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Le chef d’établissement rêvé…

Si plusieurs enquêtes et analyses confirment que le malaise des enseignants demeure, malgré leur profond attachement à leur métier, un sujet en particulier mérite d’être questionné : à l’heure où l’on met officiellement l’accent sur la bienveillance envers les élèves, sur l’attention à porter à toute forme de harcèlement, de souffrance et de décrochage à l’école, qu’en est-il de la sphère enseignante ?
En quoi le chef d’établissement est-il aussi responsable, au sens large du terme, du bien-être des personnels qui l’entourent ?
A l’aune d’un travail de longue haleine pour appliquer la réforme du collège, par laquelle la coopération entre tous les membres d’un établissement scolaire est plus que jamais de mise, quelles relations peut-on espérer entre enseignants et chef d’établissement ?

S’il y a des établissements où les relations sont apaisées et harmonieuses, où le chef d’établissement travaille dans le respect et la bienveillance, force est de constater que, dans de trop nombreux cas, la concordance n’est que de façade. Et parfois même, le conflit éclate au grand jour, le plus souvent au détriment des collègues enseignants, qui ne disposent pas de toute la machine hiérarchique pour les protéger.

Mais, au lieu de ne souligner que les manques, que ce qui contribue au malaise des enseignants, et si nous rêvions un peu notre chef d’établissement ?

Et si, au lieu de réunions officielles ou de convocations menaçantes, on pouvait se croiser de manière informelle à la machine à café ?
Et si, au lieu d’exiger des projets de voyage, de sortie, de partenariat bien arrêtés et définis, qui seront pour beaucoup rejetés parce que les enseignants n’ont pas forcément toutes les clés pour les construire, on pouvait y travailler ensemble et chercher des solutions de financement, de partenariat ?
Et si, au lieu d’être convoqués et de subir la lecture d’une liste de griefs accompagnée d’une menace d’inspection ou de rapport hiérarchique, les enseignants étaient accompagnés, conseillés, orientés de manière bienveillante et constructive ?
Et si, au lieu d’arguer la nécessité de ne pas supprimer de cours aux élèves pour refuser une demande de formation, les chefs d’établissement les accueillaient avec enthousiasme en comprenant qu’un enseignant qui se forme est un enseignant toujours curieux et volontaire pour travailler différemment, au profit de ses élèves ?
Et si, plutôt que de favoriser la scission dans les équipes pédagogiques notamment lors de la répartition des moyens, les chefs d’établissement travaillaient à leur cohésion et à la construction d’une vraie dynamique d’équipe ?
Et si, plutôt que de faire primer la logique comptable et institutionnelle, les chefs d’établissement étaient plus à l’écoute des préoccupations pédagogiques des enseignants ?
Et si, au lieu de s’insurger contre toute contestation et parole contradictoire, les chefs d’établissement étaient capables d’écouter les idées, les griefs, les besoins des enseignants et de se remettre en question ?
Et si, plutôt que d’imposer avec autoritarisme, on pouvait dialoguer ?
Et si, ……… ???

Car ce climat scolaire, dont on parle tant, en demandant aux enseignants d’y être attentifs, de créer un vivre ensemble harmonieux et enthousiasmant pour les élèves, concerne aussi les adultes qui sont les premiers à faire vivre l’établissement. Mais quand la malveillance les entoure, quand leurs relations avec leur hiérarchie sont dissonantes, et parfois délétères, comment espérer qu’ils conservent l’envie et l’énergie nécessaires pour s’engager pleinement, sereinement dans cette mission ?

Jacqueline Triguel

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