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Tenir la vie à l’écart pour se sentir protégé – KroniKs des Robinsons et Graines d’Orties N° 300

Sommes nous protégés ou simplement mis à l’écart de ce qui se vit de ce qui se passe?

Sommes nous réellement éloignés de la précarité et de l’insécurité sociale, ou simplement déconnectés, tenus à l’écart et endormis?

Nous avons pris l’habitude de considérer que ce dont on nous protège, cet autre côté de l’exclusion, de la marginalité ou de la précarité était de la non vie. La vie serait réservée à ceux qui se hisseraient le plus haut et le plus loin de ces ces nouvelles frontières. Elle serait l’apanage de ce qui fonctionne, de ce qui se déroule selon des plans prévus, de ce qui correspond à l’image que le monde et notre société veulent se donner.

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Pour ceux qui travaillent au jour le jour avec les personnes qui ont le plus grand mal à accéder à une identité, un statut, un projet, un avenir, il ne fait pourtant nul doute que c’est pourtant bien la vie qui est là. Celle qui bouge, celle qui s’invente, celle qui se mélange et qui trace de nouvelles routes.

Ca a commencé très tôt, on nous a expliqué à l’école que ce qui comptait , que le véritable savoir n’avait rien à voir avec la vie qui nous entoure, la réalité ou l’histoire de nos parents, de nos voisins et de nos rues.

Ca a continué pour certains avec des emplois qui ne sont plus jamais des métiers: nul n’a plus la science de ce qu’il fait. Il s’agit juste et de plus en plus d’appliquer des procédures.

Ca a continué avec la vie des familles, avec les enfants quand on se rend compte que ce qui est vécu contrevient totalement avec les scénarios qu’on nous avait présentés: la vie privée qui devient privation de vie, l’intimité qui s’enfuit, le logement qui devient danger d’être mis à la rue.

Partout on nous a présenté comme un modèle, le contraire de ce que l’on vit. Du coup l’expérience de tout un chacun , de résistance , de vie, de survie avec les savoirs fondamentaux qui vont avec. Tout cela n’aurait plus ni valeur, ni importance.

Tous ces savoirs fondamentaux et précieux pour comprendre le monde tel qu’il devient sont perdus, annulés, déniés. Les vies et l’expérience de ceux qui luttent jour après jour et inventent de nouvelles socialités , sont mises à l’écart.

Du coup nous savons l’absence de vie de que l’on présente comme telle: les fêtes sans festivité, la convivialité sans vie partagée, l’interculturalité sans rien céder de la culture dominante, la vie politique sans pouvoir d’agir, le travail Social quand il n’y a plus de Travail et qu’il n’y a plus de Social.

Au contraire de ces espaces sans vie, de ces professionnels éteints, de ces publics réduits à l’apathie, nous pouvons l’affirmer: les enfants qui sont avec nous ont des compétences, pour la vie, extraordinaires.

Ils savent construire et reconstruire leur environnement à chaque fois qu’il est détruit. Ils refont confiance dès qu’ils le peuvent aux adultes qui ont failli . Ils apprennent à parler trois langues pour se faire comprendre. Ils ont un sens inné de nos histoires, une connaissance absolue des méandres les plus secrets de nos géographies.

Ils sont nos professeurs , et nous sommes leurs élèves . C’est avec eux que se construit la Pédagogie Sociale depuis Korczak et Freinet.

En Pédagogie sociale nous savons qu’on ne fera pas la ville de demain sans penser et repenser le bidonville. Nous expérimentons que nous n’imaginerons pas les institutions de demain sans vivre et penser ce qui se joue à leur insu. Nous vivons et sentons que les professionnalités de demain, le Social à construire ne s’apprend plus dans les écoles, ou les formations , mais que c’est un savoir qui se donne au sein de communautés d’expériences à construire.

Aussi , nous mettons en oeuvre toujours plus de nos formations à la pédagogie sociale; et nous les ouvrons à tous les acteurs, quel que soit le statut, quel que soit le niveau reconnu.

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