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Invaders Welcome *

Édito de L’Émancipation syndicale et pédagogique n°1, sept. 2015

L’emprise capitaliste sur le monde, sur les politiques des partis gouvernementaux et sur les médias dominants ne suffit pas à expliquer la dérive du pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793, vers des politiques de plus en plus réactionnaires, xénophobes et d’exclusion. La perte d’audience des partis de gauche comme de droite, qui mettent en œuvre l’austérité dictée par l’Europe, profite à l’extrême gauche dans plusieurs pays. Pas en France, où c’est le FN qui surfe sur le refus de l’UMPS, notamment grâce à sa banalisation par le PS et l’exUMP (et, notons le, par une partie de l’Église).

La France a construit sa puissance grâce à la colonisation, puis à sa politique impérialiste néo-coloniale dopée par Hollande. Oublieux de cette énorme dette vis-à-vis des peuples colonisés, le pouvoir mène, dans le pays comme en Europe, une politique qui revient à laisser mourir en mer, dans les grillages de Melilla et de Calais ou dans des camions frigorifiques, ces milliers d’êtres humains qui auront été privéEs de conditions de vie acceptables par les conséquences de la colonisation et par l’oppression (guerres et spoliations plus ou moins directement diligentées par les impérialismes US, russe, chinois, iranien… et français).

La république française, une et indivisible, n’en est pas à une incohérence près quand elle empêche les migrantEs de rentrer à Menton et de sortir à Calais. À Paris, le gouvernement et la mairie partagent la responsabilité des expulsions de l’été sans solutions pérennes. Il faut dire qu’ils avaient d’autres urgences ! Cazeneuve devait perpétrer au plus vite l’expulsion du camp de Rroms de la Courneuve, vu que le défenseur des droits avait tenté de l’en dissuader. Quand à la Maire de Paris, il lui a fallu, avec le soutien de Hollande et de Valls, organiser l’initiative “Tel Aviv sur Seine”, touchante solidarité vis-à-vis d’un autre colonisateur, l’état raciste d’Israël, qui opprime les Palestiniens et qui de son côté organisait “Gaza sous les bombes”.

On attend toujours les réactions de la plupart des syndicats, des politiques “de gauche” et d’EELV (particulièrement des transfuges si bien médiatisés) à cet été si dramatique pour les migrantEs. Ces silences assourdissants laissent les coudées franches à Valls pour aller plus loin avec ses trophées de chasse aux immigréEs et aux Rroms et avec son projet de nième loi sur l’immigration qui, outre l’exclusion du plus grand nombre, institutionnalise la délation obligatoire pour les travailleurEs de nombreuses structures dont l’Éducation (voir ci-contre la motion de l’AG statutaire de la Semaine Émancipation).

Du coup, la droite et l’extrême droite ne se contentent pas d’engranger dans les sondages ces cadeaux de Valls. Elles se plaisent à chercher quels droits elles pourraient encore retirer à ces “clandestinEs”. Et de plus en plus de gens leur emboîtent le pas, oublieux du fait que leurs propres parents ont dû se battre pour ces droits, comme migrantEs, travailleurEs ou militantEs…
L es représentants de cette France si fière de ses “humanités”, qui fondent sa “culture classique” et sa devise républicaine, contribuent à ostraciser le peuple grec, à l’origine de cette culture. Aussi disertEs à afficher leur soutien que muetEs dans les instances où se scelle le sort de la Grèce, ils envisagent sans doute pour ce peuple le sort réservé à un autre peuple d’Europe, les Rroms.
Répondons à ces urgences. Sur nos lieux de travail, dans les syndicats, les quartiers,… marquons la solidarité active avec les immigréEs, en exigeant la régularisation de touTEs, avec droit au travail, au logement, à vivre en famille et de vote, ainsi que le retrait de l’article 25 du projet de loi sur l’immigration institutionnalisant la délation ; rejoignons les associations et collectifs de soutien qui se battent sur le terrain comme RESF ; contribuons à l’émancipation des peuples (grec, syrien, palestinien…) qui résistent au colonialisme et aux dictatures politiques… ou financières .

Olivier Vinay, le 28 août 2015 ❏

* Ce titre fait référence à l’installation cet été du plasticien Martin Le Chevalier au
Domaine du Dourven à Locquémeau “Le jour où ils sont arrivés”.

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