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« Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons»

Merci au site Aggiornamento de nous rappeler qu’il existe d’autres Marseillaise que l’officielle, patriotique et guerrière, remise en avant (pour les écoles bien sûr) par le président de la République ;  les enseignants qui développeront des activités autour de l’hymne national pourront obtenir le soutien financier du ministère de la Défense – inutile de commenter.

La Marseillaise de la paix.

Chanson interprétée à l’orphelinat de Cempuis (1892)

James Guillaume était proche de Paul Robin et ami de Ferdinand Buisson qui nomma ce dernier à la tête de l’orphelinat de Cempuis (Oise). Le texte original est de Martin Paschoud, pasteur pacifiste qui l’aurait écrite en 1882. La chanson est reprise dans l’Almanach de la paix en 1892, date à laquelle elle fut retravaillée et interprétée par les élèves du pédagogue anarchiste.

“De l’universelle patrie
Puisse venir le jour rêvé
De la paix, de la paix chérie
Le rameau sauveur est levé (bis)
On entendra vers les frontières
Les peuples se tendant les bras
Crier : il n’est plus de soldats !
Soyons unis, nous sommes frères.

Refrain :
Plus d’armes, citoyens !
Rompez vos bataillons !
Chantez, chantons,
Et que la paix
Féconde nos sillons !

Quoi ! d’éternelles représailles
Tiendraient en suspens notre sort !
Quoi, toujours d’horribles batailles
Le pillage, le feu, et la mort (bis)
C’est trop de siècles de souffrances
De haine et de sang répandu !
Humains, quand nous l’aurons voulu
Sonnera notre délivrance !

Refrain

Plus de fusils, plus de cartouches,
Engins maudits et destructeurs !
Plus de cris, plus de chants farouches
Outrageants et provocateurs (bis)
Pour les penseurs, quelle victoire !
De montrer à l’humanité,
De la guerre l’atrocité
Sous l’éclat d’une fausse gloire.

Refrain

Debout, pacifiques cohortes !
Hommes des champs et des cités !
Avec transport ouvrez vos portes
Aux trésors, fruits des libertés (bis)
Que le fer déchire la terre
Et pour ce combat tout d’amour,
En nobles outils de labour
Reforgeons les armes de guerre.

Refrain

En traits de feu par vous lancée
Artistes, poètes, savants
répandez partout la pensée,
L’avenir vous voit triomphants (bis)
Allez, brisez le vieux servage,
Inspirez-nous l’effort vainqueur
Pour la conquête du bonheur
Ce sont les lauriers de notre âge.”

On peut aussi écouter la chanson là : http://jguillaume.hypotheses.org/43

Site Aggiornamento http://aggiornamento.hypotheses.org/

8 Comments

  1. Gabriel Giroud

    « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
    Il faut tout de même rappeler que quelques années avant, le même Paul Robin avait mis en place les fameux “bataillons scolaires” de l’école republiquaine et revancharde…

    • Questions de classe(s)

      « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
      Bonjour,

      je pense que c’est une erreur, Paul robin, militant de la Première Internationale (AIT) n’est ni un nationaliste ni un belliciste. Vosu devez confondre peut-être avec Jean Macé, président et initiateur de la Ligue de l’enseignement qui rédigea effectivement un manuel pour les bataillons scolaires… Mais si vous avez d’autres infos, nous sommes preneurs…

  2. Thierry Flammant

    « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
    Le débat sur la Marseillaise pose question. Ce chant historique n’a pas à être mis au goût du jour. On sait qu’il est devenu polysémique, repris par aussi bien par d’authentiques réactionnaires que par des résistants en Chine ou ailleurs. Sa portée est universelle. Que ceux qui s’offusquent de ses paroles jettent un oeil du côté des “Dieu sauve la reine” ou encore “L’Allemagne au-dessus de tout”.
    La version du pasteur protestant n’est ni la plus laïque, ni la plus révolutionnaire… et que les anars de Cempuis l’aient reprise n’en fait pas pour autant une Marseillaise de substitution. “Plus de fusils, plus de cartouches…” ? Mais avec quelles armes se fait une révolution ? Quel fut le premier acte de la Commune ? S’approprier les canons de Montmartre !
    Aurait-on idée de changer les paroles du Chant des partisans ou de l’Internationale ?
    A quoi riment ces effarouchements ? Le “sang impur” n’est pas celui de l’étranger en soi : il est celui de la racaille émigrée et des monarques européens. N’importe quel historien de la période sait que tout étranger rallié à la Révolution était considéré comme citoyen, les exemples ne manquent pas.
    A force de regarder ce que font la droite et la réaction, on en oublie notre patrimoine historique et révolutionnaire. Ce ne sont ni l’une, ni l’autre qui doivent déterminer une prise de position politique.

