Menu Fermer

N’autre école… elle va se faire…

… N’autre école[1]… ils vont la faire !

Des syndicats qui n’hésitent pas de mettre la transformation des pratiques pédagogiques au cœur de leurs préoccupations immédiates ? Et bien, surprise, ça existe ! Et foin de récriminer et revendiquer (ce qui n’empêche pas !), ce sont les syndiqués qui se remettent eux-mêmes en cause. Il s’agit de la CNT et de SUD[2], tant pis pour la pub, mais ça le mérite !

Déjà, ils s’étaient retrouvés à Paris il y a quelques semaines pendant deux jours, plus de 300, uniquement pour s’aider mutuellement à penser « enfants » et « adolescents » au lieu de penser « élèves ». Il y a deux mois c’était à Limoges (voir le billet), hier c’était à Toulouse où une cinquantaine était attendue mais c’est plus d’une centaine qui a envahi les locaux syndicaux peu habitués à de pareils trouble-fêtes. Pardon, ce n’était pas pour troubler une fête, c’était pour qu’un jour, et même dès le lendemain matin, par petits ou grands bouts, l’école change et soit une fête pour les enfants comme pour les profs.

Ce qui m’a frappé, c’est le dynamisme de tous ces participants(es), une forte envie de changer sans attendre en même temps qu’une grande lucidité. En une journée ils (elles) ont balayé tout la problématique de l’école, des apprentissages, des conséquences aussi bien cognitives, psychologiques, affectives que sociales et sociétales de chacune de leurs actions, de leurs comportements, de leurs façon d’être, de faire, de faire faire ou de ne pas faire faire…

Habituellement, même lorsqu’il y a envie, on entend d’abord déverser la plainte, ce qui empêche, des déceptions, des anecdotes récentes désagréables où beaucoup ont été malmenés voire broyés (ce qui est légitime, tous en ont !)… ce qui aboutit au « oui mais ce n’est pas possible, dans l’état actuel du système éducatif, de l’administration, des parents… » (ce qui n’est pas tout à fait inexact !). Et bien, rien, absolument rien de tout cela ! Ils, elles ont pris l’école à bras le corps, c’est-à-dire elles et eux dans l’école où enfants et adolescents sont au centre. J’ai vraiment été impressionné et enthousiasmé par la force qui se dégageait de ce stage.

Peu importait leurs options pédagogiques (traditionnelle, Freinet, pédagogie institutionnelle, pédagogies actives…), les établissements où ils travaillaient (maternelle, primaire et secondaire), leur degré d’expérience (débutants(es), chevronné(es),… retraité(es)…). Il ne s’agissait pas de défendre une pédagogie particulière, un dogme quelconque, il s’agissait de s’entraider à changer, d’échanger et de mutualiser ce qui pouvait servir aux uns ou aux autres, et même de se laisser interpeler dans ce qui dérange (un atelier s’intitulait « le maître ignorant »… aussi efficient que le maître savant ?).

Pour que les enfants aient du plaisir à être et vivre dans l’école, pour que les profs aient du plaisir ! Ce plaisir, certains(es) déjà en jouissaient. Pour d’autres on pouvait lire une certaine angoisse, voire une certaine souffrance sur les visages. Le doute, il faut quelque temps pour le faire disparaître (du temps, et les autres), d’autant que chacun(une) connaît les difficultés de tous ordres qu’il(elle) aura à affronter. Ce n’est pas dans la tranquillité qu’ils(elles) s’installeront. Il y a aussi la peur de ses fragilités, de ses faiblesses, mais c’est plutôt des fragilités qu’on se suppose avoir. J’ai beaucoup aimé la confiance que celles et ceux qui avaient déjà confiance leur insufflaient. Ce qu’on prend pour des fragilités sont aussi des richesses.

J’ai eu le plaisir de vivre intensément cette journée avec elles et eux. Il s’en est dégagé un souffle qui est en train de se propager.

Merci pour l’optimisme que vous redonnez. Et bravo à la CNT et à SUD !

[1] « N’autre école » est le titre de la revue de la CNT qui va bien au-delà des simples revendications.

