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Où est le social ?

Pédagogiquement, c’est notre choix : l’école n’est pas un précepteur (ou une collection de précepteurs) pour tous, c’est un lieu où on apprend avec les autres. Banalité ? Pas tant que ça en ces temps d’individualisation forcenée, pendant scolaire du « chacun pour soi » de l’extérieur. Une vie collective organisée qui donne sens à la classe, la construction d’objets de débats et de savoirs en petit ou grand groupe, la confrontation permanente et normale avec le comprendre et la difficulté de comprendre des autres, ce n’est pas une question de bons sentiments, c’est un travail efficace sur la durée.

C’est aussi le choix des adultes qui décident de faire équipe, malgré les frontières disciplinaires dans le second degré et la vie propre de chaque classe dans le premier degré. Ce choix peut aller jusqu’à s’intéresser ce qui se fait dans l’école d’à côté, voire dans les écoles de tel ou tel quartier ou réseau d’éducation prioritaire ; il y a des cas où du travail commun prend racine.

Dans un cas comme dans l’autre, on est dans une visée collective volontaire ou acceptée qui n’est pas de l’enrégimentement mais de l’ouverture et de la mise en œuvre. Avers de la pièce : c’est un travail à recommencer jour après jour, car des forces puissantes poursuivent inlassablement le travail inverse de déliaison, d’opposition des tout-proches, de mise en valeur des différences. On reste dans l’habitude du cours magistral ou du « chacun son fichier et personne ne bronche », on cherche le « bon établissement » (pour y mettre ses enfants ou y enseigner), il n’est pas facile de résister à ce bulldozer.

Entre catégories sociales du champ éducatif, c’est la même chose : les frontières restent étanches entre premier et second degré, entre personnels enseignants et médicaux-sociaux, entre animateurs et enseignants dans le premier degré, avec le lot d’aigreurs qui va avec. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la querelle actuelle des rythmes scolaires, très vive à Paris, n’a pas calmé le jeu. Ces divisions ne datent pas d’aujourd’hui, elles sont structurelles, elles contribuent à faire que le sens global de l’ouvrage échappe à tous : comme pour le domaine pédagogique, le manque de collectif est un manque de sens et donc un manque d’efficacité.

Si l’on élargit la focale, on est bien obligé de constater un monde salarial éclaté qui aurait facilement peur des non-salariés ou des salariés qui viennent d’ailleurs.

Et si donc à l’inverse, le bon critère pour une action, pédagogique ou sociale, était l’unité ? À l’échelle millimétrique qui est la nôtre (car nous sommes aussi des 7/milliardièmes d’humanité) : faire qu’un intervenant d’un atelier voix et qu’un PVP musique (Ville de Paris) se parlent, que des parents d’élèves entourent une famille sans-papiers, que bibliothécaires de quartier et documentalistes travaillent ensemble, que les parents puissent venir dans l’école à de multiples occasions et pas seulement pour écouter… on pourra chipoter sur tel ou tel exemple, ou les trouver tellement minuscules (ils le sont), ou allonger la liste presque à l’infini, l’important n’est-il pas ce fameux « tous ensemble » ? À son échelle (là aussi minuscule), ce site, qui va essayer de faire que militants syndicaux et pédagogiques se parlent (et pas seulement s’expriment tour à tour) veut y contribuer.

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