    • Anonyme

      « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
      Merci de cet apport critique.
      Le but de ce billet n’est pas de reprendre une discussion savante (sur le “sang impur”, on a aussi dit que c’était le sang des défenseurs de la Révolution dont il était question, par rapport à la pureté proclamé du “sang bleu”) ou de comparer la Marseillaise à d’autres hymnes.
      Il est de dire que ce symbole qui a beaucoup circulé de gauche à droite et de droite à gauche depuis sa création, comme le mot de “patriote”, a aujourd’hui un sens plus que discutable : celui de réaffirmer le primat du national; quand on y ajoute l’attitude vis-à-vis des migrants, des mesures telle que la déchéance de nationalité, c’est aller dans un sens qui n’est pas celui de l’ouverture, de la paix… dans un sens opposé selon nous aux valeurs émancipatrices de l’éducation.

  3. Chris

    « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
    Deux moments récents ont provoqué chez moi une colère froide.

    La lecture de ce texte hallucinant d’abord:

    Le discours des “valeurs de la République”: un nouveau masque de l’idéologie dominante/

    http://www.michelcollon.info/Le-discours-des-valeurs-de-la.html

    Auquel j’avais de manière prémonitoire apporté la réponse suivante:

    Marseillaise, Drapeau… Les vrais sujets sont ailleurs? Vraiment?…

    http://www.profencampagne.com/2016/02/marseillaise-drapeau-les-vrais-sujets-sont-ailleurs-vraiment.html

    Et puis à table, il y a quelques jours, pendant le repas de la pause méridienne en compagnie de collègues de toutes disciplines dont une majorité d’enseignants d’Histoire-Géographie-EMC.

    Pour une raison oubliée, il fut question de Fraternité. Ce mot déclencha alors chez un bon nombre de mes camarades de table (que j’apprécie absolument toutes et tous, l’objet n’étant pas ici de m’opposer à eux en tant que personnes bien évidemment) une hilarité prononcée et le rappel de ce moment offert par Ségolène Royal faisant scander le mot FRA-TER-NI-TE lors d’un meeting dont la forme lui fut beaucoup reprochée. Pourtant quand on le réécoute… Passons… Tout cela est déjà loin…

    J’étais sidéré par ces éclats de rire. Sidéré encore plus quand les railleries débordèrent sur les rivages de l’Enseignement Moral et Civique.

    ” De toutes façons, moi, de l’EMC je n’en fais pas ou à peine”;

    ” Tant que cela permet de terminer les programmes d’Histoire-Géo!”

    Tout cela sans aucun doute – j’ose le croire – dans l’habitude de toujours moquer ce qui vient d’ “en-haut”. On aime tous fanfaronner un peu…

    Je fus alors pris d’une colère froide et je m’entendis prononcer une partie des paroles qui suivent. Je les relate de mémoire. Elles furent dites sans violence ni agressivité, mais avec conviction. Je développe davantage ici:

    ” Mais comment pouvez-vous dire de telles choses? Nos élèves, je parle de tous les élèves de ce pays, et en particulier celles et ceux dont TOUS les repères ont disparu: repères religieux transformés et salis par tous les extrémismes, repères familiaux quand ces mêmes familles sont elles-mêmes sans repères, repères culturels puisque n’ayant accès pour beaucoup que très difficilement à la culture, repères d’informations caricaturés par des théories du complot véhiculées sur les réseaux sociaux, repères et rituels scolaires disparus puisque nous-mêmes, NOUS-MEMES, refusons – irresponsable dangerosité – de “fixer”, par l’application des programmes, les jalons nécessaires à des “retrouvailles avec la République”. Ces programmes pouvant être pédagogiquement traîtés comme bon nous semble!

    Comment pouvez-vous tenir un tel discours?

    Oh bien entendu, ce n’est peut-être pas en consacrant une journée à la citoyenneté, en faisant lire la Charte de la Laïcité, en célébrant une année de la Marseillaise qu’on parviendra à rallier tous les enfants perdus de ce pays à ce pays et à ses VALEURS REPUBLICAINES.

