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Nouveau n° de la revue N’Autre école

Sommaire n° 6

Le n° 6 de la revue N’Autre école “Esprit critique es-t-u là ?” est maintenant disponible.
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Sommaire n° 6
Sommaire n° 6

Édito du n° 6 : Esprit critique, es-tu là ?

L’esprit critique, pour nous, il est d’abord au cœur de l’apprendre : de l’ordre du quotidien. C’est ce que nous rappelle Gérard de Vecchi, dans un entretien à la suite de son ouvrage (Former l’esprit critique, tome I, Pour une pensée libre, tome II À travers les disciplines, ESF, 2015 et 2016).
Et ça démarre à la maternelle, et en sciences s’il vous plaît , ça se retrouve en CM1 (avec la tranquille démolition des stéréotypes de genre dans les albums de jeunesse (“Et si Blanche Neige était un garçon… ?”), et jusqu’au lycée avec une hilarante expérience en sciences (notre roman-photo “Pédagogie du dérangement”). Et l’évaluation n’y échappe pas (“Quand les élèves évaluent les cours”).

C’est cohérent avec ce que nous sommes : une revue de praticiens, de volontaires de l’égalité dans notre activité de tous les jours ; nous sommes fiers de cette caractéristique : la revue nous permet le pas de côté pour avoir le regard réflexif sur nos activités, et l’assurance (pas la certitude) que donne le contact, plaisant ou rugueux, avec les réalités de notre travail.

Sans illusion toutefois sur une capacité magique que nous aurions à transmettre : qu’on parle d’OGM (“pédagOGiqueMen”t)) ou de sciences économiques et sociales (“Chahuts et brouhaha”), proclamer un discours critique ne suffit pas ; notre choix est de mettre les élèves en posture critique (voir également « Croyance et esprit critique » ). Un noble « bricolage » (Rancière) beaucoup plus exigeant que la proclamation d’une doxa alternative à la doxa officielle (article sur la philo).
Car l’esprit critique n’est pas chose facile (« Former à l’esprit critique ») Cela touche aussi les militants sociaux que nous sommes également, dans l’espace public autre que l’école (« Gauche et esprit critique ») : nous avons additionné trop d’aveuglements pour ne pas nous poser la question. Sérieusement.

Un sérieux qui ne gomme pas l’engagement, et s’intègre à nos choix, politiques et éthiques : à l’heure du complotisme proliférant, il faut redire que l’esprit critique n’a rien à voir avec l’esprit de critique, ni avec la dérision ou le soupçon généralisé. La justesse de l’observation va pour nous avec la justice : si l’esprit critique n’est pas assujetti à une secte ou à des slogans, il est mû par notre souci de l’égalité : l’esprit (critique) ne va pas sans le cœur (à gauche, voire plus). Depuis que les neurosciences ont montré que sentiments et intelligence rationnelle avaient partie liée (de façon complexe et parfois contradictoire, mais pas forcément), plus encore que d’esprit critique, nous pouvons parler d’« indocilité mentale » (Michel Neumayer) pour « apprendre à résister » (Olivier Houdé), sachant qu’apprendre vraiment, c’est justement résister !

Ainsi, avec le même espoir et la même fougue que le philosophe des Lumières, mais avec l’amère expérience des perversités d’hier et d’aujour­d’hui, nous visons « la sortie de l’homme de sa minorité, dont il est lui-même responsable… puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui ». Sapere aude ! Apprenons à penser, avec nos élèves, contre tous les promoteurs d’injustice et de haine. ■

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