Un livre étrange au premier abord puisque le sujet central est la manière dont sont traités les cadavres des morts (français) de la Première Guerre mondiale.
L’auteure y analyse très finement le contexte de la mort, – très précisément du corps des morts -, sur le champ de bataille ou à l’hôpital. La majeure partie du livre traite de l’immédiate après-guerre avec l’aménagement des cimetières militaires et surtout du retour des morts dans les familles et les villages. Les premières décisions étaient de ne pas rendre les morts aux familles mais après une longue bataille juridique, une loi de 1920 autorisera aux frais de L’État la “démobilisation des morts“. Ce qui donnera lieu à des procédures militaires et civiles, à l’organisation des exhumations et des transports, aux cérémonies patriotiques et bien sûr la possibilité donnée aux “mercantis de la mort” de s’enrichir…
Un livre très documenté, avec de nombreuses citations, récits de demandes de restitution des corps et de témoignages des familles (lettres aux autorités), qui navigue entre histoire et anthropologie. L’auteure et l’éditeur nous indiquent que ce travail historique a été à l’origine de Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, roman que je vais m’empresser de lire ! FS.
Béatrix Pau, Pierre Lemaitre (préface), Jean-Charles Jauffret (postface), Le Ballet des morts. État, armée, familles : s’occuper des corps de la Grande Guerre, Vuibert, 2016, 368 p., 21 €.