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Pédagogie critique: lutter contre les préjugés dès l’école maternelle

Sous l’influence de travaux de la psychologie sociale, des programmes éducatifs se sont intéressés à l’étranger à la lutte contre les préjugés, qu’ils soient racistes ou sexistes, dès l’école maternelle.

Des préjugés qui apparaissent très tôt.

C’est dès l’âge de la tout petite section de maternelle, entre 2 et 3 ans, que les enfants commencent à se construire des représentations de la différence fille/garçon et à avoir conscience de la différence de couleur de peau.

Ces préjugés peuvent se traduire par des stéréotypes négatifs entre les enfants: certains enfants ne veulent pas jouer avec d’autres en raison de leur couleur de peau, les garçons dévalorisent les activités qu’ils jugent féminines.

L’origine sociale des préjugés:

Il existe plusieurs théories sur l’origine sociale des préjugés. La théorie de l’apprentissage social insiste sur les effets de l’imitation de modèles que sont en particulier les parents: ceux-ci peuvent véhiculer auprès de leurs enfants des préjugés. Cela a été mis en valeur en particulier par Albert Bandura.

Une autre approche, l’influence sociale, insiste sur l’influence générale du groupe dans lequel est inséré l’individu qui, par crainte d’en être exclu, en adopte les normes dominantes. Cet effet a été en particulier mis en lumière par Salomon Asch.

La catégorisation est également un mécanisme mis en valeur. La vie sociale repose sur la catégorisation. C’est de là que naissent les stéréotypes. Néanmoins cette catégorisation peut aboutir à des généralisation abusives: les différences entre individus disparaissent au profit de stéréotypes négatifs attachés à l’ensemble du groupe. Bien souvent, les stéréotypes se renforcent d’autant plus que l’individu ne connaît pas ou connaît peu de membres du groupe qu’il stéréotype. Cette constatation a été faites par exemple concernant les préjugés négatifs à l’égard des personnes homosexuelles: ils sont plus présents chez les personnes qui n’en connaissent pas directement.

Les conséquences des préjugés et stéréotypes négatifs:

Les préjugés négatifs ont plusieurs effets sur les groupes ou les individus qui en sont victimes. La stigmatisation a été mise en valeur par Goffman, qui a montré les effets d’étiquetage liés au fait d’être considéré comme déviant par rapport au groupe considéré comme dominant.

La menace du stéréotype mesure l’effet des préjugés en situation d’évaluation. Un individu appartenant à un groupe victime d’un préjugé négatif relativement à ses capacités dans un domaine subit un stress supérieur et voit ses capacités baisser lors d’une épreuve évaluée. Néanmoins, plus la personne se considère comme un individu à part entière et considère qu’elle se distingue de son groupe de référence, plus elle montre une capacité à résister à l’effet de la menace du stéréotype.

Les stéréotypes négatifs liés à un groupe peuvent également avoir un effet sur l’estime de soi des personnes qui en sont victimes. Celles-ci ont alors une image plus négative d’elles-mêmes et une moindre confiance en elles pour agir. Néanmoins, il est possible de lutter contre cela par des techniques de coping: l’individu met en place des stratégies qui créent chez lui la perception de pouvoir lutter contre les stéréotypes négatifs. Au contraire le sentiment d’être impuissant face à la situation augmenterait la faible estime de soi.

Parmi les effets des préjugés racistes, il est possible de mentionner une expérience célèbre aux Etats-Unis, qui montre la préférence des petites filles noires pour les poupées blanches: elles ont intériorisés le préjugé que celles-ci seraient plus jolies.

Lutter contre les préjugés et déconstruire les stéréotypes dès l’école maternelle

En France, le programme l’ABCD de l’égalité avait pour objectif de lutter contre les stéréotypes de genre dès la maternelle.

En Suède, des écoles maternelles appliquent une pédagogie neutre, non-genrée (Voir le documentaire: Il, elle, hen: la pédagogie neutre en Suède, https://www.youtube.com/watch?v=B7zd1XSQ6LE )

L’ADL (Anti-defamation league) énonce plusieurs points concernant l’éducation anti-préjugé à l’égard des jeunes enfants:

– La haine est apprise et peut être désapprise.

– Les enfants ne sont pas daltoniens: ils se posent très tôt des questions sur les différences ethniques.

– Parler des différences n’augmente pas les préjugés entre les enfants.

– Il ne suffit pas de parler de la diversité entre les gens.

– Parler de la diversité culturelle et humaine aux enfants dès la maternelle.

– Les éducateurs/trices doivent commencer par interroger leurs propres préjugés et stéréotypes.

Bibliographie:

Les enfants ont-ils des préjugés ? –
URL: http://elianekra.blogspot.fr/2010/05/les-enfants-ont-ils-des-prejuges.html

Christa Preissing & Petra Wagner, Les touts petits ont-ils des préjugés ?, Eres, 2007.
Sur l’ABCD de l’égalité: Lutter contre les stéréotypes sexistes cette école maternelle le fait, 2013.- URL: http://www.femmeactuelle.fr/actu/dossiers-d-actualite/lutter-contre-les-stereotypes-sexistes-cette-maternelle-le-15894

Article “préjugés” (Wikipédia) – URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9jug%C3%A9_(psychologie)

Talking to young children about bias and préjudice – URL: http://www.adl.org/education-outreach/curriculum-resources/c/talking-to-young-children-about-bias-and-prejudice.html?referrer=https://www.google.fr/#.WEGVJubhDIU

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