    Mais il est en revanche CERTAIN qu’en ne le faisant pas et qu’en continuant de dénigrer cette discipline MAJEURE qu’est l’Enseignement Moral et Civique, voire en ne l’enseignant pas du tout, nous laisserons alors grandes ouvertes les portes à tous les vents mauvais des extrémismes:

    – FN;

    – islamisme, sionisme, intégrismes Catholiques et autres “ismes” fous!

    – théoriciens du “grand Remplacement”;

    – théoriciens des complots;

    Et j’en passe…”

    Il reste un “isme” qu’il serait heureux de mettre en lumière:

    le civisme et les valeurs et symboles qui l’illustrent, le construisent et nous rassemblent!…

    Et pas seulement pendant quelques jours après des massacres…

    Il va falloir “cesser de rire charmante Elvire, les loups sont entrés dans Paris”…

    Christophe Chartreux

  4. Cecile MV

    « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
    Cette Marseillaise de la Paix est très poétique et fait rêver. Pour autant, elle ne peut pas être opposée à La Marseillaise. La Marseillaise, c’est notre Histoire, avec ses beautés et ses laideurs. Nous devons l’assumer. Elle fait partie de notre patrimoine…Nous la chantions dans mon village, le 11 novembre, avec tous les écoliers, lorsque j’étais enfant, pour honorer tous ceux “morts pour la France”. Nous n’en mesurions pas la puissance, mais je sais que nous étions fiers parce que nous avions le sentiment de faire quelque chose qui était important et qui nous unissait. Il y a bien longtemps que nous aurions dû, tous la chanter, et la rechanter, surtout en temps de paix, pour se rappeler combien cette paix est fragile et combien il est nécessaire de la préserver.
    Couplet 2ème des enfants :
    “Enfants, que l’Honneur, la Patrie
    Fassent l’objet de tous nos vœux !
    Ayons toujours l’âme nourrie
    Des feux qu’ils inspirent tous deux. (bis)
    Soyons unis ! Tout est possible ;
    Nos vils ennemis tomberont,
    Alors les Français cesseront
    De chanter ce refrain terrible”

    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Marseillaise#Le_septi.C3.A8me_couplet_.28dit_.C2.AB_des_enfants_.C2.BB.29

    • jpf

      « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
      Faut-il assumer tout le patrimoine ? Y compris les guerres coloniales, y compris la boucherie de 14-18 ?
      Chercher à l’approcher, le connaitre, oui, c’est nécessaire.
      Se mettre ( peu de pays l’ont fait, mais l’Allemagne ou le Rwanda, oui) à interroger le passé du pays dans lequel on vit, c’est de l’éducation. Endosser tout un héritage, c’est autre chose.

      • Thierry Flammant

        « Plus d’armes, citoyens ! Rompez vos bataillons ! »
        Il ne s’agit évidemment pas d’endosser n’importe quel patrimoine mais celui du mouvement ouvrier, donc de l’anticolonialisme et des mutins de 17. La révolution, en France, a offert au moins deux chants universels : la Marseillaise et l’Internationale. Le premier relève de l’histoire, le second du présent. Chanter la Marseillaise aujourd’hui a une connotation nationaliste, gaulliste, de droite. C’est pour cette raison qu’on lui opposa l’Internationale en 68 et après. Mais en 36 les grévistes chantaient les deux comme dans les maquis.
        Un mot sur l’EMC en collège. Le problème, me semble-t-il, n’est pas que ça vienne d’en-haut mais ce que ça contient, qui l’a mis en place et pour quoi faire. Personne ne sait aujourd’hui comment enseigner cet OVNI. Des philosophes crient à l’imposture et beaucoup de monde se demande de quelle morale s’agit-il. Valeurs de la République ? Bien sûr mais quel sens donner à la liberté (déchéance de la nationalité, Valls), à l’égalité (Macron, salaires, CAC 40), à la fraternité (guerres de Sarkozy-Hollande) ? Enseigner la Ve République comme modèle démocratique comme nous y invitent les Instructions officielles ? Faire apprendre et chanter la Marseillaise ? En histoire, pourquoi pas – bien que l’intérêt pédagogique soit des plus douteux – mais en EMC… Est-ce notre rôle de former des supporters de football ou des petits soldats ? Ces questions ont toujours – sous une forme ou sous une autre – traverser les débats sur l’Instruction puis Education civique : enseigner les lois et les règles ou bien les pratiques réelles ? Se transformer en propagandiste ou faire naître l’esprit critique émancipateur ? Pour ce gouvernement et ses ministres la première alternative est la seule envisagée et imposée actuellement (cf. réunions de formatage à la réforme des collèges).

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