Menu Fermer

Pour une pédagogie de classe (sociale)

Les inégalités sociales se creusent et cela risque de ne pas aller en s’arrangeant (1). Cette reproduction des inégalités sociales est très marquée en France : celle-ci est 34e sur 34 des pays de l’OCDE sur cette question (2). La République française laisse se constituer des espaces urbains où se concentrent ségrégation spatiale, ethnique et économique. Dans un tel contexte, les discours des extrêmes droites nationalistes ou islamistes se diffusent.

Pour réagir à cette situation, les enseignants, qui sont conscients de la lutte des classes, doivent constituer une pédagogie capable d’aider à la reconstruction d’une conscience de classe parmi la jeunesse des milieux populaires. Cette pédagogie doit se donner trois objectifs : a) construire une conscience de classe b) donner les outils de la critique sociale c) augmenter le pouvoir d’agir (empowerment).

Les pédagogies nouvelles, centrées sur la question du bien-être, propose des pratiques pédagogiques qui ne sont pas nécessairement les mieux adaptées aux enfants des classes populaires. C’est pourquoi, il est nécessaire de penser des pratiques pédagogiques qui ne font pas l’impasse sur la réalité sociale de la conflictualité de classes.

Quelques exemples :

– La conscientisation par les lectures –

Un premier vecteur d’une pédagogie de classe se situe dans le choix des lectures qui peuvent s’effectuer parmi des textes ou des ouvrages qui explorent les rapports sociaux de classes, de sexe et de racisation.

Voir le numero de Questions de classe(s)/N’autre école : Lire et s’affranchir
http://fr.calameo.com/books/00006274090253ef7937c

– La conscientisation par l’enquête sociale-

Une pédagogie de classe peut mettre en place des travaux dans lesquels les élèves effectuent des enquêtes sur leur propre vie sociale à partir d’observations ou d’entretiens menés dans leurs quartiers. Ces enquêtes peuvent ensuite donnés lieu à des restitution en classe orale et écrites, puis d’un travail d’analyse sociologique.

Voir : Une présentation de l’enquête de conscientisation
http://paulmasson.atimbli.net/IMG/pdf_l_enquete_participation.pdf

– La conscientisation par le théâtre forum –

Une pédagogie de classe peut faire travailler les élèves sur des scénettes théâtrales qui mettent en jeu des problèmes sociaux et leur demander d’intervenir sur l’évolution de ces scènes.

Voir : le théâtre de l’opprimé – http://www.theatredelopprime.com/compagnie/theatre-forum/

La conscientisation de genre par l’auto-défense féministe –

L’auto-défense féministe propose des techniques d’empowerment mental, verbal et physique pour les personnes en situation de vulnérabilité sociale (enfants, femmes…)

Voir : L’association Garance – http://www.garance.be/cms/

– L’organisation d’une communauté entre l’école et les familles du quartier

L’école doit être ouverte sur le quartier et ses difficultés. Car il ne peut y avoir amélioration du climat scolaire sans amélioration des problèmes du quartier. L’école doit être au cœur de la mobilisation du quartier.

Voir : le communauty organizing – http://www.alliancecitoyenne-38.fr/

(1) Piketty, Le capitalisme au XXIe siècle.
(2) Enquêtes PISA

2 Comments

  1. D

    Pour une pédagogie de classe (sociale)
    Les pédagogies nouvelles, centrées sur la question du bien-être, propose des pratiques pédagogiques qui ne sont pas nécessairement les mieux adaptées aux enfants des classes populaires. C’est pourquoi, il est nécessaire de penser des pratiques pédagogiques qui ne font pas l’impasse sur la réalité sociale de la conflictualité de classes.

    Cette introduction est assez impressionnante de la part d’une sociologue. Moi qui croyait que la sociologie ne devait pas propager les prénotions. Moi qui pensait complètement dépassable ce clivage entre thérapie individuelle, réservé au riche, et lutte sociale, réservé au dominé. Moi qui croyait que les pédagogies nouvelles, à leur création ne s’adressaient pas aux milieux sociaux favorisés. Qu’elles contestaient la forme scolaire qui avait justement pour but de détacher les enfants d’ouvrier de leur milieu (trop) politisé (*).

    Je pense qu’à l’école comme au travail, l’inverse du bien-être, c’est la souffrance, et que cette souffrance a une signification sociale. D’un côté vous allez oeuvrer (enfin pas vous, mais ceux à qui vous vous adressez) à une conscientisation de classe. Très bien. Mais de l’autre vous allez continuer à mettre en compétition les élèves, à les noter, à remplir le livret de compétence, etc ?

    A l’école, la conscientisation de classe c’est faire le lien entre l’école (pas alternative) et le travail abstrait, entre ce la forme scolaire et la forme valeur, entre l’objectivation de la performance individuelle et la docilité du travailleur. C’est sans doute ne pas forcément magnifier le bon sens populaire dans sa soit-disant common decency, tandis les gens qui paieraient leur école alternative (et les enseignants de ces écoles, moins payés que dans l’EN) ne seraient pas des prolos authentiques et n’auraient pas besoin de se conscientiser socialement face au capitalisme (laissons les dans leur ghetto petit-bourgeois).

    A quelles conditions est-ce possible ? Les pédagogies nouvelles ne font-elles pas partie de ces conditions ?

    D

    — 

    « Dans les écoles confessionnelles, les jeunes reçoivent un enseignement dirigé tout entier contre les institutions modernes. Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d’autres écoles se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de paysans, où l’on enseignera des principes diamétralement opposés, inspirés peut-être d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. », Jules Ferry, Discours au Conseil général des Vosges en 1879.

  2. Bernard Collot

    Pour une pédagogie de classe (sociale)
    “Les pédagogies nouvelles, centrées sur la question du bien-être, propose des pratiques pédagogiques qui ne sont pas nécessairement les mieux adaptées aux enfants des classes populaires”

    J’aimerais bien que tu développes en quoi.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *