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Servir Se servir s’asservir KroniKs des Robinsons du 10 Avril et Graines d Orties

Il est de bon ton pour un professionnel d’avoir peur qu’on se serve de lui. Ainsi, sommes-nous invités à aiguiser notre attention contre les stratégies et les attentes de nos publics.

Qu’on se serve de soi est souvent perçu comme une perte de puissance. Pourtant renverser le verbe est déjà renverser le sens. Après tout si on se sert de nous c’est donc que nous servons à quelque chose..; Ou que nous servons quelqu’un

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A Robinson, en Pédagogie Sociale, nous donnons beaucoup d’importance au service. Celui ci est présent dans toutes nos activités; il est don, organisation, offrande, disponibilité. Tout est fait pour qu’on se serve, qu’on serve. Nous sommes donc utiles.

C’est pareil, l’utilité a souvent mauvaise presse; elle aurait quelque chose de vulgaire, d’indécent. Nous, les travailleurs sociaux, les acteurs éducatifs, nous ne serions pas là pour être utiles. Mais pourtant quand on y regarde bien, elle est le fondement même de toute autorité. A de l’autorité, avant tout ce et celui qui est utile à quelque chose.

En pédagogie sociale, on admet de servir et on fait de ce service un acte éducatif et professionnel, qui, à son tour, aura des conséquences.

Car à défaut de servir, nous connaissons tous des institutions et des « services » dont la priorité est de se servir avant tout pour eux mêmes: attentifs à leur remplissage, à leur pérennité, à leur préséance; le but est d’occuper une place, sans jamais se la faire prendre. C’est un service qui ne sert pas, qui ne rend pas service.

la vérité c’est qu’on s’asservit non pas quand on sert, quand on se sert. L’asservissement a ceci de particulier qu’il diffuse une mentalité de domestique.

On ne crée pas comme on l’entend tout le temps, à tout propos, de l’assistanat quand on sert…

On crée au contraire de l’assistanat à chaque fois qu’on se sert. Car quand on se sert, on tue le sens du bien commun ou la seule possibilité qu’il en existe un.

Ceux qui se servent inspirent les assistés, génèrent des vocations, tuent l’idée même du social . Ceux qui sont victimes de ceux qui se servent, mais aussi ceux qui les observent et ceux qui les limitent s’asservissent.

Une institution, une collectivité, préoccupée d’elle même ou de sa seule autorité détruit le sens de l’institution et du vivre ensemble. Elle génère de l’individualisme, du clientélisme et du calcul perpétuel.

La mentalité de domestique arrive dans un monde où tout le monde se rêve maître, mais se retrouve seul, faute de pouvoir faire confiance, une confiance vraie en qui que ce soit.

A Robinson, nous faisons école de confiance et nous apprenons à servir, à tour de rôle, les uns, les autres, et cela rend libre.

Celui ne sait pas servir, et qui se sert, se croît maître, alors qu’il s’asservit chaque jour davantage à un monde sans ensemble, sans possible et sans avenir.

En pédagogie sociale, nous bâtissons avec ce qui a été relégué , ce qui a été jeté, ce qui ne se fait plus. Nous travaillons à bâtir de nouvelles confiances à partir des espoirs déçus, des confiances trahies. Tel est notre service.

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