[2] J’avais déchiré ma carte syndicale en 1969 et depuis m’était totalement désintéressé de ce type d’organisations et de leurs luttes fratricides ! Et voilà que ces deux-là invitent un non-syndiqué et même réfractaire à tout encartement (un mécréant !) à parler pédagogie avec eux ! Je n’ai pas regretté le voyage !

7 Comments

  1. paul noel

    N’autre école… elle va se faire…
    Il faudrait que les IEN laissent la CNT et SUD organiser et animer leurs conférences pédagogiques :-)))

  2. Barrouquère

    N’autre école… elle va se faire…
    J’ai fait la scolarité à mi-temps du ce1 à la seconde car j’étais élève au conservatoire de musique de Toulouse. Donc deux fois moins de temps d’école qu’un élève “normal”. J’ai repris le lycée “normal” et je n’avais aucun retard, sans forcer j’ai eu mon bac avec mention du premier coup. Ma question est: ça sert à quoi l’école?

  3. Hypothèse

    N’autre école… elle va se faire…
    Ce que je sais, c’est que l’être humain est un absolu. Tous les êtres humains. C’est pour ça que la démocratie est incontournable, c’est la seule façon de dire à autrui : Ose dire, toi aussi tu as le droit de parler, de t’exprimer, c’est pour ça qu’on a voulu la démocratie.
    La seconde, c’est qu’il appartient à chacun de hiérarchiser ses priorités. Aussi bien les enfants que les adultes. Comme il est impossible de contester un être humain, tous les comportements se rencontrent. Mais il est possible de demander à autrui quelle est sa priorité ? Je prends un exemple. Ce matin je trouve devant chez moi un petit paquet. Je l’ouvre. Je vois une crotte de chien. Je comprends que quelqu’un a fait le nécessaire pour que le trottoir reste propre, à moi de prendre le paquet, de le vider dans les toilettes et de mettre le plastique à la poubelle. C’est simple et ça me réjouit de voir qu’il y a des passants attentifs à la propreté. Je raconte l’histoire à mon mari et quand je suis arrivé au moment où je lui dis que j’ai mis la crotte dans la cuvette des W.C., il m’interompt pour me dire que le plastique ne se dissoud pas. Qui lui avait dit que le paquet était entouré d’un plastique ? Il l’avait vu la veille au soir. Chacun est appelé selon sa vocation, c’est pour cette raison qu’il n’est pas possible de juger quiconque.

  4. Patrick

    N’autre école… elle va se faire…
    Suite au stage et texte de Bernard sur ces 2 journées, j’ai écrit ce petit texte en réponse à Bernard avec qui nous avons passé ces moments.

    Limoges, Créteil, Toulouse, à qui le tour ……………

    Être à la retraite, bénéficier de son salaire socialisé est un vrai bonheur. Et l’on se dit que l’on va pouvoir couler des jours paisibles entre randonnées, pêche, champignons et farniente, loin de la tourmente qui sévit.
    Mais voilà, en haut d’une montagne perché sur mes skis en admirant le paysage qui s’étale à mes pieds, il me semble que quelque chose me manque. Ce quelque chose je l’ai trouvé, à Limoges d’abord, puis à Créteil, à Toulouse et …. j’attends la suivante. Durant ces journées j’ai rencontré certes une certaine souffrance, un mal-être, des questions presque et même certainement existentielles, mais surtout j’ai rencontré une volonté d’aller de l’avant.
    Des jeunes, beaucoup de jeunes, et quelques moins jeunes (il en faut aussi !!!…), une joie de se retrouver, une dynamique entrainante, un bouillonnement d’idées, de questions et même des réponses. Des instituteurs, des professeurs mais aussi des non-enseignants : surveillants, avs, étudiants, et j’en oublie certainement, qui posant tout sur la table disent : « Allons-y, construisons ensemble, quelle école ? Pour qui ? Pour quoi ? Comment ? ».
    Pas de chichi, on raconte ses faiblesses, ses manques, ses questions mais sans se lamenter. On écoute, on intervient, on questionne, on essaie de répondre. Tout y passe, les programmes, les pratiques, les méthodes, les manques, les faiblesses mais aussi les richesses de chacun et de tous, parfois ignorées, ou minorées voire même sous-estimées si ce n’est mésestimées.
    Et toujours au centre des débats les ENFANTS, leur bonheur, le plaisir d’apprendre de construire ensemble. Cela apparaît parfois, dans la bouche de nos détracteurs, comme étant angélique, naïf, utopique dans le meilleur des cas, pas moderne, archaïque et d’un autre âge dans le pire des cas.
    Mais on s’en fiche, même notre 1ère chemise a plus d’intérêt, on comprend au fil du temps et des expériences que notre métier est aussi un combat politique et même idéologique.
    Notre tâche est d’accompagner tous les enfants vers plus de savoirs, plus de liberté, plus de coopération et d’échanges et tout cela comme le veut l’étymologie du mot école: dans le PLAISIR, le bonheur d’apprendre et d’avancer ensemble.
    Nous sommes toutes et tous riches de beaucoup de choses (y compris dans nos « faiblesses ») qu’il faut oser reconnaître et accepter.

