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Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

On estime qu’il y a 158 millions d’enfants âgés entre 5 et 14 ans qui travaillent (un enfant sur six dans le monde). Des millions d’enfants sont exploités dans conditions dangereuses (mines, produits chimiques industriels, pesticides agricoles, machines accidentogènes etc.). En Afrique subsaharienne à peu près un enfant sur trois travaille, ce qui représente 69 millions d’enfants. En Asie du Sud, 44 autres millions d’enfants sont également au travail.
Les enfants vivant dans les familles les plus indigentes des pays les plus pauvres sont plus susceptibles d’être contraints au travail. En grande majorité, il s’agit de filles sacrifiées aux tâches ménagères. De plus celles qui sont exploitées comme domestiques sont particulièrement vulnérables aux abus sexuels.
La communauté internationale admet la participation des enfants à l’activité économique à condition qu’elle ne nuise pas à leur santé, à leur développement ou à leurs études. Un léger travail est autorisé à partir de l’âge de 12 ans en vertu de la Convention 138 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Le travail non conforme aux normes de l’OIT concerne d’une part les enfants de moins de 12 ans ; d’autre part, les enfants âgés de 12 à 14 ans utilisés dans des activités préjudiciables à leur santé.
Les pires formes de travail touchent parfois des enfants réduits en esclavage, recrutés de force, assujettis à la prostitution, obligés de se livrer à des activités illicites et devant accomplir un travail dangereux. http://www.unicef.org/french/protection/index_childlabour.html

En 1856, dans Melancholia, Hugo s’insurge contre le travail dur et pénible des enfants (extrait de Les Contemplations Livre III, 2).

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait – c’est là son fruit le plus certain ! –
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
O Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux

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