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La pédagogie du doigt dans l’oeil ?

  • Framasoft, le fameux réseau de sites collaboratifs promouvant les logiciels libres vient de publier la traduction française d’un long article de Donald Clark édité le 24 février sur son Blog personnel. Il y développe un long argumentaire en sept points contre l’achat et l’usage à destination des collégiens de la tablette numérique, notamment l’ipad, comme support aux activités pédagogiques et didactiques.
  • Destiné initialement à nourrir le débat américain, cet argumentaire semble répondre parfaitement aux interrogations que suscite la distribution présidentielle d’ipad dans les écoles corrézienne et à l’embryon de débat autour de la pertinence des lignes de crédit débloquées par les TICES pour inciter les établissements à acheter des logiciels didactiques.
  • Critique partisane d’un développeur du logiciel libre contre la stratégie d’hégémonie commerciale des concepteurs “propriétaires” ? Critique d’un engouement consumériste de l’époque ? Pas seulement…L’originalité de ses arguments tient à ce qu’il ne se contente pas de renouveler des critiques déjà maintes fois développées sur le site. Mais qu’il cherche plus à interroger les possibilités d’une adéquation entre les finalités pédagogiques d’un enseignement et l’usage d’un objet technologique dévolu à la communication. Il a le mérite, mine de rien, de renouveler autour de la question plus générale du développement des TICE à l’école, le débat autour de sur ses finalités : former de futur surfeur-consommateur ou des esprit critiques et créatifs.

J’ai collé ci-dessous des extraits de l’article illustrant selon les limites de l’usage de la tablette à l’école. Je vous invite à découvrir l’ensemble de l’article sur la page de Framasoft au lien suivant : http://www.framablog.org/index.php/post/2013/02/27/ipad-tablette-education-non

(…)

Alors pourquoi cet engouement pour les tablettes et les iPad dans les écoles ?

Mis à part ces motivations d’achat, pourquoi cette obsession des iPad ? Je n’ai pas été séduit et je n’achèterai pas le package. Si comme moi vous considérez que l’enseignement doit faire émerger des individus autonomes qui peuvent construire une vie dans laquelle ils se sentent en confiance avec la technologie, acquièrent des compétences grâce à elle et en retirent le maximum à la maison ou au boulot, alors un iPad ou une tablette est un mauvais choix et voici selon moi pourquoi…

1. L’écriture

La capacité à écrire se retrouve au cœur de l’éducation primaire, secondaire et supérieure. Les enfants ont besoin d’être encouragés à beaucoup écrire pour apprendre, que ce soit en prenant des notes, en rédigeant des devoirs, des rapports, des manipulations de données, des écrits d’invention ou des dissertations. Les claviers des écrans tactiles sont inconfortables avec des taux d’erreur élevés et la manière de sauvegarder, travailler en réseau, ou d’imprimer est tortueuse. On revient à l’ardoise victorienne, voire bien pire en fait. J’en possède une et je trouve qu’il est plus facile d’écrire sur cette ardoise plutôt que de taper sur un iPad. Fait intéressant, en leur fournissant un appareil si hostile à la création de l’écriture, vous pouvez faire passer l’envie d’écrire aux élèves débutants. Répondre à cela en disant qu’il est possible d’acheter des claviers pour les tablettes revient à admettre une défaite. C’est répondre que les tablettes ne fonctionnent que si vous les transformez en ordinateur. À quels coûts supplémentaires ?

2. La créativité

Les tablettes sont faites pour consommer du contenu, les ordinateurs (portables) permettent la création de contenus. Ce n’est pas parce que les choses sont belles sur un iPad qu’elles sont faciles à faire avec celui-lui. Les outils de création dans la plupart des domaines de l’art et du design sont très différents des outils de diffusion. Essayez d’utiliser Photoshop, Illustrator ou encore 3D Studio sur une tablette. Essayez de faire une sélection pixel par pixel, d’utiliser des calques, de faire des ajustements précis. L’écran n’est tout simplement pas assez grand pour ce genre de travail. C’est un appareil que l’on tient à la main, pas un outil de travail. Les tablettes sont rares dans le monde du travail où l’écriture demeure nécessaire. La maîtrise du clavier et les compétences sur d’autres appareils dont vous pouvez avoir besoin dans la vraie vie ont peu de chances d’être acquises grâce à l’iPad.

3. L’informatique, les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), la programmation

Peu importe le but de l’apprentissage de l’informatique, de la programmation ou des technologies de l’information à l’école, je ne pense pas que l’iPad ou les tablettes soient appropriés. Apprendre à manipuler un tableur sur un iPad est pénible. Vouloir apprendre à programmer avec, ridicule. Quelle personne sensée voudrait utiliser une interface tactile pour programmer, ce qui implique beaucoup d’écritures détaillées, supprimant, ajoutant des lignes, aussi bien que dans un environnement plus ouvert ?

4. Un appareil de consommation, pas d’apprentissage

Par-dessus tout, un iPad est un outil de consommateur, fait pour lire et pas pour écrire. Il a un rôle à jouer dans les apprentissages, particulièrement au niveau pré-scolaire pour les tout-petits, mais au-delà, il n’y a pas d’argument sérieux pour justifier un investissement de grande ampleur dans ce genre de matériel. La meilleure preuve en est que quand les élèves ou les étudiants s’équipent en informatique, ils n’achètent pas de tablettes. Ils achètent des ordinateurs de bureau, des netbooks ou des ordinateurs portables.

5. Inadéquation avec les besoins des enseignants

Il y a l’exemple d’une école qui avait échangé ses ordinateurs portables contre des tablettes, et qui souhaite aujourd’hui faire machine arrière. « La salle des profs se lamente », car les problèmes pédagogiques sont évidents. D’un point de vue technique, les enseignants ont vécu cela comme un cauchemar. La plupart des enseignants et le matériel pédagogique qu’ils utilisent s’appuient sur Word et PowerPoint, et l’utilisation de tablettes a entraîné des problèmes d’incompatibilité. Certains professeurs ont dû faire héberger leur contenu à l’extérieur de l’établissement, ce qui a posé des problèmes d’accès aux ressources. Il y a également des problèmes d’affichage avec l’écran au format 4:3 des iPad, des problèmes d’accès à Internet au travers des proxy. Mais le principal problème reste la capacité de stockage et le manque de ports USB. Cela implique l’utilisation de procédures plus complexes, comme par exemple l’usage de DropBox et de tous les problèmes afférents. Les tablettes ne sont pas des outils adaptés aux enseignants. Sans une véritable connaissance des logiciels et des besoins des enseignants, il n’y a aucune plus-value pour les apprenants.

1 Comment

  1. Aurélie

    La pédagogie du doigt dans l’oeil ?
    Autant je vois un réel intérêt dans les tableaux numériques car vraiment pédagogiques autant je ne vois pas très bien ce que des tablettes peuvent apporter vraiment de plus. Je ne pense pas qu’il faille se “soumettre” à la technologie pour tout et n’importe quoi.

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