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Voir et aller au delà des liens sociaux

Le Social qui travaille: KroniKs des Robinsons 581 et Graines d’Orties

Le Social qui travaille (suite):

Pour un observateur externe, les situations s que nous créons en pédagogie sociale n’ont rien de faciles. Il faut tout un dispositif pour les faire naître: présence affirmée, soutenue, communication permanente , mise en place d’outils et d’ateliers et surtout du temps, beaucoup de temps.

A côté de cela il subsiste bien d’autres lieux et d’autres,liens dans différents milieux où les liens sociaux semblent couler de source, naître et s’entretenir spontanément. Tout semble évident ou facile: les usagers viennent d’eux mêmes dans les institutions qui leur sont destinées et ils y font même souvent la queue. Ce qui a pignon sur rue, ce qui est institué , attire du monde et de la visite.

Les moindres structures ont leurs habitués, parfois nombreux qui vont , viennent et reviennent sans arrêt. Personne n’y fait rien de spécial et les liens sociaux s’autolimentent.

Dans certains institutions, d’ailleurs, on a tendance a croire que tout cela ‘le vaut bien »;[rouge]que faire « du social » , ce serait cela: discuter avec les gens qui viennent d’eux mêmes; les accueillir reviendrait à juste les occuper[/rouge]. Il n’y aurait nulle motivation particulière, nul désir de transformation ou de changement nécessaire, en quoi que ce soit.

On se contenterait de favoriser des lieux où on s’exprime, où on s’affirmer, où on se raconte . On est dans l’émerveillement de l’existant ou la description de ce qui est, comme un observateur extérieur, sans pouvoir et sans responsabilité.

Ce qui laisse croire aux professionnels qu’il s’agirait là de travail éducatif et social, c’est seulement le cadre dans lequel ces liens s’entretiennent. On est au travail, et c’est donc du travail.

On confond toujours le travail et la situation contrainte d’effort; un peu comme si le jardinage, qui est un travail, consistait à creuser des trous et jeter des graines. Il n’en sortirait rien. Le travail, en jardinage, c’est autre chose: ce sont les fruits et les légumes. C’est pareil dans le Social: ce qui fait le travail, ce n’est pas le cadre, ce n’est pas le geste, pas le poste, c n’est pas le statut: ce sont aussi les fruits.

De même avec le travail avec les liens sociaux »: le problème c’est que « les liens trop évidents » conduisent qu’à eux mêmes. Ils se reproduisent, s’entretiennent et s’autovalident. Il n’ya pas de fruits.

Si on en reste à ce stade, alors c’est sûr , il n’y aura nulle remise en cause des séparations sociales, nulle remise en cause, de l’ordre de choses, des partitions entre les groupes, des exclusions invisibles.

[rouge]Le lien social est le degré zéro de la relation éducative et sociale [/rouge] ; pour aller plus loin, il faut de l’obstacle, du problème, de la conscience et cela , bien entendu est un peu plus compliqué.

[bleu]La même chose existe dans le domaine des apprentissages;[/bleu] combien a t il fallu de siècles aux écoles, aux enseignants et à la pédagogie majoritaire pour comprendre (l’a t elle compris d’ailleurs?) que l’information n’est pas de l’enseignement, et qu’elle est le niveau zéro de l’apprentissage?

[fuchia]Quand je déverse une information, même scientifique , rien ne me garantit en effet qu’elle sera source d’apprentissage pour autrui.[/fuchia] L’apprentissage suppose également la difficulté, l’obstacle, la mise en cause et la reconstruction de ce que l’on croyait savoir.

En Pédagogie sociale, nous mettons en œuvre des relations improbables, entre des personnes qui en pouvaient pas naturellement se rencontrer et qui, pourtant,partagent les mêmes territoires et souvent les mêmes oppressions (exemple les habitants des quartiers et les Rroms). Cela remet en cause des ordres et des lignes invisibles , des partitions entre les milieux , les groupes et le statuts.

L’objet de la relation sociale, en Pédagogie Sociale, n’est pas d’entretenir les liens sociaux, de relier les gens entre eux, comme on s’en donne souvent l’objectif, par exemple en politique de la Ville: mais de travailler à quelque chose de bien plus fort, la question de l’identité.

Il n’y a pas de relation sociale qui produise du changement [rouge]sans qu’elle touche, un moment ou un autre, à l’identité des gens.[/rouge]

Nous ne travaillons pas le lien social, mais l’identité sociale; c’est à dire que nous la mettons en cause et au travail.

Il est là notre critère; elle est là notre boussole. Dans notre travail de rue, de pied d’immeubles, de caravanes, ou même (s’il le faut )en structure, nous ne mesurons pas l’effet de notre travail au nombre de personnes qui « usent le service », qui adhèrent et même pas au nombre de ceux qui s’impliquent et soutiennent la structure.

Ces critères classiques, en effet, si nous les validons ne sont que trompeurs; ils ne disent rien de l’effet réel de notre travail. Nous ignorons à ce moment là que nous validons sans même le savoir la reproduction sociale.

Non, notre critère est out autre; nous pouvons mesurer la valeur de notre travail à la fréquence et l’importance des questions d’identité dan tout ce que nous faisons.

Les conversations autour de nos ateliers, de nos lieux de production et de travail portent elles sur l’identité personnelle, collective , dans les dimensions culturelles, personnelles et sociales? Si tel est le cas, nous faisons de la pédagogie sociale:

[fuchia]il y aura alors du travail, de la récolte et des fruits.[/fuchia]

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L’association Intermèdes-Robinson

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