Menu Fermer

Temps de l’enfant avec ma lorgnette…

J’ai l’impression de m’être toujours battu pour que l’école soit un bel outil pour nos enfants et notre avenir : j’ai défilé, j’ai écrit, j’ai cru beaucoup, notamment pendant les concertations, j’ai enseigné le plus souvent avec des enfants en difficulté dans le 16ème, près de usines Renault à Boulogne, dans un très grand ensemble, dans un secteur très hétérogène de l’Essonne… J’ai partagé et partage encore l’action d’associations toutes au service des enfants et des familles… de colère devant la casse de l’école, j’ai même commis un livre utopique… Mais jamais, je n’ai oublié que je me devais d’abord à mes élèves et cela jusqu’à ma retraite de directeur chargé de classe !

Seulement comme beaucoup d’autres enseignants, nous avons d’abord essayé de créer, là où nous étions, les conditions du meilleur enseignement possible en fonction de nos moyens !

Dans notre groupe, depuis 1985, nous avons modifié nos journées, essayer de mieux penser l’alternance de nos apprentissages, harmonisé les progressions en fonction des acquisitions réelles…

tout, nous avons, je crois, réussi à créer une communauté autour de notre groupe scolaire non pas dans la grogne et la colère mais dans la complémentarité des bonnes volontés et des ressources.

Je n’étais absolument pas d’accord avec la réforme des rythmes scolaires, non pas pour ses fondamentaux, dont je connais les besoins depuis au moins 1975 (mes premiers débats) mais pour sa mise en place trop précipitée et trop laissée à l’initiative des municipalités.

Mais aurait-il fallu assister encore une fois à un abandon et une belle mise en archives comme pour bien des réformes inachevées ? C’est sans doute le souhait des immobilistes et trop souvent leur victoire !

Je suis dans une petite commune qui a dit oui aux changements : oui pour tous les enseignants – oui pour les parents élus – oui pour les associations sportives et culturelles – oui pour les animateurs municipaux et, fort de ces adhésions, décision du Maire de mettre en place en 2013.

Oui, il y eut des oppositions, des craintes exprimées par des familles, des élus mêmes. Le débat général a permis de les entendre et d’en tenir compte.

Mais parce que ce n’est que dans l’action que se jugent les faits et que se tirent les conclusions, que se proposent les amendements, il fallait bien se lancer. Le renoncement aurait été plus facile encore une fois…

Ce fut même le cas bien avant que Jules FERRY ouvre la porte officielle à l’école publique et encore ce ne fut pas sans bien des combats ultérieurs.

Même pour un village, même avec toutes ces adhésions, ce fut un travail énorme pour les élus concernés, les conseils d’école, les animateurs que de mettre au point le nouveau découpage, les temps de repos, les ateliers périscolaires et les accueils de garderie.

Ce fut un gros travail car le nombre d’activités organisées entre 16 et 17 h étaient potentiellement trop riche, en quantité comme en qualité.

Oui, il y a eu des hiatus, parce qu’un enfant était inscrit à deux ateliers en même temps, parce que la répartition des premiers jours étaient désordonnée, parce qu’il était difficile de quitter à temps une réalisation commencée… Parce que le nombre d‘enfants qui demandent à s’inscrire ne cesse d’augmenter….très vite de nouveaux enfants souhaitèrent s’inscrire.

Mais tout le monde s’implique pour arrondir les angles de la mise en route.

Les premières réunions de bilans avec les familles, les intervenants, ont fait état de ces difficultés de la première semaine et de la façon dont les harmonisations se sont réalisées.

Dès la rentrée de novembre d’autres modifications seront apportées : allègement de certains groupes en les divisant, suppression d’ateliers selon les niveaux et renforcement pour d’autres… Chacun s’est prononce pour la poursuite de son activité. Bien sûr, il faudra compter avec la météo pour les activités de plein-air, avec les absences occasionnelles… Il faudra remplir de nouvelles grilles de choix, rien ne se fera sans implication, application et adaptation… mais n’est-ce pas le lot de toute nouveauté, de toute continuité viable ? Surtout lorsque les enfants doivent en être les bénéficiaires. Pas de jugement sur la réforme dans son ensemble, sinon que là où ça fonctionne, c’est avant tout dû à l‘intelligence collective.

Mais encore une fois, je crains fortement que les enfants qui bénéficieront vraiment de cette adaptation de leur temps soient soumis à la loterie des implications locales.

Rien de nouveau, depuis trop longtemps : l’école et son accompagnement dépendent d’abord de la bonne volonté et des initiatives des équipes et de la communauté qui s’y appliquent.

Je ne me souviens pas de tollés suivis d’effets pour les ukases modifiant les vacances, transférant le jeudi au mercredi, supprimant le samedi après-midi puis le samedi matin… des grognements oui mais des mouvements décisifs non !

Dans combien d’école, les concertations réflexions ont-elles abouties à de véritables projets circonstanciés ? Dans plusieurs c’est vrai, mais bien locales !

Ces expériences parfois pérennisées aurait dû servir de base à cette réforme, ce ne fut pas fait, c’est dommage mais pas irréparable !

J’y crois toujours, beaucoup plus qu’à la critique, sans doute fondée mais stérile !

C’est évident, battons-nous pour un mieux être, un mieux devenir institutionnel de tous les enfants, de meilleures conditions pour exercer notre métier… Mais surtout assurons-nous déjà que ceux qui nous sont confiés au jour le jour, malgré toutes les lacunes de notre système, reçoivent, là où ils ont, tous les outils pour apprendre et s’éduquer. La vraie chance de l’enfant, c’est son prof et son établissement avoir de vraie chance d’avenir.

Je suis fier et heureux d’avoir connu, de connaître tous ces maîtres d’école, tous ces animateurs, tous ces bénévoles, tous ces parents qui œuvrent à cette réussite et savent adapter les réformes même biscornues pour en tirer des éléments positifs.

Vous savez, moi qui doutais, moi qui n’aurais pas mis en premier le temps de l’enfant… A 71 ans, en entendant tous ces intervenants, j’ai vraiment, à nouveau, comme pendant trente ans dans notre groupe scolaire, éprouvé beaucoup d’émotion à me trouver avec tous ces gens si divers, mais tous lucides et engagés.

A l’issue d’une réunion publique, une question est arrivée : « Si ça ne marche pas au National, est-ce que nous on pourra continuer dans notre village ? »

Ma grande peur, c’est l’enjeu politique qu’est devenu l’Ecole et plus particulièrement ce décret, même pour ceux qui pensent « RACAILES «  et disent « RACINES » !

Merci et bonne chance à tous pour nos enfants et notre avenir !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *