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Lorant Deutsch devant nos élèves ? Ce sera sans nous

Les Historiens de Garde, William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Préface : Nicolas Offenstadt Nouvelle postface. Libertalia, oct. 2016, 10 €

Nous relayons le texte publié sur le site Aggiornamento histoire-géographie pour cet appel important…

Rédacteur/rédactrice : Nicolas Kaczmarek et Marie-Cécile Maday, enseignants d’histoire-géographie à Trappes

Il y a quelques semaines, nous apprenions la venue à Trappes de Lorànt Deutsch le 4 novembre 2016. Il est prévu que M. Deutsch se produise dans la salle de spectacle de la Merise, pour parler d’Histoire de France aux élèves de Quatrième des trois collèges de Trappes.

Cet événement est une initiative du salon Histoire de lire de Versailles appuyée par M. Bédier, président du Conseil départemental des Yvelines. Cette intervention de M. Deutsch nous a d’abord été présentée comme une simple proposition, que nous avons déclinée. Les pressions exercées conjointement par les organisateurs et par l’inspection pédagogique régionale d’histoire-géographie sur les chefs d’établissement démontrent clairement qu’elle est en réalité obligatoire.

Après la visite de Dimitri Casali au Val Fourré le 2 novembre 2015, organisée par les mêmes personnes et au nom des mêmes motifs, la venue de M. Deutsch à Trappes n’est que la conséquence de l’idée selon laquelle les élèves des quartiers populaires du département, d’ascendance immigrée récente, ne seraient pas assez attachés à la République. L’urgence serait de leur faire aimer la France et la République, et le seul moyen pour y parvenir serait de les divertir et de les émouvoir dans une Histoire de France présentée sous la forme d’un roman national.

Nous dénonçons fermement ce projet et les principes qui l’animent. Nous refusons d’être associés à une démarche qui va à l’encontre du métier que nous exerçons : l’Histoire n’a pas pour but de faire aimer la France, c’est une science qui permet de comprendre le passé par une étude critique et dépassionnée. Notre fonction est d’amener nos élèves vers la connaissance, pas de diffuser auprès d’eux des images d’Épinal qu’habituellement on épargne aux autres élèves de France. Nous n’accompagnerons pas nos élèves à cette représentation qui leur est imposée et travaillerons activement à ce qu’elle n’ait pas lieu.

NDLR : Savourons ensemble cette délicieuse interview de Lorant Deutsch dans Valeurs Actuelles

Et pour aller plus loin, à lire sur Deutsch, Casali et consorts, Les Historiens de garde, sortie en réédition poche le 20 octobre 2016
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Les Historiens de Garde, William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Préface : Nicolas Offenstadt Nouvelle postface. Libertalia, oct. 2016, 10 €
Les Historiens de Garde, William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Préface : Nicolas Offenstadt Nouvelle postface. Libertalia, oct. 2016, 10 €
->http://editionslibertalia.com/catalogue/hors-collection/les-historiens-de-garde]
(pour commander, cliquez sur l’image)

De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national.

À la publication du Métronome de Lorànt Deutsch, les médias saluent unanimement le travail d’un passionné d’histoire sachant se mettre au niveau du public.
Pourtant, son approche fait l’apologie de la monarchie, évoque avec nostalgie un passé fantasmé et réduit les révolutions à des instants de terrorisme sanglant.
Les travaux de Lorànt Deutsch participent au retour en force de récits orientés, portés, notamment, par des conseillers politiques comme Patrick Buisson (ancien directeur de Minute, directeur de la chaîne Histoire) qui a travaillé à la publication du Paris de Céline avec le comédien, mais aussi par des personnalités médiatiques comme Franck Ferrand, Éric Zemmour ou Michel Onfray.
Les auteurs s’inquiètent ici du réveil de cette histoire nationale dont Lorànt Deutsch est le poste avancé. Nationale, car il n’y est question que de la France au sens le plus étroit du terme. Nationale, car l’histoire n’y est envisagée que comme un support au patriotisme le plus rétrograde.
Alors que les sciences historiques ne cessent de s’ouvrir à des horizons plus larges, cet essai tire la sonnette d’alarme contre les replis identitaires diffusés par ces « historiens de garde », en analyse les causes lointaines et propose de multiplier les initiatives en vue de rendre plus accessibles à tous des études historiques de qualité.

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