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Ruche naturelle ou ruche artificielle ?

Imaginez une ruche.

Une « structure artificielle, presque fermée, abritant une colonie d’abeilles butineuses qui vit, produit du miel et élève de nouvelles générations d’abeilles » nous renseigne Wikipedia.

Cette structure est artificielle car c’est la main de l’homme qui a cherché à canaliser et rentabiliser cette action des abeilles existant à l’état naturel.
Sachons nous souvenir tout de même que sans cette action humaine artificielle les abeilles auraient fait ce travail, en s’installant dans des troncs creux qu’elles auraient choisi, ou bien même à l’air libre.

Imagineriez-vous maintenant quelqu’un que l’on guiderait dans une petite boite, telle une abeille, en lui promettant un bonheur à lui et à sa famille, au sein d’une grande colonie fermée où la question de l’éducation des nouvelles générations serait prépondérante.
Dans cette boite, éducation ne rimerait pas avec émancipation. Une fois à l’intérieur, les individus devraient laisser de côté leur bonheur personnel au profit du maintien de la grande ruche artificielle. Laisser son individualité et sa spécificité de côté au profit d’une non-émancipation collective.

L’idée d’artifice est importante car sans elle cela ne pourrait exister. A l’état « naturel », un individu chercherait plutôt à tisser un fil social, pas à le détruire en permanence. A s’enraciner à un endroit, pas à se déraciner en permanence. C’est de cet enracinement que naissent les projets, les envies, et l’énergie de création commence alors à se développer. Choisir le lieu de son existence au monde, c’est un inconditionnel de la liberté, à l’aune d’un monde où le libéralisme est roi !

Cette question du choix est essentielle dans toute société, abeillée ou humanisée soit-elle ! Contraindre les membres d’une société à s’installer à un endroit ou à un autre est un impérialisme.
Pourtant, cette forme d’enruchage existe bel et bien dans notre société, au sein même d’une des représentations de l’État, au sein de l’Éducation Nationale.

Ce lieu, censé faire grandir les individus, nie l’humanité même des abeilles qui le font exister, faisant fi de leurs projets, de leurs envies, de leur enracinement au monde.
Comment enseigner la tolérance, la justice quand on ressent au plus profond de soi l’intolérance et l’injustice ? Comment permettre aux nouvelles générations d’être reconnues quand cette reconnaissance n’existe pas au sein de la société dans laquelle elles évoluent ?

Or, tout système autoritariste exclut la possibilité pour l’individu de le remettre en question car la peur l’envahit et il lui devient impossible de s’en extraire.

Que lui reste-t-il ? Accepter le système, rentrer au plus profond de celui-ci.
Ou bien le refuser. Le refuser en luttant efficacement contre toutes les formes d’injustices qu’il engendre. Afin de faire changer cet état de faits, et de ressemer de l’humain là où il avait disparu.

[/Flora Némoz/]

3 Comments

  1. Bernard Collot

    Ruche naturelle ou ruche artificielle ?
    L’image de la ruche n’est pas tout à fait pertinente.

    Certes, la production des abeilles en même temps que leur survie a de tout temps intéressé l’homme. Lorsqu’elles s’installaient librement où elles voulaient (elles continuent !), les hommes allaient quand même, à leurs risques et périls, ponctionner tout ou partie de leur production, parfois en les détruisant.

    L’idée de la ruche a été de procurer aux abeilles un espace plus commode pour la récupération du miel, ruches en paille ou en osier, puis ruches à cadre pour ne plus avoir à détruire la colonie pour en récolter les fruits et à n’en prélever que le surplus. Donc, d’accord, exploitation, mais dans les lois de la nature (le chat prélève des souris, nous prélevons des poules, des carottes…)

    Mais surtout fallait-il d’abord que les abeilles acceptent et jugent convenable le logis qui leur était proposé. Et que d’essais les hommes ont dû faire pour le trouver ! Proposé parce que si ce logis ne leur convient pas, il est impossible de les y faire venir ou d’y rester !

    Ensuite, si le logis est artificiel, il est impossible de leur dicter comment elles doivent y vivre, ce qu’elles vont faire et comment elles doivent le faire, comment elles s’organisent,… et même à les forcer à produire le miel que l’on voudrait en tirer. A tel point, que depuis tout temps les hommes s’interrogent, cherchent, à comprendre une organisation aussi sophistiquée que la leur et dont on en ignore encore beaucoup. Et quelques-uns en tire même beaucoup de leçons, comme moi à propos de l’école !

    Alors, contrairement à vous, j’aimerais que l’école soit bien une ruche artificielle, à l’intérieur de laquelle les enfants puissent vivre… naturellement ! Et où nous n’aurions pas à les forcer à produire ce qu’ils ne peuvent ou ne veulent produire !

    • Némoz Flora

      Ruche naturelle ou ruche artificielle ?
      Bonjour,

      Merci pour votre message.

      Je crois que vous n’avez pas saisi l’objet de ce texte qui n’évoque nullement l’organisation pédagogique d’une classe : je suis d’accord avec l’image que vous dégagez à ce niveau-là à propos de l’effervescence d’une ruche et le parallèle que vous faites avec une classe.

      Or, mon texte évoque de la question du mouvement des personnels de l’éducation nationale au sein de cette grande ruche.

      Bien cordialement.

      • Bernard Collot

        Ruche naturelle ou ruche artificielle ?
        Autre leçon des abeilles : il n’y a pas de grandes ruches 😉 !

        Depuis la nuit des temps les abeilles ont toujours limité la taille de leurs colonies à ce qui était acceptable pour que se crée une organisation sociale non hiérarchisée dans la communication permanente entre tous ses éléments, apte à répondre à l’intérêt commun (survie et vie). Edgar Morin aurait pu la qualifier d’anarchie “organisation suprême de la vie”.
        🙂

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