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A l’école, la répression ne doit pas remplacer l’éducation Communiqué de la CGT éducation

Au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier, dans un climat “d’union nationale” instrumentalisé par le pouvoir, et sur fond de psychose collective contre “ceux qui ne sont pas Charlie”, l’école a montré un visage répressif qui tourne le dos aux valeurs qui sont les nôtres.

Le gouvernement a abondé dans ce sens, notamment François Hollande lors de ses vœux au monde éducatif.

Ainsi, des élèves ont été dénoncés à la justice et pour certains emprisonnés, accusés d’avoir perturbé la “minute de silence”, ou d’avoir refusé de la faire, ou encore, accusés d’avoir fait “l’apologie du terrorisme”, pour des propos tenus à cette occasion.

Par ailleurs, même des enseignants, comme à Poitiers aujourd’hui, peuvent être sanctionnés simplement pour avoir mené, avec leurs élèves, la réflexion sur les causes du drame, pour avoir répondu aux questionnements des jeunes.

Ces réactions sont complètement disproportionnées et n’ont pas lieu d’être. Au-delà des attitudes provocatrices propres à l’adolescence, les propos et réflexions de certains jeunes nécessitent échanges et éventuelles confrontations, et non pas la répression. Être éducateur, c’est d’abord comprendre le point de vue de l’enfant, du jeune, comprendre ce qu’il exprime et pourquoi il l’exprime, en saisir la part de vérité, pour l’aider à avancer.
Le dialogue et le débat, sur une base rationnelle, doit toujours être la réponse qu’on apporte à la jeunesse, et non la culture de la soumission si chère à tous les forces réactionnaires, du MEDEF au FN.

L’école seule ne changera pas la société, mais elle peut contribuer au mieux vivre ensemble, à condition que les éducateurs que nous sommes restent dans leur rôle, et ne deviennent pas des auxiliaires de police.

La CGT Educ’action demande au ministère de ne pas utiliser l’institution à des fins punitives. L’avenir est au développement dans la société de politiques sociales contre l’exclusion et les discriminations, et de politiques éducatives qui ne visent pas à imposer des “valeurs” déconnectées du vécu des enfants et des jeunes, mais à faire partager des valeurs communes d’égalité et de respect, et de solidarité contre les injustices.

Montreuil, le 3 février 2015

2 Comments

  1. janine casevitz-weulersse

    A l’école, la répression ne doit pas remplacer l’éducation : remarque
    Non seulement
    “L’école seule ne changera pas la société…” mais c’est la BASE de tout changement, l’origine de toute évolution des esprits :
    une école apprenant aux enfants, depuis la maternelle jusqu’au bac, à réfléchir, à exercer un juste sens critique et à tirer personnellement les leçons de ce qu’ils apprennent, par l’observation, l’analyse, la lecture etc…, leur apprenant aussi le respect de l’autre, la tolérance,la diversité des cultures, etc.etc.

  2. Béranger

    A l’école, la répression ne doit pas remplacer l’éducation Communiqué de la CGT éducation
    La minute de silence que les établissements scolaires ont dû respecter ne suffisait évidemment pas pour dénoncer cette odieuse tentative d’atteinte à la liberté d’expression. C’est une authentique vie scolaire démocratique qui aurait été nécessaire pour prendre le temps de mener de vraies réflexions sur un sujet aussi fondamental. En sachant entendre les recherches de réponses de tous et les défiances de certains, cet autre monde éducatif aurait été en capacité d’entraîner nos jeunes au-delà de la provocation et de l’ignorance.

    Mais hélas la dure réalité est celle d’une institution qui se conforte dans sa traditionnelle logique autoritaire et réactionnaire. Les personnels de direction, en supplétifs des services de renseignements, sont désormais chargés de détecter « des signes précurseurs des pratiques de repli et de radicalisation ». Et l’impensable arrive …

    1 De jeunes enfants sont incriminés sans discernement !.. Le 15 janvier dans l’Aisne un écolier de 9 ans est auditionné par la gendarmerie pour « apologie du terrorisme » après que les responsables de la cantine aient signalé des propos rapportés par un camarade. Le 28 janvier à Nice, un enfant de 8 ans, est convoqué au commissariat suite à un dépôt de plainte du directeur et la ministre le justifie par l’attitude de son père furieux de l’absence de bienveillance de l’école. Le 3 février, à Cagnes, une élève de CM2 a été entendue par la gendarmerie pour des propos “inquiétants”.

    2 Et les enseignants subissent aussi !. A Poitiers, le 21 janvier, un professeur de philosophie, pourtant clairement soucieux dans sa pratique professionnelle de s’appuyer sur la réflexion de ses élèves, est suspendu sur la base de dénonciations dont il n’a toujours pas eu connaissance.

    Soyons réactifs pour contrer ces pratiques qui n’ont rien à voir avec l’éducation. Tout d’abord au moins signer cette pétition d’indignation contre l’islamophobie :

    https://www.change.org/p/faisons-toute-la-lumi%C3%A8re-sur-l-affaire-ahmed8ans-najatvb-chtaubira-islamophobie.

    Mais surtout oeuvrons pour que soit mis en œuvre dans les établissements scolaires un vécu concret de la citoyenneté..

    Et pour le prof victime de l’arbitraire signons aussi la pétition qui circule en sa faveur : http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2015N47300

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