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Un simple «malentendu» (suite)

Le refus d’aménager mon poste de travail en collège en Seine st Denis en raison de mon handicap auditif lourd n’était qu’un «malentendu».

Voir 1er billet : Handicapée, je ne peux continuer à enseigner dans mon académie

Quinze minutes, c’est à quelque chose près le temps qu’il a fallu pour que mon téléphone se mette à sonner après la mise en ligne sur Médiapart le Club de la tribune consacrée au refus de l’Éducation Nnationale, via ses instances académiques, d’aménager mon poste de travail.

Quinze minutes pour me voir offrir un rendez vous à l’heure et au moment de ma convenance. J’imagine qu’il s’agit d’un pur hasard et que tout rapport avec la vitesse virale atteinte par cette confession sur les réseaux sociaux est pure coïncidence.

Quatre heures, c’est à quelque chose près le temps qu’il a fallu pour au compte twitter de l’Académie de Créteil pour me demander une conversation privée afin de m’expliquer les raisons de la discorde. La notification de décision qu’on m’a adressée par mail n’a qu’une valeur consultative. Et le fait que je n’en ai pas été informée est un simple, je cite, « malentendu ». Fiat Lux

J’ai rendez vous mardi matin à Créteil pour me faire confirmer un allègement de trois heures de mon service de certifiée.

So … why we fight ?

Cet outing sur Mediapart m’a donné l’occasion de remettre la tête hors de l’eau. Il est donc impensable que je ne remercie pas ici tou.te.s celles et ceux qui m’ont apporté leur soutien : ami.e.s, collègues, élèves, parents d’élèves, twittos, inconnu.e.s, militant.e.s ou non.

Le revers de la médaille est que beaucoup de collègues m’ont transmis des témoignages décrivant une situation analogue à la mienne. Handicapé.e.s, il leur est impossible, en dépit de demandes légitimes et parfois réitérées d’obtenir un aménagement de poste par l’Éducation nationale. Cela concerne des enseignant.e.s de lycée ou de collège, à Paris ou en Province, handicapé.e.s visuels ou auditifs, titulaires le plus souvent d’une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé, ils ont été pour certain.e.s débouté.e.s de leur demande d’aménagement, pour d’autres, de sa reconduction d’années en années, leur pathologie, comme la mienne, n’étant pas évolutive.

Bon nombre d’entre elles/eux ont fini par renoncer à leurs droits et on ne peut les en blâmer. Les démarches sont longues, lourdes et douloureuses. En Seine St Denis il faut un an à la Maison Départementale des Personnes Handicapées pour traiter un dossier délivrant une RQTH. On comprend que la lassitude gagne quand il faut refaire chaque année entretiens et lots d’attestations médicales comme on remonte au calvaire sans aucune garantie quant à leur prise en compte. A l’usure, les collègues renoncent.

Travaillent-ils/elles pour autant « normalement » malgré leur handicap ? De ce que j’ai pu lire absolument pas. La plupart finissent par demander un temps partiel, voire un mi-temps. Dans ce cas il n’y a pas de compensation de salaire. Et leur silence pave la route de l’institution.

Voilà le cœur de l’affaire : il semblerait que l’Éducation nationale ait trouvé une martingale pour que ses employé.e.s souffrant de handicap financent de leur poche le coût de celui-ci, épargnant à l’État d’assumer sa part de solidarité nationale. Là où le bât blesse encore plus c’est que, à l’instar de ce que j’ai constaté dans ma modeste expérience, nos interlocuteurs.trices sont difficilement touchables, protégé.e.s par des standards et des secrétariats, des accueils filtrants et des portes badgées, les responsabilités et les missions de chacun.e ne sont pas clairement compréhensibles, parfois plusieurs répondent à une même requête et la valeur de leurs notifications – consultative ou impérative – n’est pas clairement précisée.

Il faut donc réfléchir à un moyen de clarifier et améliorer les choses. L’étincelle, on peut prendre le pari sans trop de risque, ne viendra pas de l’institution. Il nous incombe d’allumer la mèche et de nous organiser.

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