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« Bout de vie … d’apprenti » Concours de nouvelles

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À l’occasion du lancement de concours de nouvelles par le Syndicat unifié du bâtiment (Sub) à destination des élèves des lycées pro nous avons interrogé l’un de ses animateurs pour qu’il nous présente la démarche de ce projet.

arton587-8dd48.jpg (voir la présentation du concours sur le site Q2C et sur le site du Sub)

Q2C – Peux-tu nous présenter le projet lancé par le Sub ?

Le syndicat souhaite donner la possibilité à des jeunes en formation dans les métiers du BTP de produire une œuvre originale (nouvelle) pouvant être adaptée pour le cinéma (court-métrage).

Nous souhaitons nous appuyer, pour cela, sur la compétence professionnelle des enseignants de Lettres pour la phase initiale (nouvelle), puis sur des jeunes en formation à l’image (facs ou écoles de cinéma) pour la réalisation de courts-métrages.

Considérant que la dignité passe par une reconnaissance de ce que l’on est vraiment, ce projet à pour vocation d’aider des jeunes à « rentrer dans le métier », la tête haute.

Q2C – Comment est née cette idée ?

Cette idée est née de notre expérience de plusieurs années d’animation d’un ciné-club syndical, alliant projection de films et production d’images.

Au travers de cette expérience nous avons tenté de mettre à disposition une véritable, même si succinte, formation à l’image (écriture, tournage, montage) pour les membres de notre syndicat, qui sont des travailleurs en activité.

Nous interrogeant aussi sur le moyen de toucher les travailleurs en formation nous en sommes arrivé à envisager une manifestation alliant les deux.

Q2C – Qu’attendez-vous de ce projet ?

Une multitude de réponses !

De grandes émotions !

Du plaisir à prendre et partager !

De la fierté dans l’œil des compétiteurs !

Un lien plus solide entre travailleurs de l’éducation et du BTP !

De la fierté dans l’œil des compétiteurs !

Et beaucoup de surprises pour un monde qui reste à bâtir …

Q2C – En quoi cette démarche correspond-elle à la conception du syndicalisme que vous développez ? Sous la Commune, Henri Bellenger écrivait :

Il faut, enfin, qu’un manieur d’outil puisse écrire un livre, l’écrire avec passion, avec talent, sans pour cela se croire obligé d’abandonner l’étau ou l’établi. Il faut que l’artisan se délasse de son travail journalier par la culture des arts, des lettres ou des sciences, sans cesser, pour cela, d’être un producteur.

est-ce dans cette tradition historique que la démarche s’inscrit ? En quoi est-elle encore d’actualité ?

C’est bien évidemment dans cette démarche que nous nous inscrivons, à la nuance près que la généralisation de la scolarité nous a paradoxalement éloignés d’une revendication portée à l’époque par des ouvriers autodidactes qui n’avaient souvent que cette seule voie pour accéder à une culture qui leur était interdite. La scolarisation nécessaire, aux développements technologiques puis à la culture de masse ne « vaporise », souvent qu’un vernis qui masque un véritable désert culturel en détruisant par uniformisation les reliquats de cultures populaires largement orales.

Avant qu’un « manieur d’outil » puisse écrire une chanson, un article, un livre, un film, il faut d’abord qu’il puisse se rendre maître d’une parole : qu’elle soit parole de détresse, revendication à la paresse ou cri de révolte, Or nous constatons chaque jour combien d’ouvriers sont muets !

Écrire un livre était certainement une œuvre de noblesse ouvrière au 19ème siècle. Pouvoir prendre la parole dans une assemblée, lors d’une réunion syndicale, dans une émission de radio, c’est déjà un pas décisif dans la revendication d’un droit à la culture. Combien de fois n’avons-nous pas entendu, lors de nos interrogation, sur la faible fréquentation de notre ciné-club syndical, nos camarades nous répondre : « La culture ! on n’en a pas besoin ! »


Q2C – Quelle est la vision des militants du Sub sur l’école et en particulier sur l’enseignement professionnel ?

Vrai ou fantasmé le dicton qui voudrait que : « si tu travailles mal à l’école, tu finiras … dans le bâtiment », ne peut que rendre méfiance les travailleurs qui y sont (dans le bâtiment !). L’école républicaine semble abandonner ses vilains petits canards, aux « bons soins » d’un patronat qui, au travers de ses CFA (Centre de formation pour apprentis), vit la formation comme une manne offrant tous les avantages.

Il est évident que nous regrettons aujourd’hui, la trop large place laissée au patronat dans la formation professionnelle : initiale comme continue. En effet les valeurs qui sont véhiculées, par ce biais, sont largement celles de l’exploitation à outrance, de la duplicité, du « chacun pour soi », et le modèle revendiqué : celui du petit patron, qui après en « avoir chié », accède à une reconnaissance sociale mesurée en biens de consommations .La survalorisation de la formation en alternance et le peu de place laissé dans les programmes de formation en droit du travail rendent dominant une idéologie libérale qui empoisonne l’ensemble de nos branches.

Notre syndicat, au travers de l’ensemble de ses activités syndicales (de formation syndicale ou professionnelle, d’éveil culturel, d’alphabétisation, de loisirs collectifs, …), œuvre à une réappropriation d’une forme d’enseignement bâti sur l’échange des savoirs-faires et le respect des identités multiples qui le constituent.

Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C

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