    Toutes ces richesses mutualisées, partagées sont une force colossale (c’est ce qui leur fait peur en face). Alors faisons ou continuons de leur faire peur.
    Ces 2 journées m’ont fait penser à un poème de Gabriel Célaya chanté par Paco Ibanez que je vous joins : « La poesia es un arma ».

    En attendant la prochaine rencontre qui ne saurait tarder, je tenais à vous dire tout le plaisir que j’ai eu à partager ces moments trop brefs mais si intenses. Et puis du haut des montagnes j’aurai un nouvel horizon où porter mon regard maintenant.

    La poesía es un arma

    Cuando ya nada se espera personalmente exaltante,
    más se palpita y se sigue más acá de la conciencia,
    fieramente existiendo, ciegamente afirmando,
    como un pulso que golpea las tinieblas,
    que golpea las tinieblas.
    Cuando se miran de frente
    los vertiginosos ojos claros de la muerte,
    se dicen las verdades;
    las bárbaras, terribles, amorosas crueldades,
    amorosas crueldades.
    Poesía para el pobre, poesía necesaria
    como el pan de cada día,
    como el aire que exigimos trece veces por minuto,
    para ser y en tanto somos, dar un sí que glorifica.
    Porque vivimos a golpes, porque apenas si nos dejan
    decir que somos quien somos,
    nuestros cantares no pueden ser sin pecado un adorno.
    Estamos tocando el fondo, estamos tocando el fondo.
    Maldigo la poesía concebida como un lujo,
    cultural por los neutrales, que lavándose las manos
    se desentienden y evaden.
    Maldigo la poesía de quien no toma partido,
    partido hasta mancharse.
    Hago mías las faltas. Siento en mí a cuantos sufren.
    Y canto respirando. Canto y canto y cantando
    más allá de mis penas,
    de mis penas personales, me ensancho,
    me ensancho.
    Quiero daros vida, provocar nuevos actos,
    y calculo por eso, con técnica, que puedo.
    Me siento un ingeniero del verso y un obrero
    que trabaja con otros a España,
    a España en sus aceros.
    No es una poesía gota a gota pensada.
    No es un bello producto. No es un fruto perfecto.
    Es lo más necesario: lo que no tiene nombre.
    Son gritos en el cielo, y en la tierra son actos.
    Porque vivimos a golpes, porque apenas si nos dejan
    decir que somos quien somos,
    nuestros cantares no pueden ser sin pecado un adorno.
    Estamos tocando el fondo, estamos tocando el fondo.

    • Valérie Guiffrey

      N’autre école… elle va se faire…
      Quel commentaire,
      Il a l’art de me plaire !

      Dans les oublis…Les parents !
      Tu sais ? Ceux qui font les enfants.

      Participant aussi à la clairière de l’éducation !

      (La clairière de l’éducation : lieu d’intersection momentanée entre les 3 temps (ou temples) de l’éducation : l’ “école”, le “périscole”, et le “parentole”. A ce jour, c’est le jardin secret des enfants. Mais le jour ne si lève pas souvent.)
      référence au livre de Franck Beau 4 jours et demi p 134 http://www.questionsdeclasses.org/?4-jours-et-demi-comprendre-la

      Ces quelques mots (loin de la critique) pour te remercier du plaisir de te lire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *