est contraint et ce qui est libre, mais entre ce qui dépend de l’arbitraire et ce qui dépend de la réalité.

La Pédagogie Freinet pour ceux qui la pratiquent et qui la regardent en face, n’est jamais par exemple une pédagogie de la non directivité. Au contraire, tout dans l’organisation du conseil ou du travail des enfants découle de réalités, de nécessités et d’exigences. La liberté vécue par les personnes et les groupes ne provient pas de l’absence des directions nées de ces contraintes, mais par la prise de conscience qu’on en a et l’appropriation du processus de travail, qui en découlent.

Il n’y a certes pas de « dirigisme » dans la Pédagogie Freinet, au sens de monopole ou d’incarnation des pouvoir de décision; mais pour autant , il y a bel et bien, de la directivité.

Ainsi nos activités en Pédagogie Sociale sont à la fois libres (libre adhésion, libre initiative) ET directives ( affirmation d’une organisation nécessaire orienté vers « l’assemblée » et les pratiques langagières d’expression). Liberté et directivité se nourrissent l’une de l’autre.

Nous mêmes en tant qu’acteurs, pédagogues, ne sommes jamais « neutres » , jamais en retrait. Nous ne nous voyons pas comme des observateurs désincarnés, des spécialistes distants mais au contraire comme des acteurs /auteurs engagés dans les mêmes situations et militant pour une organisation à construire.

Nous avons notre direction, nous avons nos références et nos préférences et tout cela caractérise aussi notre mode de gouvernance : celui ci est directif. Il y a un cap, et autant de capitaines qu’il en faudra.

Comme le remarquait Makarenko , ce qui compte avec les capitaines, c’est que chacun puisse le devenir à son tour. Là encore, la directivité assumée, rompt avec le dirigisme: ce qui compte pour le premier modèle c’est que chacun puisse tour à tour , exercer autorité , responsabilité et pouvoir de décider et d’agir.

Il s’agit de mettre en oeuvre d’une façon inconditionnelle, durable et régulière nos « basiques » (les ateliers de rue, les Conseils, les moyens d’expression) . C’est de ce « directif là » , que peuvent découler mille initiatives , et bien plus d’expression.

Un fois le cap assuré, la barre change de mains, le navire sert à tous , mais ce qui rassure chacun à son bord et rend efficace son action, c’est qu’il va quelque part.

Lire la suite http://recherche-action.fr/intermedes/2014/11/23/notre-mode-de-gouvernance-iii-directivite-versus-dirigisme/

1 Comment

  1. erwan

    Notre mode de gouvernance (III): Directivité versus Dirigisme
    c’est de cela dont il s’agit. et ce n’est pas lié à une activité educative de rue.

    Je me retrouve exactement dans ce qui se dit, à travers ce que certainEs ont appelé pédagogie de la mouche, le truc qui n’est pas né de Bernard, mais chemine, par bien des lignes d’erre, comme celle des fenêtres ouvertes, de JM Calvi, pour ne parler que ceux qui écrivent;

    péda sociale et péda 3type, voir celle de Jacotot, selon moi il s’agit de la même direction, l’une intramuros, au fenêtre ouverte, l’autre extra muros, réinstallant des limites spacio temporelles là, où il n’y en avait pas, ou plus… pour un même objectif.

    dans les deux cas, les parallèles concernent en germe cette histoire de directivité, péda 1er type/péda traditionnelle, péda 2ème type/pda nouvelle, péda 3ème type/péda sociale…

    et comment expliquer, dire nos agir de directivité non dirigiste, ou dirigiste non durable, dans le sociale 3ème type, n’est pas des plus simples. oui cela peut sembler autoritaire, à un instant T. si le regard ne prend pas le temps de parcourir les différentes ligne qui s’entrecroisent et construisent la même direction d’un collectif humain. oui un chef peut sembler apparaitre, alors qu’il n’est plus l’instant (parfois durée de quelques heures) d’après… juste dire, j’ai pris la barre, je suis de quart, pour filer le train à la métaphore maritime de Laurent.

    je l’ai vu en stage péda social, je l’ai vécu en navigation, je l’ai vécu dans la classe, et je le vis en groupe d’adulte cherchant à créer un espace éducatif d’un “3èmetype social”.
    Ce n’est pas simple, d’exprimer, d’expliquer, de décrire, par exemple, dans un projet pédagogique, qui s’adresse à des parents en quête parfois d’autres voies, que oui il y aura de la liberté, mais il y aura aussi des coups de pieds au derrière !

    la formule de Makarenko, m’a fait pensé aussi au maitre ignorant, Jacotot, Rancière, qui me semble bien enfoui, j’ai l’impression, un peu loin des réflexions éducatives. Péda Nomade l’avait comme livre de chevet, je crois… ce qui n’est pas sans attirer l’intérêt…

    au passage, une belle illustration de ce “directif la” et maintenant, est à voir dans ce reportage passé sur arte il y a quelques jours : http://info.arte.tv/fr/roms-en-slovaquie

    et contrairement à ce qu’affirment des voix même parfois au fond du 2ème ou 3ème type, les compétences, la programmation, les progressions préétablies (dans un plan de travail possible) l’évaluation – même par des arbres de connaissances – n’ont pas lieu d’être … sauf à participer de ce dirigisme… qui n’est pas “las” celui la.
    Erwan / marseille
    http://micro-ecole-bricabrac.org
    http://rhizome.3type.org

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