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Qu’est-ce qu’une pédagogie anti-oppression ?

Une pédagogie anti-oppression est une pédagogie qui lutte contre la discrimination des élèves issus des groupes socialement minorés et qui développe leur empowerment. En Amérique du Nord, il s’agit d’une approche qui prend en compte les différentes discriminations sociales dont peut être vicitimes les élèves à l’extérieur et à l’intérieur du système scolaire pour produire une pédagogie plus inclusive.

1. La pédagogie anti-oppression est une pédagogie consciente

Dans le cadre d’une pédagogie anti-oppression, l’enseignant-e est capable de se situer socialement de connaître les privilèges sociaux dont il/elle bénéficie inconsciemment et dont ne bénéficie pas nécessairement ses élèves et leurs familles (ex : Classisme, racisme, sexisme, LGBTI-phobies, validisme.…)

Pour cela, il/elle a listé ses privilèges : https://www.buzzfeed.com/jenniferpadjemi/a-quel-point-etes-vous-privilegie-e?utm_term=.pcnbbnx79#.mmLLLd93D

Il/elle est capable de situer socialement ses élèves en analysant les oppressions sociales et les inégalités sociales auxquels ils/elles sont confrontés eux et leurs familles.

2. La pédagogie anti-oppression est une pédagogie qui développe le « pouvoir d’agir avec »

Dans la pédagogie anti-oppression, l’enseignant-e ne cherche pas à développer un « pouvoir sur » les élèves, mais à développer le « pouvoir d’agir avec » les élèves.

Il/elle privilégie l’écoute empathique et développe la participation démocratique au sein de sa classe. Il/elle adopte une « posture d’allié-e » pour les aider à surmonter les difficultés liées aux inégalités sociales.

3. La pédagogie anti-oppression est une pédagogie anti-discriminatoire

Dans le cadre d’une pédagogie anti-oppression, l’enseignant-e se montre soucieux de ne pas laisser se développer dans sa pratique des micro-agressions et des micro-discriminations négatives.

L’enseignant-e est capable d’être attentif aux micro-discriminations actives qui peuvent creuser les inégalités sociales, sans qu’il/elle le fasse exprès.

Il/elle se montre attentive également aux discriminations passives. Ce sont des discriminations qui se développent par « indifférence aux différences » sociales.

La pédagogie anti-oppressive met en avant au contraire une pédagogie différentiée positive, cela signifie qu’elle pratique une discrimination positive afin d’aider les élèves issus de groupes socialement discriminer à compenser les inégalités sociales.

Il/elle fait attention à ne pas entretenir dans ses relations avec les parents d’élèves des préjugés négatifs à l’égard de certains groupes socialement minorés (ex : familles homoparentales, familles d’origine immigrés, familles issues des classes populaires…)

Sur ces concepts :
– Voir « micro-discriminations », « discriminations passives/actives » (p.14, 29) :
http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr/IMG/pdf/livret_reseau_lcd_ecole_v2.pdf

4. La pédagogie anti-oppression est une « pédagogie inclusive »

L’enseignant-e en pédagogie fait de sa classe un espace « inclusif ». Cela signifie qu’il pose explicitement comme règles dans la classe que les micro-agressions sociales ne doivent pas se développer : propos qui renforcent les stéréotypes racistes, sexistes, anti-LGBTI-phobes…

Il/elle fait également attention au fait que l’environnement de sa classe ou le matériel utilisé en cours ne développe pas des préjugés ou des stéréotypes négatifs sur des groupes socialement discriminés.

Il/elle peut utiliser pour cela une grille d’observation des préjugés en classe :
https://sociophilo.jimdo.com/2017/08/19/pratiques-anti-pr%C3%A9jug%C3%A9s-grille-d-observation-de-la-classe/

5. La pédagogie anti-oppressive est une pédagogie « anti-préjugés »

L’enseignant-e qui pratique une pédagogie anti-oppressive développe auprès de ses élèves une pédagogie anti-préjugés. Les quatre objectifs principaux de la pédagogie anti-préjugé sont les suivants :
a) Renforcement de l’estime de soi des élèves socialement stigmatisés ou minorés.
b) Valorisation auprès des élèves de la diversité physique, culturelle et de genres.
c) Formation des élèves à nommer et à analyser les préjugés sociaux
d) Développement de la capacité des élèves à agir contre les préjugés sociaux.

6. La pédagogie anti-oppressive est une pédagogie critique

Une pédagogie critique vise à développer chez les élèves la conscience critique des inégalités sociales et des discriminations par la discussion et à développer leur capacité de transformation sociale. Elle favorise chez les élèves qui bénéficient de privilèges sociaux l’attitude d’allié-s et chez les élèves socialement discriminés, elle favorise leur empowerment critique.

7. La pédagogie anti-oppressive est une pédagogie de l’empowerment

La pédagogie anti-oppressive vise à développer chez les élèves des capacités à transformer la société vers plus de justice sociale. Pour cela, l’enseignant-e peut recourir à des pratiques telles que le théâtre de l’opprimé ou des ateliers d’artivisme.

8. La pédagogie anti-oppressive est une pédagogie auto-réflexive

La pédagogie anti-oppressive est une pédagogie dans laquelle l’enseignant-e porte un regard réflexif critique sur ses propres pratiques.

Pour cela, il/elle utilise des grilles d’observation de ses pratiques qui lui permettent d’objectiver les micro-discriminations scolaires négatives. Il/elle continue à se former régulièrement sur les inégalités sociales et les discriminations à l’école.

Voir par exemple une grille d’égalité fille/garçon en classe :
http://www.egalite-filles-garcons.ac-creteil.fr/IMG/pdf/Grille_observation_genres_en_classe_Creteil_septembre2012.pdf

Références:

Entretien avec Kevin Kumashiro, un des tenants de la pédagogie anti-oppression:

Exemple de formation en ligne à la pédagogie anti-discriminatoire et inclusive:
https://www.bienetrealecole.ca/modules-de-formation/equite-et-education-inclusive/racisme-sexisme-et-homophobie

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