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Un stage réussi deux fois de suite. D’où provient cet engouement ? Quelle est la place du syndicat ?

La réussite

Le succès des journées de stages correspond, en partie, à la certitude des enseignants que, devant de grandes difficultés, ils sont démunis, désemparés. Le soutien de l’administration, des autorités pédagogies, du syndicalisme est presque toujours artificiel, creux. Simultanément, les collègues en attente d’aides se heurtent trop souvent à l’indifférence de leurs collègues, ou bien le même désarroi devant des dangers.
L’enseignement n’offre, évidemment, pas que des affrontements. Il existe, néanmoins, une lassitude latente, plus ou moins décourageante, quant aux efforts déployés par les professeurs pour motiver les élèves, faire en sorte que les points importants de la matière soient mémorisés en profondeur. Beaucoup de sueur et de besogne au regard de résultats trop maigres. Alors, naturellement, des initiatives, des remises en question de la pédagogie traditionnelle et des programmes surgissent dans les esprits des enseignants. Parfois ils couchent par écrit ces idées et les traduisent en propositions qui, cahin caha, font leur chemin dans l’administration ; mais elles échouent, là encore trop souvent, dans les tiroirs déjà remplis de projets !
Cet ensemble de murs, de barrages, accentue chez les enseignants la conscience de leur fragilité.
Les journées de stage, en dehors de la présence administrative (qui a toujours son parfum d’inquisition, de flicage), en dehors de syndicats plus ou moins sous la tutelle de telle ou telle tendance politique (prometteuse depuis des quinquennats d’espoir invisibles), organisées en une foultitude d’ateliers par plusieurs organisations, tout cela offre, par ricochet, une assurance de neutralité, de fantaisies.
C’est un décapage de la couche de routine gluante, une riche ruche à idées. Et cela va forcément continuer.

La place du syndicat

Le syndicalisme enseignant s’est recroquevillé dans un rôle de service en échange d’une cotisation conséquente. Il est donc perçu presque uniquement comme tel. Le rôle contestataire du syndicalisme enseignant est identique à ceux des autres grandes confédérations ou centrales syndicales, en liaison avec des partis politiques dits de gauche. C’est-à-dire des apparitions trimestrielles (en périodes chaudes) ou semestrielles, annuelles, au gré d’élections professionnelles et autres motifs, qui échappent et ne cherchent pas à tenir compte du ressenti des enseignants.
À l’opposé de ce syndicalisme ayant pignon sur rue, il existe de petits syndicats qui ont trop tendance à insister sur leurs caractéristiques anticapitalistes et d’action directe. Et ils tombent dans bien des cas dans un prosélytisme exagéré, donc énervant, avec un langage crypté, qui ne crée pas les nouveaux rapports humains dont ils se proclament.
Des ilots, des oasis syndicaux existent qui rassemblent, des enseignants dans notre cas, qui y créent des liens englobant la pédagogie, les illusions, les rêves, les loisirs. Ils redonnent vie aux bourses du travail, à la soif du savoir qui stimule, qui pousse à communiquer et à captiver les « camarades » qui le sont vraiment, et non pas de quasi inconnus qui le demeurent en dehors des réunions.
C’est dans un ilot qu’est né la revue N’Autre école. Elle évolue pour revigorer l’esprit qui l’anime, à la fois syndical (dans le sens de généreux, sensible), pédagogique et imaginatif.

Frank Mintz

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